Le nomadisme est cette histoire de l’homme qui a fait que l’homme s’est extrait de son berceau africain pour essaimer sur l’ensemble de la planète l’homme habile est devenu erectus. Rien de bien nouveau, si ce n’est que cet homo erectus est devenu erectus erectus. L’homos erectus est parti de sa terre à la recherche d’un nouveau lieu pour une population qui ne cessait de croitre, il s’avait ce qu’il cherchait, il ne restait plus qu’à le trouver dans processus plus ou moins linéaire d’essais-erreurs. L’homo erectus erectus connait la même situation, il change et en plus le changement change, le monde devient erratique et le changement souvent pour le changement. Comment la formation peut-elle intégrer ce changement ?
Le changement est relativement facile à codifier, on identifie la situation source et la situation de destination, ce qui permet de calculer les écarts et ainsi les compétences nécessaire au voyage et à la destination. Mais le changement du changement nécessite de formation sur des compétences transversales… comment bien vivre le changement, ce que certains appellent les routines innovantes. On n’est plus sur un objectif métier de l’entreprise, quantifiable, mais un objectif savoir-être qui devient un moyen et non une fin pour les résultats de l’entreprise. La nature de la formation s’en trouve modifié.
Plus traditionnellement, on retrouve deux questions autour de cette problématique.
Quels sont les outils de cette mobilité ? C’est la question du M learning (mobile learning) qui focalise sur l’apprentissage où l’on veut quand on veut. L’outil à la disposition de l’apprenant est généralement le Smartphone, mais il en existe d’autres comme la tablette ou tout ce qui permet le mouvement comme le baladeur par exemple. On peut constater que les outils donnent un degré de liberté supplémentaire à l’apprenant, il apprend aussi s’ils veulent. L’apprenant peut, par exemple, profiter de ses transports pour apprendre. Ce qui ouvre plus fortement à la formation séduction. La formation qui est une fonction de l’offre, devient une fonction de la demande. L’interrogation que pose cette question est celle de la fracture numérique, tout à la fois la fracture d’écran, comment accompagner un apprenant qui n’a pas d’objet mobile, il y a donc une inégalité d’apprentissage ; et, cette fracture est aussi une fracture de connexion, comment garder les apprenants toujours connecté, sur un même site, il y a le wifi mais en déplacement les outils de mettent en place, avec un artisanat qui demain fera sourire, par exemple, les commerciaux utilisent les restaurants de restauration rapide pour se connecter. Le premier point est plus important pour la cohésion des politiques d’apprentissage.
Faut-il garde le présentiel ? Si les objets mobiles apprenants se développent faut-il garder le présentiel, et pour les entreprises qui ont investi dans des locaux par exemple, la question est loin d’être neutre. Aujourd’hui, on n’a pas fait mieux que le présentiel pour créer du lien, créer de la motivation à apprendre, et sans cette motivation le pure player du M learning n’ont que peu de raison d’être, encore faut-il que la formation soit ce point chaud de l’apprenance. Le présentiel représente la même fonction que les bibliothèques municipales, c’est un espace militant pour diffuser le savoir. Il s’agit de créer des lieux de partage et d’apprentissage, ce que l’on appelle des hot spots formatifs pour que le nomade puisse partir avec l’envie, et c’est dans le blended learning que l’envie peut trouver sa réalisation. C’est une nouvelle façon de penser la formation, comme espace de libération et de militantisme en entreprise.
Dans ce monde en construction, il est à souligner que le nomadisme ouvre la question de la traçabilité et que cela n’est pas sans poser des questions sur le flicage possible des individus. Autrement dit, le nomadisme nous interroge fortement, mais finalement, le nomadisme ne doit-il pas être aussi dans la formation, bouger de nos habitudes ?
Stéphane DIEBOLD