Bonjour à tous, je suis heureux de vous retrouver pour ce nouveau numéro de… La phrase nous projette davantage devant le Journal de 13h qu’en situation de formation. Et pourtant. Les ficelles de la télévision sont de plus utilisées dans le e-learning : un générique entraînant, des reportages, des interviews, un présentateur, voir même des dessins-animés (des films d’animation).
La training TV "Anti-blanchiment" du groupe Crédit Coopératif (1), le e-learning d’Accordia sur la diversité (2), l’émission « En direct de la rédaction » et le JT de Comptalia (3)… Non, vous ne venez pas d’ouvrir un programme télé, mais un programme de formation. L’apprenant devient un téléspectateur, le formateur un présentateur. Vous êtes en train d’apprendre, et vous ne vous en apercevez même pas.
Ne pas avoir l’impression d’apprendre
Au-delà de l’outil « écran », la télé et le e-learning se rejoignent en bien des points. La possibilité d’interagir, par exemple. Aussi utile pour l’audience de l’une que pour l’efficacité de l’autre. Le téléspectateur est invité à envoyer des SMS pour voter en faveur de son candidat favori, à faire des commentaires qui seront diffusés en direct ; l’apprenant à passer d’une séquence à l’autre, à faire des mini-jeux. Objectif : ne pas laisser le téléspectateur ou l’apprenant en situation passive et créer un sentiment de fidélité. Le téléspectateur retourne sur la même chaîne, l’apprenant à sa formation. Il aménage son temps en fonction de son rythme. La formation devient un geste volontaire.
Pour être plus efficace, le e-learning est souvent doublé de modules en présentiel (blended learning). Pour sa solution e-diversité, Accordia mise tout sur le virtuel et surtout le plurimedia. La trame se déroule sur un plateau télé, avec des invités, des témoignages, des reportages. Ces modules nous plongent dans leur vie quotidienne, leur passé. On est loin du ton pseudo-nostalgique et hyper-émotionnel de Bataille et Fontaine mais le principe est le même : un avant et un après. L’apprenant est invité à observer sa propre évolution
Tout ceci est bien plus ludique que la lecture d’un pavé austère. Mais bien sûr, il y a les détracteurs, les anti-télé. C’est ici que transparait le bon vieux débat sur la télévision : outil d’éducation ou d’abêtissement ? Voir même de fausse information, s’alarment certains. Si la télé n’apparaît pas aux Français comme le media le plus « crédible » – elle n’arrive qu’en troisième position, derrière la radio et la presse écrite, mais devant Internet -, elle reste le premier créneau d’information. C’est ce que nous apprend la dernière enquête annuelle La Croix/TNS Sofres. Utiliser les rouages addictifs de la télé dans le e-learning apparaît ainsi comme une valeur sûre.
Sortir du cadre du travail
Evoluer dans l’entreprise, dans la hiérarchie, gagner en responsabilité, tout simplement gagner plus : autant de raisons qui donnent envie d’entrer en formation. Mais dès qu’il s’agit de cours du soir, la motivation retombe. « Nous recherchions une manière de faire passer la pédagogie en dehors du lieu de travail. Nous voulions sortir de l’entreprise, accorder une plus grande liberté de parole », explique Pete Stone, créateur de la solution Accordia et fondateur de Just Different, cabinet de conseil et de formation à la diversité. C’est ainsi que les concepteurs en sont venus à la solution du e-learning, façon télé-réalité. Il s’agissait de « trouver une réalité de discours, de montrer des situations réelles, quotidiennes, de passer au travers des filtres du lieu de travail », poursuit Pete Stone. La télé permet cette percée dans le quotidien, le vrai, aux antipodes de la stratégie Loft Story qui consiste à choisir des personnages et à les mettre en scène selon un scénario. « Tout le monde sait que la télé réalité montre une réalité qui n’en est pas une », ajoute le créateur de e-diversité, avant de préciser « Nos situations ne sont pas montées de toute pièce ». Elles sont tout simplement plausibles et possibles et permettent à l’apprenant de s’identifier.
La télé séduit, la télé est proche de nous. Les concepteurs de e-learning l’ont bien compris et exploitent ce nouveau filon… pas si nouveau que ca. Nous restons des enfants de la télé, même à l’heure d’Internet.
Typhanie Bouju