Aujourd’hui, le sujet de la qualité de vie au travail est une thématique de plus en plus présente médiatiquement et au cœur des discussions avec les partenaires sociaux dans les organisations. Qu'en est-il de l'articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle en entreprise ? Quelles sont les pratiques actuelles en France ? Quels sont les leviers d'action ?
Selon le baromètre de l’Observatoire de la Parentalité en Entreprise et de l’Unaf (Volet salariés, mars 2013), l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale reste une attente majeure des salariés, encore insuffisamment prise en compte dans les entreprises. 76 % des salariés parents jugent que leur entreprise ne fait pas beaucoup de choses pour les aider.
Depuis 2008, le lancement de la Charte de la Parentalité en entreprise a permis de créer une dynamique et d’instaurer un dialogue dans les entreprises signataires (à ce jour, près de 500 entreprises ont adhéré à cette charte).
Mais, les mesures proposées par les entreprises sont rarement ciblées et ne font pas souvent l'objet d'une véritable politique cohérente intégrée à celle des ressources humaines, par exemple. Ce sont encore souvent des décisions disparates, liées au contexte même de l'entreprise, de la personnalité et des convictions du dirigeant, d'héritages historiques, des usages sectoriels plutôt qu'une politique formalisée.
Cependant, trois types de mesures constituent le répertoire d’action des entreprises françaises en vue de l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle : l’aménagement des horaires, les aides en services (crèches d’entreprise, conciergerie, etc…) et les aides financières (chèques CESU, mutuelle avantageuse pour les familles, indemnisation du congé paternité,…). Les aménagements horaires sont considérés par les salariés comme la mesure la plus favorable à cet objectif d’articulation, mais ne restent que ponctuellement autorisés, notamment si l’on examine les trajectoires des (jeunes) parents.
Les actions des entreprises
Trouver les leviers pour faire évoluer la culture « travail – vie personnelle » est la clé. Et notamment pour aller vers une culture fondée sur les résultats au travail plutôt que sur la présence au bureau, une culture plus empathique face aux enjeux de l’articulation travail–vie personnelle et une culture qui prend en compte le soutien à l’articulation des temps de vie dans les évaluations des managers et des collaborateurs. Ainsi, faire de l'articulation de la vie sociale avec la vie professionnelle un objectif de la négociation annuelle obligatoire dans les entreprises et également une clause des conventions de branche serait peut-être une piste de réflexion pour agir concrètement sur ce sujet.
Un enjeu pris en compte par la conférence sociale de juillet 2012
Actuellement, les partenaires sociaux sont en pleine négociation concernant un Accord National Interprofessionnel (ANI) sur la qualité de vie au travail incluant la question de l’articulation des temps de vie, suite à la conférence sociale de juillet 2012. Cet accord est prévu pour fin juin 2013.
Pour articuler les temps de vie, cet accord prévoit que cette question soit abordée lors de l’entretien professionnel prévu par l’accord du 5 octobre 2009 sur la formation professionnelle (a minima tous les deux ans pour tout salarié ayant au moins deux ans d’ancienneté). Il est également question de demander aux pouvoirs publics d’examiner les meilleures solutions pour impliquer les deux parents dans la prise des congés familiaux, afin de lever toute ambiguïté lors du recrutement d’une femme ou d’un homme et à l’occasion de la gestion de leur carrière.
Les entreprises devraient aussi être incitées à financer la partie du congé paternité non pris en charge par la Sécurité sociale, en alignant le régime social et fiscal de ce complément sur celui des indemnités journalières. Enfin, le comité de suivi du futur ANI devrait évaluer des expérimentations des entreprises en matière de démarches de Qualité de Vie au Travail.
Un changement culturel
Ainsi, au-delà des problématiques d'organisation du travail, de la charge de travail et des horaires, il semble qu'il faille promouvoir un changement culturel.
Mais, les entreprises ne peuvent pas toutes seules à apporter des solutions dans le domaine de l'articulation vie professionnelle – vie personnelle qui semble dépasser largement le cadre de l'entreprise.
Agir sur les comportements demandera donc du temps et surtout une implication importante de l’ensemble des acteurs concernés : collectivités locales, villes, associations, organisations, entreprises.