Mesure phare du gouvernement Ayrault, les emplois d’avenir ont vocation à accompagner les jeunes de 16 à 25 ans, peu ou pas qualifiés vers le marché du travail. D’ici à 2014, le ministre du travail Michel Sapin a ainsi pour mission de créer par moins de 150 000 emplois d’avenir. Quels sont les dispositifs de ce contrat ? Etat des Lieux.
« Comment peut-on vivre et se projeter dans une société où la jeune génération serait condamnée à vivre moins bien que la précédente ? » : telle est la problématique que posait Michel Sapin, le 11 septembre dernier avant de faire voter, par l’Assemblée Nationale, le projet de loi portant sur la création des emplois d’avenir. A ce jour, le taux de chômage chez les jeunes s’élève à 22 %, soit plus du double de la moyenne des actifs. Pour les jeunes sans diplôme ni qualification, ce taux dépasse les 45 %. « Plus de 500 000 jeunes sans diplôme ont déjà quitté l’école, et ne sont ni en poste, ni en formation, ni en alternance. La moitié d’entre eux ne sont même pas inscrits à Pôle Emploi » s’est indigné le ministre du travail. Afin de fournir une première expérience professionnelle réussie, inscrite dans une durée suffisante, de 1 à 3 ans, pour les jeunes éloignés du marché du travail, le gouvernement lance donc les emplois d’avenir. Ce projet de loi est destiné aux 16 à 25 ans, peu ou pas qualifiés, qui ont des difficultés d’accès à l’emploi, notamment ceux vivant dans des zones urbaines ou rurales, où le chômage est élevé. Le dispositif d’adresse également aux jeunes diplômés des zones sensibles qui doivent faire face à des difficultés d’insertion professionnelle. « De plus, une dérogation à la limite d’âge pour les jeunes reconnus en qualité de travailleurs handicapés, permettra à ce public de bénéficier des emplois d’avenir », a précisé Michel Sapin.
Les emplois d’avenir devraient entrer en vigueur dès novembre
Cette mesure, dont le coût est estimé à 2,3 milliards d’euros la première année puis à 1,5 milliards d’euros la suivante, vise la création de 150 000 emplois, dont 100 000 en 2013, puis 50 000 en 2014. Il s’agira d’emploi à plein temps, en CDI ou en CDD de 3 ans, subventionnés à hauteur de 75 %. En premier lieu ces contrats devraient privilégier les activités ou l’utilité sociale est avérée et les secteurs en croissance qui offrent des perspectives de recrutement dans les années à venir. Aussi les collectivités locales, les associations mais aussi l’Education nationale devraient être les entités les plus à même de recruter des jeunes. Dans ce dernier cas, 18 000 étudiants boursiers, dont le niveau est compris entre la deuxième année de licence et la première année de master, venant aussi de zones défavorisées devraient bénéficier, d’ici à 2015, des emplois d’avenir professeurs. Le ministre du travail a précisé ne pas souhaiter totalement exclure les entreprise privées dans la dynamique des emplois d’avenir. « Dans des secteurs spécifiques, certaines pourront proposer des parcours intéressants pour les jeunes, sur des métiers proches de ceux offerts dans le secteur non-marchand. Mais ces emplois d’avenir sur des projets spécifiques au sein du secteur marchand seront l’exception. Pour ces entreprises, d’autres dispositifs seront mieux adaptés…» a-t-il indiqué. Enfin la nécessité d’accompagner les emplois d’avenir par une formation et un tutorat sera obligatoire. Pour l’heure si l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi visant à créer ces emplois, le texte sera examiné par le Sénat à la fin du mois avant d'être définitivement adopté et mis en place dès novembre.
Gérald Dudouet