Face à un marché de l’emploi tendu, où le délai moyen de recrutement s’allonge (12 semaines en 2024, contre 9 en 2020) et dans un contexte de pénurie des talents qualifiés, une pratique RH innovante émerge : le recrutement circulaire.
Qu’est-ce que le recrutement circulaire ?
Inspiré des pratiques environnementales, le recrutement circulaire consiste à revaloriser des profils non retenus pour un poste en les orientant vers d’autres entreprises en recherche.
Concrètement, via une plateforme dédiée, le recruteur rédige une courte recommandation au candidat éconduit. Enrichi d’un retour objectif et fiable, le profil est ensuite partagé avec d’autres recruteurs. La pratique s’apparente ainsi à une cooptation collaborative et inédite.
Cette méthode s’inscrit dans une logique de valorisation des ressources humaines. Elle permet en effet de capitaliser sur la phase de préqualification, souvent fastidieuse et chronophage. À mesure que l’entonnoir de recrutement se resserre, les écarts entre les exigences du poste et les profils rejetés se révèlent souvent minimes. Indisponibilité temporaire, compétence spécifique manquante ou différence culturelle perçue peuvent suffire à mettre un terme à une candidature.
Pourtant, ces facteurs ne remettent pas en question la qualité intrinsèque du profil. Le recrutement circulaire transforme alors ces « non » de fin de processus en opportunités pour d’autres recruteurs.
Une démarche de recrutement gagnant-gagnant
Au-delà des bénéfices directs pour les entreprises, cette pratique redéfinit les interactions entre recruteurs.
D’un point de vue macro, elle valorise la profession en instaurant un esprit de collaboration et d’entraide, souvent absent dans un contexte présenté comme une « guerre des talents ». Partager un profil avec ses pairs met le travail de sélection réalisé à profit. En retour, chacun bénéficie des recommandations d’autres recruteurs.
Ce système collaboratif favorise une approche réseau : les professionnels échangent sur des critères de confiance mutuelle. La plateforme devient alors un lieu d’interaction, consolidant les relations entre acteurs du recrutement.
En termes de marque employeur, cette méthode permet aux recruteurs d’adopter une posture plus éthique. Plutôt qu’un terme abrupt à une candidature, le recrutement circulaire offre une transition constructive. Décliner un candidat ne signifie plus la fin du processus, mais le début d’une nouvelle opportunité. Cette démarche crée une dynamique positive autour du recrutement. Les recruteurs endossent un rôle de médiateur, et réalignent leur profession sur des principes de responsabilité et de bienveillance.
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Améliorer l’expérience candidat grâce au recrutement circulaire
Pour les candidats, le recrutement circulaire représente une véritable bouffée d’air frais. Trop souvent, les processus de recrutement se terminent sur une note négative. Les postulants sont laissés face à un sentiment d’échec et la nécessité de repartir de zéro.
Ici, la recommandation d’un recruteur change la donne. Non seulement les efforts investis dans la candidature sont revalorisés, mais le candidat bénéficie également d’une chance de se positionner rapidement sur une nouvelle opportunité.
Ce gain de temps est particulièrement précieux dans un marché où les cycles de recherche d’emploi s’allongent. Mais au-delà de l’aspect pratique, c’est la confiance du candidat qui en sort renforcée.
Être recommandé par un recruteur équivaut à une validation de potentiel. Cette reconnaissance favorise une perception plus positive du processus de recrutement, réduisant l’anxiété liée aux refus et renforçant l’engagement des candidats.
Une gestion des talents repensée au profit de la stratégie RSE
À une échelle plus large, le recrutement circulaire s’inscrit pleinement dans une démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Alors que le volet social de la stratégie RSE est souvent perçu comme le plus complexe à mettre en œuvre, cette pratique ouvre de nouvelles possibilités. Elle apporte une réponse systémique à des enjeux de durabilité et d’équité dans le recrutement. Les ressources humaines ne sont plus cantonnées à des problématiques de diversité et d’inclusion.
Partager des profils entre recruteurs optimise les ressources investies dans le processus de sélection. Cette approche s’apparente à un recyclage intelligent : chaque compétence trouve une chance de se valoriser dans un nouvel environnement. En favorisant cette réutilisation des profils, les entreprises participent à une meilleure allocation des talents qualifiés sur le marché, tout en renforçant leur image d’acteurs responsables.
Cette initiative répond également à des attentes croissantes du côté des parties prenantes. Et ce, qu’il s’agisse des collaborateurs, des candidats ou même des clients. Car montrer que l’entreprise s’engage à offrir une deuxième chance à des profils non retenus renforce la crédibilité. De fait, l’organisation est légitimement perçue comme une actrice soucieuse des enjeux humains.
Recrutement circulaire : un avenir prometteur pour les RH
Le recrutement circulaire incarne une vision novatrice du marché de l’emploi. La pratique redéfinit les interactions entre recruteurs et candidats, et ouvre la voie à un modèle plus équitable. À l’heure où les entreprises cherchent à se démarquer tout en répondant aux défis sociaux et environnementaux (green RH), le recrutement circulaire offre une opportunité unique de concilier performance et responsabilité. Une révolution qui, loin d’être anecdotique, pourrait bien redessiner les contours du métier de recruteur.
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