Après la votation de l’index senior et du CDI senior, le Sénat vote officiellement la retraite à 64 ans. Dans la nuit d’hier, mercredi 8 mars à aujourd’hui jeudi 09 mars, le Sénat a adopté un article phare de la réforme des retraites, prévoyant en effet le report de l’âge légal à la retraite de 62 à 64 ans. Un texte approuvé avec 201 voix pour et 115 contre sur 345 votants.
Explications.
Malgré des débats houleux, le Sénat vote la retraite à 64 ans
A 22h30 hier soir, une trentaine d’amendements restait aux élus, désapprouvée par les sénateurs de la gauche. Les discussions sur l’article 7 ont débuté vers minuit avec des explications de vote qui ont été réduites à un orateur par groupe de débat. Le Sénat vote finalement la retraite à 64 ans. Un vote qui a officiellement eu lieu à 00h10, avec un article approuvé par 201 voix composées de la droite et de la majorité présidentielle, opposées aux 115 voix contre.
Elisabeth Borne félicite dans un tweet l’issue des débats au Sénat sur l’âge de départ à la retraite : « Je me réjouis que les débats aient permis de parvenir à ce vote », a-t-elle exprimé sur le réseau social. Au grand désarroi de la gauche, qui a pu s’indigner d’un « coup de force » et d’un bâclage des débats. La socialiste Monique Lubin, quant à elle, s’est indignée auprès du ministre du Travail Olivier Dussopt : « Votre nom restera à jamais attaché à une réforme qui fera revenir presque 40 ans en arrière », déplore-t-elle. Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR a fustigé une « obstruction » de la gauche.
La majorité sénatoriale a invoqué l’article 38 du règlement afin de limiter les débats et les accélérer, devant ladite obstruction de la gauche. Un article qui a enflammé les discussions, d’autant que c’est la première fois qu’il est invoqué depuis son entrée en vigueur en 2015, rappelait Le Point. Un nouveau recours avait donc eu lieu mercredi à la « clôture des débats » ainsi que le prévoit l’article 38 du règlement, proposé par le sénateur Bruno Retailleau sur un amendement socialiste se voulant en faveur des femmes. Ce dernier a provoqué la colère de la sénatrice française Laurence Rossignol, ce 8 mars dernier, journée internationale pour les droits des femmes : « Ce n’est pas nous que vous humiliez, c’est les femmes, toutes les femmes », s’est-elle exclamée. Alors que le Sénat adopte officiellement l’âge de départ à la retraite à 64 ans, la politique de gauche dénonce une censure devant l’invocation inédite de l’article 38 du règlement sénatorial.
Le Sénat ayant appliqué un article du règlement visant à limiter le nombre d’explications de vote sur le texte, la gauche a formulé des demandes répétées de scrutins publics portant sur les amendements. Mais comme l’indiquait Le Monde dans un article récent, « La tension est nettement retombée en soirée, sous la présidence de Gérard Larcher » (Président du Sénat).
Un climat politique et social sous tension
Tandis que les représentants syndicaux demandaient à être reçus depuis ce début de semaine par Emmanuel Macron, au sujet de l’importance de la contestation sociale en France face à l’âge de départ à la retraite à 64 ans malgré la votation du Sénat rendue officielle désormais, Elisabeth Borne et son gouvernement leur ont opposé une « fin de non-recevoir », comme l’indiquait Le Monde. Elle a ainsi expliqué que si les organisations syndicales souhaitent évoquer des questions particulières, la porte restait ouverte du côté du ministre du Travail.
Du côté Républicains (LR), la réforme suscite toujours des tensions, d’autant que le mouvement social contre la réforme des retraites se poursuit depuis la grande mobilisation dans la rue hier, au sein de plusieurs secteurs (raffinerie, énergie, transports) ayant reconduit la grève. Alors que le Sénat adopte la retraite à 64 ans, « Partout en France, la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars a été placée sous le signe des retraites et des inégalités salariales entre femmes et hommes », informait Le Monde. Selon la Préfecture de police, cette mobilisation aurait rassemblé pas moins de 15 000 personnes sur Paris.
Tandis que les grèves et les mobilisations sociales battent leur plein en France et que le Sénat vote la retraite à 64 ans dans un climat sous tension, les discussions à la chambre haute doivent reprendre ce jeudi 09 mars. Le Monde indique notamment que le débat devra reprendre sur un amendement sujet à polémique de Bruno Retailleau « pour que l’extinction progressive des régimes spéciaux, votée à l’article 2 », s’applique aux collaborateurs déjà en poste.
Une course contre la montre ? Le Sénat ne dispose que de 15 jours pour débattre et fait montre de son intention de réussir à adopter l’ensemble des composantes de ce texte avant ce dimanche 12 mars, qui arrive à grands pas. Si le Sénat approuve la retraite à 64 ans, l’affaire reste à suivre néanmoins – notamment pour la fonction RH, à l’heure où le bien-être des salariés et la QVCT demeurent des préoccupations phares.