Les cadres représentent à peine plus de 1,7% des effectifs intérimaires. Mais le marché, dans sa globalité et plus particulièrement celui des cadres, vit une croissance exponentielle et surtout une révolution dans sa perception. L’intérim n’est plus vécu comme une situation précaire, mais une réelle opportunité, à la fois pour la génération Y et les séniors, d’entrer ou de se réinsérer dans l’emploi. Analyse avec Arnaud de la Tour, Président du PRISME.
Intérim des cadres : un marché en pleine expansion
« De 1997 à aujourd’hui, l’intérim des cadres connaît une évolution de +450%, une croissance bien supérieure à la moyenne du marché », constate le Président du PRISME, les Professionnels de l’Intérim, Services et Métiers de l’Emploi. Leur dernier baromètre observe une augmentation de 15,3% des effectifs cadres et professions intérimaires entre avril 2010 et avril 2011. Un chiffre bien plus important que chez les ouvriers qualifiés, non-qualifiés et les employés.
Plus largement, au-delà de la seule population cadre, l’intérim est en pleine croissance. La dernière étude de Pôle-Emploi confirme la tendance déjà relevée par le PRISME : le nombre d’intérimaires a augmenté de plus de 20% entre 2009 et 2010, et le nombre de missions effectuées de 12%.
« Nous sommes le premier recruteur de France », affirme Arnaud de la Tour. Le plus gros volume des recrutements d’intérimaires se situe dans les catégories agents de maîtrise et cadres intermédiaires. « En 2010, 20% des effectifs que nous recrutons sont des cadres, ce qui représentent 53 000 recrutements », complète le Président du Prisme. Il donne encore quelques chiffres : 35 000 cadres ont travaillé en intérim, toujours en 2010, parmi lesquels 45% d’ingénieurs et cadres techniques, 7% de professions intellectuelles et 48% à des postes administratifs et commerciaux.
Si les missions sont de plus en plus courtes, selon Pôle-Emploi, ce sont les cadres et professions intermédiaires qui réalisent les plus longues, avec une moyenne de 10,9 jours, contre 7,5 pour les ouvriers non qualifiés. Le marché de l’intérim poursuit sa transformation. Depuis plus de 5 ans, les professionnels de l’intérim ne sont plus des « placeurs », devenus des conseillers en développement de l’emploi et des compétences. L’image de l’intérimaire s’est détachée du jeune étudiant en quête d’argent de poche, pour s’élargir, en ce qui concerne les cadres, au management de transition. Le Pôle-Emploi observe un vieillissement de la population intérimaire depuis plus de trois ans, même si 54% des missions sont encore accomplies par des moins de 30 ans.
Une opportunité de retour ou d’entrée dans l’emploi
« L’intérim a toujours été et est encore vécu comme une situation précaire, concède le Président du Prisme, mais les jeunes notamment ont pu vérifier, en comparaison avec une succession de stages, que l’intérim offre un statut social et une couverture, mais aussi un salaire ». L’intérim permet un suivi de carrière et l’accès à la formation. La globalité des intérimaires de France, de Grande-Bretagne, du Danemark et d’Espagne ont une opinion positive de l’intérim, comme le démontre l’étude 2011 de l’OME[1] et du PRISME, « Regards croisés sur l’intérim en France et en Europe ». Ils sont 91% à faire cette affirmation, considérant l’intérim comme un moyen d’accroître leur expérience et par là-même, leur employabilité.
« Le taux d’entrée dans l’emploi après une mission en intérim est double par rapport à un CDD », compare Arnaud de la Tour. Toujours selon la même enquête « Regards croisés », un an après leur entrée en intérim, en mars 2011, 29% des intérimaires étaient recrutés : en CDI (16%) et en CDD (13%). Accepter une mission constitue, en soi, un retour à la vie active puisque 57% des intérimaires étaient « en dehors de l’emploi ».
Les profils des cadres intérimaires sont en constante évolution mais le Président du PRISME en distingue trois. Il y a d’abord les jeunes cadres « qui entrent dans l’emploi et utilisent l’intérim comme un véhicule pour se créer une expérience et se faire connaître », définit-il. S’il n’a pas de chiffres spécifiques à la population cadre, il considère que la tendance est semblable à celle qui se dessine pour l’ensemble des intérimaires de moins de 25 ans : « 35% retrouvent un emploi suite à une mission en intérim ».
Puis, il évoque une deuxième situation qu’il qualifie de « classique, développée surtout par les grands Groupes et se rapproche du management de transition ». Face au portage, la comparaison est favorable, selon lui, à l’intérim.
Enfin, il donne le troisième profil, « qui évolue plus rapidement que tous les autres », celui des séniors. Si l’intérim n’est pas encore installé dans les esprits séniors, autant que chez les jeunes, comme un moyen de retourner dans l’emploi, le processus est en cours. Ils sont de plus en plus nombreux à envisager l’intérim comme une deuxième ou troisième partie de carrière intéressante. Pendant leur mission, ils ont l’occasion de démontrer leur savoir-faire et leur savoir-être. « Le meilleur moyen de réintégrer un sénior dans l’entreprise est l’intérim », assure et termine le Président du Prisme.
Typhanire BOUJU