Alors que le sujet est défini par les institutions comme la grande cause nationale de l’année, le baromètre Qualisocial 2025 dresse un constat sans appel : la santé mentale des salariés reste fortement fragilisée. Malgré la prise de conscience à l’échelle de la société, les actions concrètes manquent encore d’envergure. Un paradoxe d’autant plus préoccupant dans la mesure où les liens entre qualité de vie, engagement et performance ne sont plus à démontrer.
Alors, quel état des lieux sur la santé mentale des collaborateurs ? Pourquoi une telle inégalité dans la répartition des dispositifs de prévention ? Et en quoi le management de la QVCT peut-il inverser la tendance dans les organisations ? Réponses dans cet article.
25 % des salariés en mauvaise santé mentale
Le baromètre Qualisocial 2025 révèle que 25 % des salariés se déclarent en mauvaise santé mentale. Si le chiffre est stable par rapport à 2024, il n’en est pas pour autant rassurant car il démontre une forme d’ancrage du mal-être. Un phénomène que les entreprises ne parviennent toujours pas à enrayer.
Les plus touchés ? Sans grande surprise : les jeunes femmes, les temps partiels, les aidants ou les salariés en situation de handicap. Une typologie de publics fragilisés et, nous le savons, souvent peu visibles dans les politiques RH.
Parmi les différents facteurs identifiés comme ayant le plus d’impact sur la santé mentale, l’absence de confiance dans l’avenir serait le plus délétère. Un ressenti subjectif, peut-être, mais dont les conséquences sont bien réelles sur le terrain.
Santé mentale, performance et engagement des équipes
Bien entendu, les effets d’une santé mentale dégradée ne s’arrêtent pas aux sphères individuelles. Ils impactent également les capacités cognitives, comme la concentration ou l’énergie au travail. Selon le baromètre, un salarié en bonne santé mentale est 2,4 fois plus concentré que ses collègues en souffrance psychologique.
L’engagement professionnel suit la même logique. Entre un salarié très affecté mentalement et un salarié épanoui, l’écart de dévouement au travail grimpe à 55 %. Des chiffres qui confirment ce que les RH observent de plus en plus : le bien-être est un facteur de performance durable.
Prévention : une promesse encore trop inégale
Si la prévention est identifiée comme un levier essentiel, le baromètre montre qu’elle reste insuffisamment déployée. En effet, près 1 salarié sur 4 bénéficie d’un plan complet de prévention en santé mentale, mais, à l’inverse, plus d’un tiers n’a accès à aucune action dédiée.

Source : Le baromètre Santé mentale et QVCT pour 2025 (Qualisocial & Ipsos)
Un déficit qui concerne en priorité les PME, les organisations en difficulté économique et certains secteurs comme l’enseignement. Pourtant, quand elles sont présentes, les actions de prévention sont plébiscitées et les résultats tangibles puisque 83 % des salariés estiment qu’elles améliorent leur santé mentale.
QVCT : le levier managérial à activer
En parallèle des dispositifs de prévention, la QVCT s’inscrit évidemment comme un facteur clé de santé mentale. Comme vu dans un précédent article, 91 % des salariés jugent d’ailleurs ce sujet prioritaire pour les employeurs. Voir notre article : Comment passer d’une politique curative à une démarche QVCT préventive ?
Mais attention : il ne suffit pas d’en parler. Seules les entreprises qui intègrent la QVCT dans le management en tirent des bénéfices tangibles. Les données du baromètre sont claires : les salariés bénéficiant d’une bonne QVCT sont 64 % plus nombreux à être en bonne santé mentale. Ils sont aussi 45 % plus engagés.
Trois piliers de la QVCT se démarquent comme étant les plus influents sur la santé mentale :
- le sentiment de sécurité physique et psychologique ;
- la qualité des relations de travail ;
- l’organisation des tâches au quotidien.
Ces dimensions ne sont donc pas accessoires. Elles sont même devenues incontournables pour les entreprises qui veulent allier performance, rétention et bien-être.
Plus de maturité RH sur les enjeux de la santé psychologique ?
De fait, le baromètre Qualisocial 2025 confirme une tendance amorcée depuis la crise sanitaire : la santé mentale n’est plus un sujet tabou. Mais les écarts de mise en œuvre montrent aussi que toutes les organisations n’en sont pas au même niveau de maturité.
Les employeurs les plus avancés sont ceux qui abordent la QVCT comme un processus itératif, mesurable et intégré à la culture managériale. Ceux qui continuent à segmenter les sujets (bien-être ici, performance là) peinent à embarquer leurs équipes durablement.
Source(s) documentaire(s) :
Le baromètre santé mentale & QVCT 2025, Qualisocial et Ipsos