Les MOOC (Massive Open On line Courses) ont ouvert une voie nouvelle économique pour la formation… La formation gratuite accessible à tous, un vieux rêve qui renoue avec les idéaux originels de la formation professionnelle. S’agit-il d’un nouveau phénomène de mode, d’un épiphénomène ou d’un changement structurel du marché de la formation ? Comment imaginer une formation gratuite ? Le prix n’est-il pas le curseur de la valeur, pas de prix, pas de valeur ?
Chris Anderson, en 2009, avec son ouvrage Gratuit estime que la question n’est pas tant de savoir quel prix doit être payé que de savoir qui paye le prix ? Si la formation est gratuite, elle a un coût de production, la véritable question est de savoir qui va payer l’addition ? C’est le modèle économique des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazone) qui représente un chiffre d’affaires annuel de 300 milliards de dollars… Comment font-ils ? Ils offrent un service attractif gracieux aux usagers et grâce aux usages qu’ils observent, ils vendent la data via des sociétés de marketing, ce qui a permis cet aphorisme, « si c’est gratuit, c’est que le produit, c’est vous »… la gratuité contre de la data. La formation pourrait être gratuite pour peu que la data soit payante… donnant-donnant.
Suivant un sondage du baromètre Syntec numérique BVA 80 % des français ne croient pas à la confidentialité des données et 70 % d’entre eux n’envisagent pas pour autant de modifier leur comportent, le deal du gratuit est en passe d’être accepté socialement.
Et la formation dans tout çà ?
En septembre 2012, Google apporte sa contribution à la formation avec Course Builder, un logiciel libre et gratuit pour créer son propre cours en ligne avec la possibilité d’incorporer des vidéos, des exercices, des forums ou de constituer un groupe de pratique… le MOOC se googlelise. Parallèlement, Microsoft propose son propre logiciel avec Learning Content Development System, Apple propose iTunes U… les entreprises investissent pour réaliser la formation pour tous, une démocratisation de l’accès à la formation… la formation devient bankable… le modèle économique est en place reste à construire, comme c’est bien souvent le cas en numérique, les usages. Un potentiel ne fait pas une réalité.
Et c’est là tout l’intérêt des entreprises, que d’utiliser le gratuit pour former son personnel à moindre coût. Cela d’ailleurs pose le problème de l’obligation de dépense de la formation dans un monde de gratuit. Le graduit ouvre des usages nouveaux tout particulièrement autour de l’orientation des apprenants vers les gratuits stratégiques pour l’entreprise, avec un nouveau marketing de la fonction, l’érotisation de la formation.
Mais allons plus loin, le gratuit offre des opportunités nouvelles… si la data devient formative, le responsable de formation devient un analyste de données, il devient possible de voir comment les apprenants apprennent, l’évaluation prend une autre forme quel que soit l’algorithme que l’on choisit, il devient plus aisé de pousser la bonne formation au bon moment et à la bonne personne… et avec le mobile, où l’on veut, et quand on veut, apprendre 24 heures sur 24… alors à y réfléchir vivement que le gratuit se généralise à la formation…
Stéphane Diebold
Président de l’AFFEN (www.affen.fr)