Si certains déclament que le travail c’est la santé, il est pour d’autres une véritable addiction comparable à celle d’un toxicomane ou d’un alcoolique. Dénommés les « work-addict », les « workalcoholic » ou encore les « ergodépendants « , mais qui sont ces bourreaux du travail incapables de lâcher prise ? Quels sont leurs symptômes, et par quoi sont-ils gouvernés ? Etat des lieux.
Abordant les vacances comme un naufrage, assimilant les soirées entre amis ou en famille comme des pertes de temps, les work-addict ne vivent que pour le travail ! Loin d’être contraints à agir de la sorte, ils ne peuvent s’empêcher de poursuivre leur activité professionnelle le soir, les week-ends et même le temps des vacances, pouvant même être sujet à des passages dépressionnaires quand la vie les oblige à faire une pause. Ce phénomène, dont la dénomination est apparue dans les années 70 au Etats-Unis trouve également un écho dans les années 80, au Japon avec la reconnaissance comme maladie professionnelle du Karoshi, comprenez chez nous « la mort par le travail ».
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Une addiction à laquelle, là-bas, 1000 personnes succombent chaque année, justifiant ainsi la création de 350 centres d’aide spécialement dédiés à cette pathologie. Si les nouvelles technologies et les connexions constantes ne sont pas étrangères à l’augmentation des cas de dépendance au travail, d’autres causes liées au psychologiques sont également à observer.
Les work-addict des accros à l’adrénaline
Sur le sujet, diverses études ont démontré qu’au-delà de 50 heures de travail par semaine, un comportement pathologique et compulsif entre soi et son activité professionnelle avait tendance à s’installer. Un premier pas vers la dépendance auquel le corps médical s’intéresse. En psychiatrie, les work-addict sont avant tout considérés comme des accros à l’adrénaline qui trouvent dans la surcharge de travail qu’ils s’imposent un stress permanant qui agit sur eux tel un moteur. Sans ce stress, plus de dope, et sans cette dope, plus d’adrénaline. Un cercle vicieux, dont il apparait difficile de sortir. Un test élaboré par des chercheurs norvégiens de l’Université de Bergen permet aujourd’hui de déceler les signes avant-coureurs de la dépendance au travail. Il est élaboré autour de sept affirmations auxquelles les sondés sont amenés à s’identifier en répondant par « toujours », « souvent », » parfois », « rarement » ou « jamais ». Parmi elles : « Vous travaillez dans le but de réduire les sentiments de culpabilité, d’anxiété, d’impuissance et de déprime ; vous vous sentez stressé dès lors que vous ne pouvez pas travailler ; vous délaissez vos loisirs et vos activités physiques au profit du travail ; votre travail a des répercussions négatives sur votre santé… » De quoi prendre conscience de son degré de dépendance et agir en conséquence.
Une thérapie comportementale et cognitive : une piste pour s’en sortir
L’hyperactivité professionnelle n’est pas sans conséquence. La famille et l’entourage, souvent délaissés et n’arrivant plus à entrer en contact avec le work-addict, en subissent les dommages collatéraux. Sans parler des collègues et des collaborateurs qui endurent le « tout contrôle » de ces fous du boulot, incapables de déléguer et de véritablement travailler en équipe. La dépression, l’anxiété, l’insomnie, la tension artérielle élevée (…) sont également monnaie courante chez les accros du travail qui flirtent constamment avec le burn out. Alors comment soigner une telle addiction, dans un monde ou le travail représente, dans la normalité, un tiers de notre vie ? En faisant preuve d’abstinence ! Mais comment subvenir à ses besoins sans travailler ? A la vérité, le work-addict est un fuyard. Et celui qu’il fuit n’est que lui-même. Il lui faut donc faire face à ce qu’il est, et se faire aider dans cette démarche. Une thérapie comportementale et cognitive peut être l’une des pistes à entrevoir. Si aux Etats-Unis, les groupes de parole autour de la dépendance au travail son nombreux, depuis 2001, en France et plus précisément à Paris, l’association Work Anonyme inspirée de Workaholics Anonymous, créée en 1983 à New-York, accompagne les work-addict à ne plus souffrir de leur relation au travail.
Gérald Dudouet