Le 5 avril dernier, l’Observatoire Cegos rendait public les résultats de son enquête portant sur « la formation professionnelle en Europe ». Plus de 500 salariés et près de 100 DRH ont été interrogés en France, Allemagne, Espagne, Italie, Hollande et Royaume-Uni. Objectif ? Mieux comprendre les pratiques et les attentes mais aussi les motivations des salariés en matière de formation professionnelle. Et les résultats sont parfois surprenants…
Les européens sont-ils satisfaits des formations dont ils bénéficient au sein de leur entreprise ? Ils sont 93 % à le déclarer même si certains semblent plus satisfaits que d’autres. C’est notamment le cas des Britanniques, dont plus de la moitié des salariés interrogés affirme être « très satisfait ». Contrairement, aux Français qui se situent dans la moyenne. « Cet écart s’explique notamment par le fait que nos voisins outre-manche sont davantage impliqués dans leurs projets de formation », souligne Mathilde Bourdat, Responsable de l’offre Management de la formation chez Cegos.
Dans la plupart des cas et ce quel que soit le pays, les formations sont en général jugées utiles et adaptées par les salariés qui déclarent que les dispositifs mis en œuvre par leur entreprise sont : efficaces pour identifier les compétences nécessaires (74 %), les aider à comprendre l’évolution des métiers de l’entreprise (70 %) ou encore définir leurs besoins en matière de formation (67 %). L’enquête Cegos révèle aussi, que près d’un quart des salariés européens jugent les formations utiles pour acquérir des connaissances et près de 40 % affirment que le contenu est adapté à leurs attentes.
Motivations des salariés & Perceptions des DRH
Mais quelles sont les sources de motivations des salariés qui entreprennent une formation ? Quand on sait que près d’un quart des demandes de formation sont le fruit d’une démarche personnelle, il n’est pas surprenant de constater que plus de deux tiers des salariés place sur la première marche du podium : l’épanouissement sur le plan professionnel et personnel. Pourtant, une grande majorité des DRH interrogés pensent que les salariés se forment avant tout dans l’optique d’obtenir une promotion (64 %) ou d’augmenter leurs revenus (58 %). Il y aurait donc un écart entre la perception des DRH et les véritables motivations des salariés. En effet, seulement 46 % des salariés entreprennent une formation avec l’idée de pouvoir bénéficier d’une augmentation de leurs revenus. « La plupart des salariés font une formation en vue de progresser professionnellement et de mieux accomplir leur travail », réaffirme Mathilde Bourdat avant d’ajouter, « il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de malentendu sur les motivations des salariés afin que l’utilisation des dispositifs d’accès à la formation soit efficiente ». En France, l’écart de perceptions entre salariés et DRH est tout aussi remarquable. 67 % des salariés français déclarent entreprendre une formation pour s’épanouir professionnellement quand 69 % des DRH pensent que ces derniers le font uniquement pour obtenir une promotion.
L’implication de l’entreprise en matière de formation
En matière de formation, il y a bien encore une question en suspend. Comment l’entreprise s’implique-t-elle dans la mise en place et le suivi des dispositifs de formation de ses salariés ? Les français et les néerlandais se positionnent comme les moins enthousiastes contrairement aux britanniques et aux italiens qui jugent à 78 % que leur entreprise identifie correctement les compétences dont ils ont besoin, contre à peine 60 % pour les français. A noter que seulement un tiers des salariés interrogés déclare avoir le soutien de son manager pour la mise en œuvre des acquis. En tête du classement des plus satisfaits, on retrouve à nouveau les britanniques (48 %) à égalité avec les italiens suivis par les français (43 %). Quant au suivi dit « post formation », il est loin d’être systématique. Moins d’une entreprise sur trois évalue systématiquement la mise en application de la formation.
Enfin dernier éclairage : 63 % des salariés européens considère que l’accès à la formation s’est amélioré ces dernières années. Pourtant, il existe encore une large part de salariés qui n’y ont pas accès. Dans son enquête, l’Observatoire Cegos a également interrogé les salariés non-bénéficiaires de formation. Il leur a été demandé les raisons pour lesquelles ils pensaient ne pas avoir eu accès à la formation : 19 % ont répondu qu’il n’y avait de formation dans leur entreprise et 21 % qu’ils ne savaient pas.
Comment l’accès à la formation va-t-il évoluer dans les prochaines années ? Il semblerait que les DRH européens souhaitent focaliser leurs investissements en formation, principalement sur les jeunes et plus particulièrement ceux dotés d’un haut potentiel. En France, 33 % des DRH envisagent d’augmenter les formations dédiées aux talents. Former les personnes dont le taux d’employabilité est menacé n’arrive qu’au dernier rang des actions prioritaires (28 % des DRH). « Ce sont pourtant souvent les personnes les moins diplômées qui ont le plus besoin d’un accès à la formation continue », conclut Mathilde Bourdat.
Emilie Vidaud
Pour aller plus loin à propos de la formation : zoom sur la formation qualifiante