Un entretien avec Maryvonne Labeille, Présidente de Syntec Conseil en recrutement.
Pouvez-vous nous faire un état des lieux de la situation des cabinets de recrutement aujourd’hui ?
L’année 2009 a été une année délicate pour l’ensemble de l’économie et notamment pour l’emploi en général, même si les cadres ont été moins affectés. En ce qui concerne les cabinets de recrutement, la réaction face à la crise et leurs résultats sont inégaux selon la taille des cabinets, leur localisation, leur sectorisation sur le marché. Dès la fin de l’année 2008, les plus grandes structures ont pris des mesures drastiques pour anticiper et pallier les conséquences de la crise, notamment en diminuant leurs effectifs. Elles ont accusé un chiffre d’affaires en baisse de 30% en moyenne notamment sur le premier semestre. Les chiffres sont remontés progressivement sur le second semestre. Les cabinets qui ont anticipé la crise, en se positionnant sur des secteurs moins exposés, ou en diversifiant leurs activités ont le mieux résisté.
A l’heure actuelle, on constate une remobilisation du marché avec des évolutions liées à plusieurs paramètres.
La création de nouveaux cabinets par des professionnels issus de plus grosses structures , le rapprochement ou le rachat de cabinets liés également à la succession de certains dirigeants actionnaires, et toujours une certaine solidité des structures moyennes et petites plus aptes à s’adapter aux périodes de crise. Il y a peu d’improvisation dans la création des entreprises car le métier s’est vraiment professionnalisé ces dernières années et Il y a plutôt une reconfiguration qui pourrait impacter favorablement le nombre de cabinets sur le marché aujourd’hui et nous disposerons de chiffres à annoncer ces prochains mois.
Comment ont-ils agi afin de mieux résister à la crise ?
Le cabinet de recrutement a deux clients ; l’entreprise qui le rémunère et le candidat.
En période de hausse du chômage, les cabinets qui ont aussi un rôle de conseil auprès des candidats, ont été fortement sollicités pour leur apporter de l’aide, même si c’est davantage le rôle des structures comme Pôle Emploi, l’Apec, ou des sociétés privées tels les cabinets d’outplacement.
Les cabinets de recrutement sont habitués aux fluctuations du marché et certains se sont associés des métiers connexes tels le conseil en évolution professionnelle, le coaching, la formation….afin d’offrir aux entreprises une palette se services en rapport avec leurs besoins tout en équilibrant leurs activités.
Que pense le Syntec Conseil en Recrutement de l’ensemble des dispositions légales prises à l’heure actuelle afin de diversifier le recrutement ?
Je considère que les dispositions légales possèdent une vertu pédagogique. Je ne crois pas, par contre, à une politique de contrainte par des quotas par exemple. L’entreprise doit retrouver son rôle social. Pour les cabinets de recrutement, les lois actuelles favorisent l’ouverture des profils. La loi va finir par instituer des réflexes d’ouverture.
Nous vivons encore une période de crise. Le nombre de candidats augmente plus vite que le nombre de postes vacants mais d’ici un an nous serons à nouveau dans une situation de pénurie du fait de la démographie. La diversité d’ici là sera plus ancrée et il sera plus facile de présenter aux entreprises des profils seniors ou des personnes handicapées.
Certains grands groupes sont déjà exemplaires en matière de diversité et certaines PME parfois très ouvertes car en recherche de compétences. Le « Guide Vert » de la Halde (paru ce mois-ci) concernant les actions des intermédiaires de l’emploi montre de réelles avancées.
Syntec Conseil en Recrutement a mis en place des formations avec le Fafiec, son OPCA, afin de former les consultants et toutes leurs équipes à la diversité, développe au sein d’une commission spécifique toutes les actions d’évolution dans ce domaine et soit force de proposition afin que nos acteurs favorisent par leur qualité de conseil et de pédagogie auprès des entreprises la mise en œuvre de la Diversité.
Je souhaite que la diversité ne soit pas uniquement un sujet de communication pour séduire ou rassurer les différentes populations concernées. Aujourd’hui, des professionnels recherchent des compétences et les lois peuvent les y aider.
Propos recueillis par Christel Lambolez