Une entreprise sans manager, et si c'était la quête du graal ?
Beaucoup en rêvent parmi les services RH, les dirigeants, les collaborateurs … Peut-être moins les managers eux-mêmes, et notamment les managers intermédiaires, qui se demandent quel pourrait être leur rôle si leur fonction n'existe plus !
Comment concrétiser cette idée et pour quels bénéfices ?
Dans les « entreprises libérées » (mouvement dans la continuité de « Liberté & Cie » le livre d’’Isaac Getz et Brian M. Carney), il y a beaucoup d’expériences diverses qui sont largement partagées dans des sites, des livres, des articles, des films et reportages (Par exemple « Le bonheur au travail » sur Arte).
Une d'entre elles consiste notamment à faire choisir par tous les collaborateurs, au sein de leur groupe, le leader facilitateur qui va les représenter et les aider. Cet homme « ressource » est renouvelé ou non dans ce rôle par ses collègues.
Derrière cette nouvelle vision du travail et toutes les idées qu’elle génère, ce qui est prouvé c’est que ces nouvelles organisations sont en même temps et de façon corrélée une source d’épanouissement personnel pour les collaborateurs et de performance pour l’entreprise.
Et donc ce que chaque entreprise et organisation peut en retenir, plus que de se focaliser sur la fonction ou le statut, c’est plutôt de penser en termes de « rôles » à tenir par les « leaders » pour atteindre ces niveaux de performance.
- Le leader met en avant son côté facilitateur, organisateur au service de l’équipe.
- Il est là pour aider.
- Il donne du sens, rappelle le POUR QUOI (en 2 mots).
- Il favorise l'intelligence collective car on est plus malins et créatifs à plusieurs.
- Il forme et pousse à la prise de décision de chacun en donnant du pouvoir et une zone de liberté pleine et réelle.
NB : Il est nécessaire qu'il y ait une vraie délégation avec un véritable pouvoir de décision pour que ça marche. - Il challenge les façons de faire pour mettre l’innovation continue au cœur de son équipe.
- Il favorise le rôle d'intra entrepreneur au sein de l'entreprise.
Bill Gore (sa société fabrique le Goretex connu dans le monde entier) pensait déjà en 1965 que la meilleure question à poser à une personne est « Vous, comment feriez-vous ? ». Pour lui, c’était ce que devait faire un « leader » et il doit être tellement occupé à aider les salariés qu’il n’a pas le temps de songer à leur dire COMMENT travailler. - Il invite à travailler en mode projet car c’est un facteur facilitant.
- Il encourage le feedback constructif à tous les niveaux.
- Il coopte des personnes qui adhèrent à cette « philosophie de travail » et qui ont une méta compétence de savoir être.
Les RH peuvent apporter un regard hors « savoir » et « savoir faire » des opérationnels pour valider les choix.
Alors, utopie ou réalité ?
Mettre en place des organisations sans manager n'est sûrement pas possible dans toutes les entreprises, notamment quand les (mauvaises ?) habitudes sont solidement ancrées.
Car, avant toute chose il faut un état d'esprit et des valeurs partagées au plus haut niveau de l’entreprise. Si le top management n’est pas dans cette dynamique ; ça ne marchera pas.
Maintenant, qui empêche un responsable de jouer le jeu dans son équipe et de voir ce que ça donne ?
Les équipes RH ont aussi un vrai rôle à jouer pour aider à changer de paradigme et pour rassurer chacun.
Marie-Paule Le Gall