Qu’est-ce que l’open data ? Il s’agit de la mise à disposition de données qui était réservées traditionnellement à des spécialistes. Sémantiquement, il s’agit non pas de l’ouverture des données, qui sont données et donc fermées au changement, mais de l’ouverture de l’accès aux données. Qu’est-ce que cela peut apporter à l’entreprise et tout particulièrement à la formation ? L’open data est une externalité. Elle crée des opportunités nouvelles pour les usagers. Par exemple, l’ouverture des données sur les vélib a permis une application sur Smartphone en temps réel pour savoir où sont les vélib disponibles, l’administration ne peut pas réaliser toutes les applications, il ne reste donc qu’à faire, just do it, pour les développeurs. La Commission Européenne, estimait qu’en 2006, l’open data générait 27 milliards d’euros. Qu’en est-il ?
L’information est partout, et tout finira par être information (Chris Anderson et la théorie de la longue traine), donc encore plus d’information. Alors qu’est-ce que l’open data peut apporter hormis un engorgement accru de l’information ? L’open data permet de poser un problème qui ne lui est pas propre, le traitement du flot d’information. Il s’agit tout à la fois d’une posture de liberté et d’une solution orchestrée. Et pour montrer l’importance du sujet, le gouvernement ouvre la voie, et crée Etalab (le 21 février 2011) sur le modèle américain de Recovery (www.recovery.gouv) où le gouvernement met à disposition l’ensemble des statistiques publiques. Un usager peut ainsi savoir très précisément combien une mesure gouvernementale peut rapporter à sa ville et même à son quartier. L’open data est souvent synonyme de démocratie car chacun peut contrôler au centime près les dépenses publiques. Le peuple (surtout d’informaticiens) peut contrôler. Bien évidemment certaines données, personnelles et fiscales par exemple restent protégées par les textes de lois. La transparence n’est pas un droit opposable. Qu’est-ce que cela change pour l’entreprise ? S’agirait-il d’introduire la transparence dans l’entreprise au moment où l’intelligence économique se développe ? Assurément non, mais cela permet autre chose : en donnant l’accès à l’information l’entreprise favorise des usages nouveaux auquel elle n’avait pas spontanément pensé.
Et la formation dans tout ça ? Elle serait impactée à deux niveaux.Avec l’ouverture des données, de nouvelles corrélations peuvent avoir lieu. Imaginons une formation commerciale, il n’est jamais facile, faute d’avoir accès aux données d’en connaitre l’impact. Une fois libérées, les données peuvent être travaillées, et l’on pourrait par exemple comparer en temps réel, les performances de ceux qui ont suivi la formation et des autres, il est à espérer que le groupe formé soit au moins aussi efficace que l’autre, en moyenne ou en marge… et si ce n’était pas le cas, il suffit de rechercher des explications statistiques. L’information est source d’un savoir nouveau à la portée des foules intelligentes.
Il ne s’agit pourtant pas de faire du responsable de formation un statisticien de la chose formative. Mais de stimuler le travail autour de l’information pour en temps réel construire des modèles opératoires, et développer ainsi la trouvabilité de la donnée. Horizontaliser la donnée permet à chacun, s’il le désire de travailler autour d’une intuition et de valider sa démarche sans avoir à en référer à qui de droit. Cela est un changement culturelle qui est à construire, engager chacun à devenir un journaliste du savoir, un enquêteur de l’information. Si dans l’idée, il s’agit bien de donner la liberté de l’information à tous, au final trop de liberté tue la liberté, s’il n’y a pas une animation, des hots spots de la connaissance pour mettre en valeur et stimuler l’esprit d’aventure. Au final, le pilotage de l’open data est nécessaire pour que l’entreprise transforme une opportunité en réalité. Il s’agit de construire la formation de l’information pour faire vivre l’information de la formation… un beau chantier qui nécessite bien des données.
Stéphane DIEBOLD