On se forme comme on travaille, à chaque entreprise d’écrire sa « recette » selon ses besoins et sa culture, à partir de tous les formats et canaux d’apprentissage qui existent aujourd’hui. Délaissant les séminaires traditionnels, Sephora a par exemple opté pour un mélange de distanciel et de formation terrain.
Dis-moi comment tu travailles, je te dirai comment te former : une logique qui fonctionne puisque « la formation suit les évolutions des pratiques de travail », comme l’observe Tiphaine Duchet, directrice du pôle learning et communication d’Obifive HR Valley. La multiplication des terminaux de travail a mis fin à la dichotomie entre la sphère professionnelle et la sphère privée, elle a entraîné une simultanéité d’activités qui brouille les classiques unités de temps, de lieu et d’action. Ajoutons à cela l’importance grandissante de la dimension de partage et voici que la formation, en séminaire ou à distance, devient participative, collaborative.
Les technologies 2013 effacent ce qu’on a pu reprocher au e-Learning à ses débuts (lenteur des connexions, interfaces pas suffisamment intuitives ou conviviales…), elles ont progressé et les nouvelles générations sont sensibles aux nombreux formats de formation proposés en distanciel : films pédagogiques de type minisérie, quiz, modules plus complets avec exercices, sur-mesure ou sur-étagère, rapide learning, serious games, vidéos, classes virtuelles… « Suivant la situation géographique de la cible, son âge, son rapport aux outils, selon les supports techniques à disposition, la configuration du lieu de travail, etc., on va choisir des formats distanciels différents, aussi bien en termes de terminaux, de supports de diffusion que de format pédagogique », explique-t-elle.
Le présentiel de son côté est loin d’être monolithique, on peut le penser en mode team-building ou conférence, en formation traditionnelle comme en atelier de co-développement où des pairs se réunissent pour réfléchir ensemble. Le coaching d’équipe ou individuel en est une autre forme, de même que le tutorat, les conventions, les journées portes-ouvertes…
Réactivité et souplesse du e-Learning, l’exemple de Sephora
Pour Sephora, le e-Learning est synonyme de réactivité et de souplesse. Dans le monde du luxe, du parfum et des cosmétiques, les nouveautés sont très fréquentes, on y sort en moyenne un nouveau produit ou concept par semaine, une cadence difficile à suivre en termes de formation. Ce groupe a donc mis en place pour tous ses collaborateurs en magasin – une public jeune, très réactif aux nouvelles technologies, demandeur de solutions rapides et innovantes – un dispositif mixant e-Learning et formation terrain. Il est élaboré en fonction de leurs besoins et de leur parcours de formation (marques, métiers et management). Les conseillères beauté représentent une population stratégique, leur professionnalisme est la vitrine de l’enseigne, leur montée en compétence est donc primordiale. « Il est également prioritaire de leur assurer une formation continue pour toutes les actualités marques et produits. La complémentarité des formations présentielles – dispensées par d’anciennes conseillères devenues formatrices chevronnées – et de l’e-Learning assure un plan de formation efficace tout au long de l’année pour optimiser cette formation continue. De plus le e-Learning permet d’avoir un support permanent et rapide accessible sur place », développe Florence Aquilina, chargée de formation chez Sephora. Il permet non seulement une forte réactivité mais aussi une réelle souplesse pour étendre les formations dans le temps.
Sephora a fait l’acquisition d’une plateforme LMS (Learning Management System) qui permet de gérer les mises en ligne des modules, les inscriptions des conseillères, le suivi de réalisation et les scores aux quiz. Cet outil de reporting permet de savoir, pour chaque module, quel est le temps passé par l’ensemble des conseillères, les résultats consolidés par magasin, par région… « Certaines plateformes LMS proposent des fonctionnalités collaboratives comme la création de communauté d’experts. Elles sont en pleine évolution et tendent vers des fonctionnements de réseaux sociaux, c’est une des dimensions du social learning », complète Tiphaine Duchet.
Montée en puissance de la dimension communication
Enfin, les entreprises se sont rendu compte que si elles ne créent pas de buzz autour de leurs dispositifs, leurs salariés ne s’en servent pas. « Il faut expliquer le projet pour en faire comprendre les bénéfices aux salariés », précise Tiphaine Duchet. Cette communication grandissante concourt à la démocratisation de la formation. Avec les contenus en ligne, tout le monde, quel que soit son métier, peut accéder à une formation même s’il n’est pas le public cible. En théorie. En pratique, c’est plus vrai dans un environnement de grandes entreprises et multinationales qu’ailleurs.
Au-delà de l’e-Learning, ce sont tous les formats et canaux d’apprentissage qui, avec Internet, se multiplient, les MOOCs en sont une autre illustration, qui ouvrent de nouvelles perspectives d’apprentissage aux salariés. Ils interrogent la relation du collaborateur à sa formation si celle-ci sort du contexte de l’entreprise.
Autrement dit, de nombreux outils de formation sont aujourd’hui disponibles, mais il faut savoir les choisir et les accommoder. « L’entreprise doit écrire sa recette de formation, idéalement équilibrée, à partir d’ingrédients variés et consistants », conclut-elle.
Sophie Girardeau