En reconnaissant le principe de l’altérité, les entreprises peuvent-elles véritablement améliorer leurs modèles de management ? Et dans cette hypothèse, comment rassembler des individus dont les référentiels se situent parfois aux antipodes ? Autrement dit, quelles sont les valeurs universellement partagées susceptibles de créer un sentiment d’adhésion source de performance pour l’organisation ? Lors du Forum de la Diversité qui s’est tenu les 2 et 3 juillet dernier, les experts ont livré les clés pour favoriser un management inclusif. Tour d’horizon
« Au sein des entreprises françaises, le débat s’est ouvert autour de la question de la diversité. Puis les organisations ont commencé à aborder les problématiques inhérentes à l’égalité. Aujourd’hui c’est le principe de l’inclusion qui semble prendre le dessus. Toute la question consiste pourtant à déterminer, s’il est possible de réconcilier ces concepts où si au contraire, on doit les opposer », souligne Mustafa Ozbilgin, Codirecteur de la Chaire « Management et Diversité » à l’Université Paris Dauphine. Dès lors, qu’est-ce qu’un bon management inclusif ? « Il faut garder à l’esprit de traiter les gens comme n’importe quel individu », rappelle Nadine Vogel, Présidente Springboard Consulting. Un principe évident qui se révèle pourtant, plus facile à dire qu’à mettre en pratique au sein des entreprises.
Mais, y a-t-il vraiment des différences culturelles au sein des modèles de management ? « Assurément oui. Néanmoins, on parle beaucoup de différences culturelles alors qu’il existe aussi des différences sociologiques. La tendance au recrutement mimétique par exemple ou encore en matière de leadership où persiste un modèle dominant », explique Nathalie Fokart, Directrice de la Formation du groupe Total avant d’ajouter « la plupart de nos formations se tiennent en anglais et il semble qu’il y ait une forte influence américaine dans le domaine du management »
Pour Cheryl Kern, Principal global diversity au sein du groupe Alticor Amway, « la notion d’engagement est le bon chemin à emprunter. Car en se positionnant en faveur de la diversité, l’entreprise trace en effet des voies communes qui permettent de recréer du collectif ». A noter que plus le modèle organisationnel de l’entreprise est décentralisé, plus le management doit être inclusif. Quelles sont les bonnes pratiques qui peuvent aider les manager à mieux diriger les collaborateurs ? Pour Nadine Vogel, Présidente Springboard Consulting : « le management inclusif passe nécessairement par l’acceptation des différences des autres ».
Bâtir un management inclusif
D’où la nécessité de construire des outils permettant d’aller vers cette nécessaire compréhension de l’altérité. A titre d’exemple, le groupe Total s’emploie depuis plusieurs années à développer un plan de formation multiculturel à destination des quelques 130 nationalités présentes dans l’entreprise. « L’essentiel de nos grands projets sont réalisés à l’international et en partenariat avec de nombreux acteurs du secteur. Près de 200 programmes de formation ont été mis en place et nous avons également créé un campus de formation dédié aux stages interculturels. A noter que les formations de préparation à la mobilité sont un autre levier favorisant la prise de conscience et permettant d’aller vers plus d’acceptation et de compréhension de l’autre », confie Nathalie Fokart, Directrice de la Formation du groupe Total.
Parmi les autres voies oeuvrant en faveur d’un management inclusif, certains experts s’expriment en faveur du mentoring des hauts potentiels. « Il s’agit d’une démarche intéressante qui aide à développer des relations plus humaines et plus personnalisées. Le mentor tend, en effet, à s’imposer comme un porte-voix dont le rôle est de fédérer les collaborateurs et de les embarquer dans l’aventure commune de l’entreprise », conclut Cheryl Kern.
Emilie Vidaud