Vous connaissez sans doute le burn out et le bore out mais peut être un peu moins le brown-out. Zoom sur ce nouveau mal-être au travail.
Le brown-out, kezako ?
Même si le terme est emprunté au domaine de l’électricité (baisse de courant), on peut tout simplement le traduire par une baisse d’engagement dans son travail. Au point, de plus savoir à quoi il sert et par ricochet, à quoi on sert. Le premier à avoir mis le doigt sur cet épineux sujet est l’anthropologue américain David Graeber en 2013 avec le concept de « bullshit jobs. Pour lui, le progrès technologique a fini par engendrer un certain nombre de tâches et de gestes de travail complètement dénués d’intérêt. Et souvent répétitifs, au point de générer une lassitude extrême.
Quels sont les symptômes du brown-out ?
Evidemment, tout est une question de personnalité et de ressenti personnel, mais il se dégage quand même quelques grands symptômes laissant à penser que vous êtes gagné par le brown-out. Par exemple, vous bossez de manière mécanique sans même éprouver le moindre intérêt pour ce que vous réalisez. Vous rendre au boulot vous pèse tellement que le moindre « bobo » vous incite à vous faire porter pâle. Ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques mois. En réunion, vous vous faites le plus petit possible (quand vous n’avez pas réussi à y échapper) en espérant que l’on vous oublie. Pour vous, de toute façon, ces meetings sont dénués d’intérêt, voire vous sont nuisibles. Autre symptôme paradoxal, vous ne voyez plus aucun sens à votre job, et pourtant, le matin au réveil et le soir au coucher, vous checkez vos mails pros. Idem pendant les vacances. Sans doute en espérant une révélation. Mais évidemment, rien ne vient. Physiquement, ce n’est pas le top de la forme. Vous vous empâtez, avez abandonné le sport et avez du mal à trouver le sommeil. Bilan, vous êtes irritable et complètement départi de votre légendaire sens de l’humour. A la maison, c’est pareil, vous ne trouvez plus nécessairement votre place. Enfin, vous ne vous intéressez plus aux autres. Conjoint et enfants sont quasi devenus invisibles pour vous. Bref, en famille, entre amis et au boulot, plus rien de vous fait vraiment « kiffer ».
Le brown-out, ça s’explique comment ?
Les causes d’un brown-out peuvent être multiples. On l’a vu, l’automatisation du travail a engendré tout un tas de métiers qui présentent aujourd’hui peu d’intérêt. Les évolutions intrinsèques de certains jobs vers davantage de management ou de commercial expliquent aussi partiellement ce sentiment de perte de sens. Un ingénieur nommé manager ne le vit pas nécessairement comme une promotion, mais dans certains cas, comme une punition. Pour lui, ce qui comptait c’était la technique et la technologie et certainement pas le management. Un manager chargé de faire du reporting à outrance au lieu de piloter ses équipes peut aussi souffrir de brown-out. Le manque de sommeil, notamment de sommeil réparateur, et l’apnée du sommeil sont également des facteurs avancés par les scientifiques pour expliciter le brown-out.
Le brown-out, c’est grave docteur ?
Tout dépend du stade d’avancement du brown-out. Disons, plus exactement que oui, de toute évidence, c’est perturbant au quotidien. La solution la plus radicale (mais souvent la moins évidente) est de changer de job. Soit en interne, soit en allant voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Voire en créant sa propre boîte. Notamment une petite entreprise artisanale au sein de laquelle votre travail prendra tout son sens car vous créerez enfin quelque chose de concret. De quoi se réconcilier avec le sentiment d’être utile. Autre option (qui n’exclut pas la première), reprendre soin de soi et de son corps en se remettant au sport, en se fixant une hygiène de vie impeccable (alimentation, sommeil, etc) sans oublier une digital détox au moins le matin au réveil et le soir au coucher.
Sylvie Laidet
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