En février, Elisabeth Borne a constaté sur France Info que les 2e et 3e trimestres 2020 avaient enregistré une baisse de 20% des entrées en stage. En effet, les possibilités de stage en entreprise pendant la crise sanitaire se raréfient. De leur côté, les entreprises où le télétravail est encouragé éprouvent des difficultés à intégrer un stagiaire à distance. Ceci amplifie les craintes d’une éventuelle dévaluation des diplômes et formations décrochés pendant la crise sanitaire. Les entreprises peuvent contribuer à soutenir l’emploi de jeunes pénalisés par les conséquences de la crise sanitaire.
Le paradoxe du stage en entreprise pendant la crise sanitaire
Le 11 février dernier, Élisabeth Borne confiait sur France Info que le ministère de l’Enseignement supérieur réfléchissait à soulager l’obligation d’obtenir un stage en entreprise pendant la crise sanitaire. Le report des dates permettrait aux stagiaires d’effectuer ce passage crucial vers le monde du travail à une période et dans un environnement plus propices.
« Je dis aux entreprises : continuez à accueillir des stagiaires et dans le même temps, il faut aussi assouplir les règles sur les stages obligatoires, prévus dans le cadre des diplômes, pour que ces stages se fassent à un moment où la situation sanitaire et économique sera meilleure. »
Alors que toute une génération craint déjà la dévalorisation de leur diplôme, suite aux modalités d’enseignement modifiées, ou encore des scandales de fraude à l’apprentissage, l’impossibilité de décrocher un stage en entreprise pendant la crise sanitaire ajoute un poids supplémentaire. La difficulté d’obtention d’un stage impacte directement l’accès au monde du travail pour les étudiants ou jeunes diplômés dont les conditions de vie, notamment financières, ont déjà été chamboulées par la crise sanitaire. Le stage en entreprise pendant la crise sanitaire permettrait tout de même d’entrer dans le secteur de leur souhait et d’accéder à une rémunération. Cela revient aussi à préparer la sortie de crise en s’équipant de compétences clés pour évoluer vers un CDD ou un CDI. Compléter leur parcours par une première expérience dans le marché du travail est une nécessité pour cette génération.
Malheureusement l’apprentissage à distance des métiers techniques, comme certains métiers de la mode ou dans les secteurs de l’ingénierie et du BTP, présente un véritable défi pour les étudiants en stage pendant la crise sanitaire. Dans ces secteurs où le métier rentre par la pratique intensive de gestes au sein d’un environnement particulier, les étudiants en fin de cursus ou jeunes diplômés souffrent d’un manque de contact avec des professionnels aguerris. Le mode distanciel dispensé par des professionnels peu ou pas du tout formés à la formation en ligne contribue peu, ou pas, à soulager ces difficultés. Un report des entrées en stage est donc logique, même s’il est possible qu’il retarde la validation des diplômes et donc l’accès à une rémunération pour les étudiants en fin de cursus ou jeunes diplômés.
La plateforme 1jeune1solution soutient les jeunes diplômés
La nouvelle plateforme dédiée au plan 1jeune1solution lancée ce mois-ci affichait 30 000 stages lors de son lancement et une liste d’aides financières dédiées aux étudiants. Le site recense également des propositions d’insertion vers l’emploi selon la région.
Des alternatives au stage pour entrer dans le monde du travail
Attention, pas toutes les solutions se concrétisent en un stage à proprement dit. En voici un exemple :
“En Gironde, la Confédération des petites et moyennes entreprises a mis en place un dispositif « 1 étudiant 1 entreprise » dans le but de diminuer l’isolement des étudiants en proposant d’accueillir une ou deux fois par semaine un étudiant en lui proposant un espace pour travailler, échanger sur l’activité de l’entreprise ou utiliser des outils numériques.”
Même si ces opportunités ne règlent pas directement la problématique du stage en entreprise pendant la crise sanitaire, elles apportent une réponse à l’isolement dont souffrent un bon nombre de jeunes diplômés. Les étudiants pourront tirer un maximum d’enseignements plus informels par première expérience dans l’environnement de travail, quel qu’il soit. RH, à vous de jouer, que peut proposer votre entreprise pour contribuer à cet effort ?
Améliorer l’accessibilité de l’alternance pour les entreprises
L’apprentissage par alternance continue de faire parler de lui. Le site Helloworkplace.fr (du Groupe Hellowork) référencé sur la plateforme 1jeune1solution aide les entreprises dans la recherche et l’embauche d’apprentis. En simplifiant les démarches, le site espère encourager à accueillir un jeune en alternance. En rendant les informations sur le processus et ses coûts plus transparents, les employeurs peuvent mieux se projeter et visualiser l’intégration d’une jeune apprenti dans leur activité.
Une aide financière supplémentaire pour les jeunes diplômés
L’aide financière exceptionnelle pour les jeunes diplômés demandeurs d’emploi est ouverte aux moins de 26 ans percevant moins de 300 euros mensuels. Pour y prétendre les candidats doivent justifier d’une inscription au Pôle Emploi et d’un accompagnement intensif individualisé (AIJ ou APEC). Cette aide n’est pas versée automatiquement mais est évaluée par un conseiller. La globalité de l’aide est plafonnée à 1491,03 euros sur 6 mois par bénéficiaire et peut être attribuée au plus tard le 31 décembre 2021. Enfin, un simulateur d’aides financières sera ajouté à la plateforme 1jeune1solution le mois prochain pour mieux accompagner les étudiants en fin de cursus ou jeunes diplômés dans leurs démarches.
Le gouvernement n’a toujours pas officialisé le report des stages de fin d’année, même si plusieurs institutions l’autorisent déjà. Cependant, il vient d’annoncer la prolongation des aides à l’embauche des jeunes diplômés et au recrutement d’alternants jusqu’au 31 mars 2021. Une conférence de dialogue social le 15 mars à Matignon décidera de l’arbitrage final. En attendant, l’accompagnement en ligne est de mise pour ces étudiants en quête de stage pendant la crise sanitaire. L’assouplissement des règles pour valider les cursus reste encore à confirmer afin que cette situation soit moins pénalisante pour l’obtention de diplômes et l’entrée dans le monde du travail.
Maï Trebuil