L’ Open Space ou cet espace de travail ouvert divise les entreprises. D’un côté, celles qui vantent une meilleure communication entre les services, une hiérarchie invisible et plus accessible. De l’autre, celles qui en dénoncent les effets pervers ou le sentiment d’être « entendu » par tous et notamment sa hiérarchie que l’on identifie avec ou sans cloison.
Open Space et Espace de Coworking : deux salles deux ambiances
Souvent confondus, ces deux modèles d’organisation de l’espace de travail sont diamétralement opposés. L’Open Space est cet espace dit « ouvert » à l’ensemble des collaborateurs dans le but de créer une proximité entre les équipes et les directions en vue d’améliorer la communication au sein de l’entreprise. Le Coworking englobe quant à lui, des open spaces, des bureaux fermés ou semi-privés et réunit des collaborateurs d’entreprises différentes.
L’Open Space : un indicateur ou amplificateur des risques psychosociaux ?
Alcoolisme, absentéisme ou burnout sont plus facilement identifiables lorsque les collaborateurs opèrent dans un même espace. Par ailleurs, le recours à l’Open Space va à l’encontre d’une politique visant à créer un environnement de bien-être. Le collaborateur est moins tenté d’apporter sa touche personnelle (photos de famille, dessins…) sur son espace de travail. De son côté, l’entreprise sera dans l’impossibilité de « customiser » ses locaux à l’image de sa marque ou de sa culture d’entreprise.
Si l’on déplore un contrôle accru des managers (fondé sur le ressenti des collaborateurs et non une étude prouvée), les managers eux aussi souffrent de cette accessibilité lorsqu’ils se voient livrés trop d’informations de manière désorganisée ou de requêtes auxquelles ils ne peuvent accéder. C’est le climat général au sein de l’entreprise qui est mis à mal.
Encourager la collaboration ou réduire les coûts de structure : réalité ou illusion ?
Argument de vente chez les promoteurs, discours interne chez les managers, l’open space favoriserait la créativité et la collaboration. Les détracteurs diront quant à eux que la concentration des collaborateurs relève du challenge en raison des multiples sollicitations spontanées et contre-productives. A cela s’ajoute les discussions informelles, voire personnelles, impactant le temps réel de travail effectif par les collaborateurs.
Une étude menée par deux professeurs de l’Université d’Harvard dénonce le manque d’interactions entre les collaborateurs en Open Space avec une chute de la communication directe (en face à face) de l’ordre de 70 %. Les collaborateurs seraient moins enclins à échanger et privilégient ainsi une communication électronique avec une augmentation de 56 % de ces échanges (emails).
Miser sur un Open Space permet de réaliser des économies considérables, pour autant, le fait d’exposer les collaborateurs à leur direction encourage des pratiques contre-productives comme le présentéisme ou le marketing de soi (faire croire que l’on travaille plus que les autres). Les économies réalisées engendrent en réalité des pertes, voire des coûts supplémentaires pour l’entreprise sur le long terme.
Exit l’open space : place au « Multi Space » ou « Desk Sharing »
Les entreprises tendent désormais à optimiser leurs espaces de travail, offrant non plus un bureau rigide, un espace ouvert et désorganisé, mais un ensemble d’espaces à l’image d’une journée type de tout collaborateur des temps modernes.
Alliant lieu de réflexion, de confidentialité, de réunion ou encore de détente, ces espaces sont pensés en étroite collaboration avec les ressources humaines et les consultants en accompagnement du changement en vue de créer une véritable valeur ajoutée à l’ensemble des collaborateurs mêlant bien-être et productivité.
Les groupes français comme BNP Paribas, Bouygues Télécom l’ont compris, investir sur des espaces de travail flexibles est une priorité. À titre d’exemple, la Société Générale crée « Les Dunes », pas moins de 126 000 m² répartis en salles de jeux, salle de sport, espaces de réunions adaptés aux besoins des collaborateurs.
Nihad H.C