Qu’est ce que le bien-être au travail ? Ou plutôt qu’est-ce que le stress ? L’étude réalisée par l’organisme de formation Comundi sur le bien-être au travail permet de revenir sur des notions simples qui font l’objet de beaucoup de remous à l’heure actuelle. 70% des salariés s’estiment heureux mais la surcharge de travail et le manque d’organisation génèrent du STRESS.
Le Stress. Le mot est beaucoup évoqué en entreprise, peut-être un peu trop.
« Sans cesse l’individu est bombardé par du stress, des contraintes. Si son adaptation à de nouvelles situations lui coûte peu alors il vivra bien les changements », témoigne le docteur Christian Ouvard qui intervient également dans des formations mises en place par Comundi. Il explique : « On emploie le mot stress à tort et à travers. Or, il dit tout et son contraire car il regroupe l’effet et la cause. En effet, en anglais le mot « stress » se traduit par « contrainte ». Il s’agit d’une cause. « Strain » signifie en français « astreinte », qui est la réponse de l’organisme à une demande extérieure. Tous les jours, nous devons répondre à des demandes, qu’elles soient positives ou négatives. Aujourd’hui, notre société emploie le mot stress pour exprimer ce qu’elle n’arrive pas à exprimer clairement. La vie est une mise en tension pour reprendre le terme latin « stringere » (mettre en tension). Le phénomène est subjectif et dépend de l‘évaluation d’un individu. Un état de stress survient donc lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception des contraintes et ses propres ressources. Aujourd’hui, les individus verbalisent de plus en plus ce qu’ils ressentent.»
Selon l’enquête réalisée en janvier par l’organisme de formation Comundi, auprès de 2 600 salariés, 70% des répondants se déclarent heureux au travail, 73% sont satisfaits de leurs conditions de travail et 79% déclarent réussir à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Alors qu’est-ce qui ne va pas au fond ? « Les salariés ont l’impression d’être en sous-effectifs et estiment que la charge de travail est trop importante à 60%, répond Marion Thienpont, responsable des formations santé au travail chez Comundi et qui a dirigé l’enquête, Par ailleurs, il y a de nombreuses lacunes au niveau du management. Les salariés subissent beaucoup de pression car il n’y a pas de maîtrise des techniques de management. Il s’agit d’un point important pour améliorer le bien-être au travail. » La mauvaise gestion du temps est également pour 74% des répondants une source de stress.
Conséquences : 41% des répondants ressentent des troubles physiques au travail. Les plus cités sont : la fatigue (51%), le mal au dos (47,8%), les yeux fatigués (33%) et les maux de tête (26%).
Une prise de conscience lente des entreprises
Les actions prioritaires des entreprises sont la formation à la gestion du stress et des priorités, l’aide individuelle aux salariés et l’adaptation des horaires. Quelques actions collectives comme l’évolution du mode de management et l’amélioration de l’organisation du travail. « Depuis 2009, nous avons lancé de nouvelles formations sur le bien-être au travail, explique Marion Thienpont, Les entreprises souhaitent suivre des formations pour prévenir les risques psychosociaux. Nous avons de plus en plus d’experts sur ce sujet. Des équipes pluridisciplinaires se créent au sein des entreprises et les responsables RH viennent davantage suivre nos formations. » La médiatisation des suicides sur les lieux de travail a fait peur. Les entreprises craignent de vivre des situations identiques. Pour rappel, l’article L 41-21 – 1 (ex- L230 – 2) du code du travail stipule qu’elles ont l’obligation de mettre en place des stratégies de prévention pour assurer la protection des salariés et leur santé physique et mentale.
Cependant, selon l’enquête, « 40% des répondants déclarent que leurs établissements n’ont mis en place aucune action pour contribuer au bien-être et à la prévention des risques psychosociaux. » Et seulement 3% des salariés jugent les actions menées par les entreprises très efficaces !
Le docteur Christian Ouvrard préconise aux entreprises de : « donner du sens au travail, optimiser l’organisation du travail et de bien communiquer ». Il termine : « Un salarié se sent heureux lorsqu’il a les bonnes compétences, donc a bien été formé, possède des responsabilités, c’est-à-dire une autonomie, et voit son travail reconnu et apprécié, donc un soutien social. »
Christel Lambolez