Télétravail et inégalités : Anxiété, culpabilité, isolement… Dans cette situation de crise sanitaire et de travail à distance généralisée, les femmes sont plus impactées que les hommes, révèle une étude publiée vendredi 19 février, par le cabinet international de conseil en stratégie Boston Consulting Group (BCG), sur les salariés français du privé. Ces problématiques pourraient avoir un effet à long terme avec, entre autres, des décrochages professionnels. Le cabinet propose différentes pistes pour permettre aux managers et RH d’y remédier.
Des risques psychosociaux avec le télétravail
Selon BCG, environ 60% des salariés du secteur privé sont actuellement des télétravailleurs. Or, les femmes sont «1,3 fois moins nombreuses à disposer d’un espace de travail isolé et [ont] 1,5 fois plus de risques d’être fréquemment interrompues» pendant leur travail à domicile. De plus, elles sont moins nombreuses que les hommes à avoir entretenu leur réseau ou à prendre la parole en réunion. En parallèle, elles se sentent «davantage isolées vis-à-vis de leurs collègues que les hommes».Ce mal-être s’accompagne du sentiment de manquer de temps pour s’occuper des enfants, un facteur de culpabilité plus présent que chez les hommes. Cela ajouté à des problèmes de sommeil (44% des femmes contre 35% chez les hommes), à l’absence de temps pour soi (36% contre 30%) ou des risques de faire un burn out (34% contre 28%) en font autant d’entraves à l’épanouissement professionnel et mettent en péril la santé au travail. (Pour aller plus loin : Le burn-out comme maladie professionnelle ?)
Télétravail et inégalités : Éviter un décrochage professionnel
La situation post-crise sanitaire inquiète donc les experts du cabinet de conseil. Pour eux, le retour aux plages horaires d’avant la crise sera difficile pour les salariés ayant réduit leur temps de travail et en particulier les femmes qui rencontrent plus de risques. Elles sont ainsi «1,5 fois plus nombreuses que les hommes à envisager difficilement un retour aux horaires avant crise, et 1,3 fois plus nombreuses à ne pas l’envisager du tout». Par ailleurs, l’impact de la crise porte aussi sur le long terme avec le décrochage professionnel. Alors que 40% des femmes n’ont pas confiance dans leur avenir professionnel, contre 25% pour les hommes, la moitié des salariés interrogés «envisagent de réduire leur investissement dans leur travail, en donnant davantage de place à leur vie personnelle».
Des solutions pour améliorer la qualité de vie au travail
Il faut «une prise de conscience de la part des entreprises du niveau de fragilité psychologique des salariés, et tout particulièrement des femmes», alerte l’enquête. Le cabinet suggère plusieurs méthodes de management comme la mise en place d’un soutien psychologique, des horaires flexibles, du coaching ou des dispositifs d’accompagnement des parents. Actuellement, peu de mesures ont été mises en place dans les entreprises par rapport à la période d’avant la crise sanitaire,souligne l’étude. Pourtant, des changements positifs ont déjà eu lieu. Dans la vie privée, les hommes participent davantage aux tâches quotidiennes en allant chercher les enfants à l’école ou en les aidant pour les devoirs. Dans la vie professionnelle, les managers prennent plus de temps pour échanger avec les salariés.
Charles Menguy