La question peut se poser dès lors que l’on regarde, non plus seulement la quantité d’annonces publiées sur un jobboard, mais la nature de ces offres. Monster, Careerbuilder, Keljob, Cadresonline, Cadremploi ou encore l’Apec, tous proposent les mêmes « opportunités ». Le succès des jobboards généralistes tient-il plus de la qualité de leur contenu que de leurs coups de pub ?
6 jobboards, 1 seul contenu
Tous les jobboards ont leur rubrique « Employeurs à la Une », que celle-ci soit intitulée comme telle ou « Ils recrutent » ou encore « Les recruteurs du moment ». Peu importe le nom de cette rubrique qui apparaît donc en première page des sites emploi, il s’agit d’une prestation payante pour les entreprises. Ce mois-ci, l’employeur à la Une de l’APEC, c’est EDF. Mais le producteur d’électricité fait aussi campagne sur Monster. Et s’il n’est pas le recruteur du moment sur les autres sites, ses offres d’emploi y sont également publiées. Sur Keljob, par le biais de Randstad, sur Careerbuilder, Régionsjob et Cadresonline, à chaque fois, les mêmes annonces : de l’ingénieur de projet au chargé d’affaires.
Un autre exemple, celui de Décathlon, employeur à la une de Cadremploi et Cadresonline qui, rappelons-le, font partie du même groupe, recherche de nouveaux responsables de rayons. Le géant du sport s’affiche aussi sur tous les autres jobboards pour les mêmes postes d’ingénieur d’exploitation, de magasinier ou de responsable administratif et financier. Les rares différences sont liées au statut du poste. L’annonce de vendeur sportif, par exemple, ne paraît pas sur les sites dédiés aux cadres.
Au risque de faire preuve, comme le font les jobboards, de redondance, notons qu’aucune spécificité n’est à signaler du côté des cabinets de recrutement et/ou d’intérim. Le constat est le même que pour les entreprises : Adecco, Michael Page et ses filiales, Randstad, Aura, tous publient les mêmes annonces sur l’ensemble des sites généralistes.
Le placardage de la même offre, partout sur Internet, a beau avoir peu d’intérêt pour le candidat à l’affût, il est un argument de vente. Invoquant une visibilité maximale, les groupements de jobboards proposent aux recruteurs des publications multi-sites.
Les coups de pub’ optimistes
Pour attirer un maximum de visiteurs, et ainsi séduire davantage de recruteurs, les jobboards généralistes adoptent la « positive attitude ». Tous publient leur baromètre de l’emploi en ligne, un coup de pub’ mensuel. Ce mois-ci, Monster annonce avec enthousiasme : « le marché de l’emploi en ligne confirme la tendance : l’activité reprend cette année ! » Et en temps de crise, le candidat aime entendre qu’il reste des opportunités.
Cadremploi choisit un autre type d’opération séduction, avec sa série de mini-sites « C’est décidé » : jequittemaboite.fr, je chercheunmeilleurjob.fr, jemefaisaugmenter.fr, jemereconvertis.fr, jeteletravail.fr, jesuisvisiblesurleweb.fr, jetravailleal’etranger.fr, jetrouveunjobsolidaire.fr. Sur ces mini-sites aux adresses évocatrices de meilleurs jours, on trouve des témoignages, des conseils, mais pour ce qui est des offres en elles-mêmes, rendez-vous sur le jobboard Cadremploi, où l’on retombera donc, toujours les mêmes annonces.
Keljob opte également pour la communication optimiste : « Pour le 14ème mois consécutif, le Baromètre Keljob enregistre une croissance du nombre d’offres d’emploi sur Internet, avec +24% en avril 2011 » nous dit-on (par rapport à avril 2010). D’après notre suivi, si l’on compare le nombre d’offres en ligne sur ce jobboard entre le début et la fin du mois d’avril, on note malheureusement le contraire : Keljob perd 1300 annonces. Le mois dernier déjà, le site enregistrait une décroissance mensuelle, de plus de 6000 offres cette fois.
En réalité, tous les jobboards de Figaro Classifieds voient diminuer leur nombre d’offres ce mois-ci. Régionsjob suit la tendance. Grand nettoyage de printemps ou baisse concrète des recrutements, peut-on réellement se fier aux baromètres des jobboards pour parler du marché de l’emploi ?
Typhanie BOUJU