En lançant ses forfaits low-cost, Free a d’ores et déjà modifié le paysage de la téléphonie mobile. Hors des économies qu’impliquent ses offres pour les consommateurs, les formules d’abonnement de l’opérateur devraient coûter cher aux salariés du secteur : de 5 000 à 10 000 emplois pourraient être supprimés.
Le 10 janvier dernier, Xavier Niel, le PDG de Free annonçait « la révolution de la téléphonie mobile ». En présentant lors d’une conférence de presse, son offre défiant toute concurrence, l’opérateur cassait les prix du marché et obligeait par la même les autres acteurs des télécoms à revoir leurs tarifs. Depuis, Free qui compte près de 3 millions d’abonnés, selon Numéricable, ne cesse de faire des vagues. Problèmes techniques, de couverture du réseau… La dernière polémique en date provient de Jean-Ludovic Silicani, le Président de l’Arcep (l’Autorité des Régulations des Communication Electroniques et des Postes) qui déclarait fin mars, selon des études d’analystes, « qu’entre 5 000 et 10 000 emplois pourraient être supprimés suite à l’arrivée de Free Mobile ».
Sur un effectif total estimé à 150 000 salariés, 3 à 6 % des emplois des télécoms seraient donc menacés de disparaître d’ici un ou deux ans. Cependant ces chiffres, certes saisissant, ne prennent pas en compte les éventuels postes que Free pourrait créer avec sa nouvelle offre de service. Reste que les premiers concernés par cette suppression d’effectifs seraient ses concurrents directs qui, contraints de revoir leurs prix à la baisse devraient en tirer les conséquences qui s’imposent. « Si les ventes et les marges des opérateurs continuent de baisser, ils devront tailler dans leurs dépenses », a ainsi expliqué le Président de l’autorité des télécoms.
SFR prévoit le gel des recrutements en CDI et des non-renouvellements de CDD
Si aucun licenciement n’est jusqu’à maintenant évoqué par les grands groupes, il n’en demeure pas moins que certains postes et contrats ne devraient pas être reconduits. « Si l’on estime dans le secteur à 3 % des effectifs globaux le nombre de départs annuel à la retraite, cela fait 6 % sur deux ans, soit 10 000 emplois. Aussi, si les opérateurs décident de réduire leurs effectifs, ils peuvent le faire sans licenciement en deux ans » estime Jean-Ludovic Silicani. De son côté, le groupe SFR qui a perdu 200 000 abonnés depuis l’arrivée de Free Mobile vient de présenter des mesures d’urgence aux représentants de son personnel. Elles prévoient le gel des recrutements en CDI et des non-renouvellements de CDD et de contrats d’intérim.
De plus, « le recours aux prestataires – plus de 3700 équivalents temps plein en 2011 – va être revu à la baisse » a indiqué la CGT du groupe. Une initiative qui ne serait que l’introduction d’un plan de réorganisation qui devrait être présenté d’ici l’été révèle l’agence Reuters qui ajoute avoir eu connaissance d’un document interne ou serait mentionné que « SFR souhaite se donner du temps afin d’analyser posément les conséquences du bouleversement du marché ». Face à cette nouvelle donne, les autres opérateurs réagissent également. Pour preuve Bouygues Télécom qui a enregistré 525 000 résiliations d’abonnés entre le 31 décembre 2011 et le 15 février 2012 a récemment évoqué « un plan d’économies de 300 millions d’euros ». Quant à Orange, les actionnaires salariés du groupe viennent tout juste d’annoncer leur attention de réduire d’un tiers – de 1,40 € à 1€ – le dividende de France Télécom afin de renflouer ses caisses. Objectif affiché : soulager ses comptes qui souffrent déjà du développement des forfaits Free Mobile.
Gerald Dudouet