Vous l’avez loupée sur LinkedIn ?
Diane Rakotonanahary est psychologue du travail et consultante en santé au travail. Elle est spécialisée dans la Qualité et les Conditions de Vie au Travail (QVCT).
Top Voice 2022 sur LinkedIn, elle y raconte le quotidien de son métier sous l’angle QVCT et rappelle l’importance de l’accompagnement des managers et de la prévention des RPS en entreprise.
Nous avons passé 20 minutes avec Diane pour comprendre qui elle est.
Si plus de 19 792 abonnés suivent Diane Rakotonanahary sur LinkedIn, ce n’est peut-être pas par hasard.
Diane, quel est ton parcours ? 🎓💼
Depuis mon adolescence, je souhaite travailler dans le champ de la santé.
En 2005, j’ai entamé un DESS : un parcours en sociologie de la santé. À l’issue de mes études, j’ai longtemps travaillé dans le domaine de la santé publique avec un psychiatre dans un centre dédié aux collaborateurs. Puis, j’ai travaillé dans un organisme de protection sociale et plus précisément sur l’organisation des soins en milieu rural. Par la suite, j’ai travaillé dans des agences régionales de santé avant de quitter ce champ-là pour rejoindre celui de l’action sociale où mon rôle consistait, entre autres, à prendre en charge les personnes âgées.
C’était très différent du champ de la santé auquel j’étais habituée. J’ai été confrontée à un manque de sens dans mon travail et j’ai fait un burn-out. En arrêt de travail, j’ai commencé à réfléchir sur la façon dont je pourrais à nouveau donner du sens au travail. J’ai repris mes études en psychologie et je me suis spécialisée en psychologie du travail.
À cette occasion, je me suis rendue compte du manque d’accompagnement des managers. D’autant plus que je l’ai moi-même été par le passé et que je manquais également d’accompagnement.
« J’étais mal préparée et mes équipes aussi en ont pâti. Or, les managers ont toujours besoin d’accompagnement : ils sont souvent pris entre le marteau et l’enclume. »
Qu’est-ce que tu apportes à la fonction RH ? 👊
À ce jour, j’accompagne les professionnels des ressources humaines sur ce que je considère être plus une thématique qu’une problématique : la qualité de vie au travail. Mon rôle est de mener un travail de sensibilisation quant à l’importance du bien-être des salariés. Il faut que l’on investisse davantage dans cette thématique.
Si je ne crois pas fondamentalement au « bonheur au travail », je pars du principe que des salariés épanouis seront plus motivés, plus engagés, dans une logique gagnant-gagnant, d’autant plus que l’on passe en moyenne 40 heures au travail.
Ensuite, je fais une synthèse qui contient des pistes d’actions à mettre en place, que je remets à la direction des entreprises. Mais je ne m’arrête pas là : nous nous revoyons 3 à 6 mois après, pour faire le point, avec le but d’avoir des objectifs quantifiés. Car même si le bien-être au travail ne se mesure pas dans l’absolu, il y a des indicateurs objectivables tels que le taux de turnover ou le taux d’absentéisme par exemple.
J’ajouterais que je suis très contente de constater que certaines start-up investissent dans la prévention primaire afin d’éviter que des situations problématiques se produisent. J’interviens souvent dans la prévention secondaire, mais aussi parfois dans la prévention tertiaire : par exemple, lorsqu’un salarié revient d’arrêt maladie, il s’agit de l’accompagner pour éviter une rechute.
Quels sont les grands défis RH ? 🦸🏻♂️🦸🦸🏾♀️
À mon sens, il faut non seulement soigner le travail mais aussi prendre soin du travailleur.
Soigner le travail, c’est aider les collaborateurs à savoir pourquoi ils vont travailler. On ne se rend pas au travail pour faire du baby foot. L’idée, c’est d’y obtenir du sens. Lorsque l’on confie une mission à un collaborateur, il faut lui expliquer pourquoi, en quoi cela a du sens. Mais cela va même plus loin. Lorsqu’une entreprise décide de recruter un adjoint pour pallier les difficultés qu’elle rencontre, ce recrutement n’aura peut-être pas de sens pour les employés. Il faut leur expliquer en quoi ce recrutement sera bénéfique pour l’organisation, et pourquoi, quelle est la plus-value qu’une nouvelle recrue pourra avoir pour les collaborateurs.
Mais il faut aussi prendre soin du faut prendre soin du travailleur. Comment ? En lui donnant un travail en lien avec ses compétences, en lui donnant des signes de reconnaissance — car le manque de reconnaissance au travail affecte aussi la santé des salariés —, en créant un climat de travail favorable, des moments de convivialité, des temps d’échanges formels ou informels, et ne pas se contenter d’un team building une fois tous les trois mois.
Au-delà de la gestion du personnel, les professionnels des ressources humaines ont ce défi de prendre soin du travail et du travailleur, en l’aidant notamment à se former et à sortir de l’entreprise.
Aussi, puisque je traite également la question du traumatisme en entreprise dans mon métier (ex. suicide au travail, agression, etc.), j’aimerais également faire passer un message aux professionnels des ressources humaines et qui a trait à mon métier :
Le secret de ta visibilité sur LinkedIn ? 🧙♂️🪄
J’essaie, dans la mesure du possible, de publier 2 fois par semaine sur des thématiques liées au monde du travail ou à la psychologie du travail.
Mais j’observe aussi qu’il y a peut être un côté narcissique à la pratique de LinkedIn, avec un risque d’addiction ou de dépendance au like.
Parfois, certaines publications fonctionnent moins bien que d’autres. Pour moi, LinkedIn reste relativement mystérieux du point de vue de ce qui fait la performance d’un post.
Tu es : workaholic ou work-life balance ? 🔥
Me concernant, je ne suis pas du tout quelqu’un de workaholic.
Mais je dirais même que je ne sais pas trop ce que c’est personnellement. Je sais que lorsqu’on aime notre métier et qu’on travaille beaucoup, ce n’est pas du workaholisme.
Me concernant, bien que j’aime mon métier, je tiens aux limites et à l’équilibre des temps de vie. Ma vie privée est importante, d’autant plus que je suis maman. Je travaille 3 jours et-demi par semaine et je tiens à conserver cet équilibre.
En revanche, j’observe que le travail vient quelques fois prendre le pas sur ma vie privée. Et c’est précisément ce que je trouve difficile.
« Mêler sa vie professionnelle à sa vie personnelle, c’est le risque, lorsque l’on est indépendant. À plus forte raison lorsqu’il y a un enjeu de survie financière : quand je sais que je risque d’avoir des sollicitations importantes, je tâche de répondre, même en dehors de mes heures de travail. »