Une nouvelle étude Opinionway pour Microsoft menée auprès de plus de 2000 Français sur le mois de novembre 2020 redéfinit le bonheur au travail. Quelle place tient l’emploi dans la vie des actifs Français à la suite de la crise sanitaire ? L’épanouissement des salariés par leur métier est-il toujours crucial ? My RH Line déduit de l’étude qu’il n’y a pas qu’une seule vision du bonheur au travail, mais plusieurs.
Les facteurs multiples du bonheur au travail
L’étude commence par évoquer les trois piliers du bonheur qui pourraient être appliqués au contexte de l’entreprise : le partage, la liberté et l’attitude. Pour être heureux, il s’agirait de partager des moments conviviaux, 40% des sondés citent la bonne entente comme facteur de bonheur au travail. Avoir l’esprit libre et adopter une posture optimiste pour profiter des petits moments de la vie permettraient aussi d’être plus heureux en entreprise. Si l’on suit cette logique, le bonheur au travail résulte d’excellentes relations interpersonnelles au bureau tout en étant affranchi de toute pression. En effet, pour 73% des interrogés le travail est une manière de gagner en liberté. La sérénité financière, et donc la rémunération, arrivent en haut de la liste des facteurs liés au bonheur au travail.
“Le travail peut contribuer au bonheur quand on s’accomplit à travers lui, le travail nous fournit l’argent pour construire notre vie (logement, biens, loisirs),” dixit un sondé responsable logistique.
Le bonheur au travail recherché de tous ?
L’étude distingue 4 profils de travailleurs avec une vision de la place du travail dans leur vie bien à eux.
Les passionnés (16%) vont au travail avec plaisir, ce dernier occupe d’ailleurs la majorité de leur vie. Ces travailleurs sont au début de leur carrière ou à la fin de la trentaine. Ils ont intégré leur entreprise récemment ou ont établi leur propre affaire il y a peu. Décrochant peu du travail, ils s’épanouissent quand celui-ci se passe bien et en tirent même une certaine force.
56% des sondés trouvent que le travail doit avoir du sens. Les précurseurs (30%) sont attachés au sens de leur travail. Ils ont souvent entre 25 et 34 ans et occupent des postes de middle management ou de direction. Pour eux, le travail mène à l’épanouissement s’il est aligné avec leurs valeurs. Ce profil a une forte appétence pour le numérique, mais leurs difficultés à déconnecter hors du travail peut leur porter préjudice.
Les modérés 26% ont en majorité entre 35 et 49 ans. Même s’ils bénéficient d’une ancienneté élevée dans l’entreprise, ce sont des exécutants. Cette tranche de salariés n’envisage pas le bonheur au travail, car leur épanouissement se trouve ailleurs. Ce sont souvent des personnes qui ont vécu une déception par le passé, les faisant passer du cercle des passionnés ou des précurseurs à leur opinion actuelle. Ils rejoignent les rangs des 60% de sondés qui voient simplement le travail comme un moyen de gagner sa vie. Par ailleurs, ils font partie des catégories qui séparent plus facilement la vie professionnelle et personnelle. Le brouillage des limites et leurs capacités numériques insuffisantes ont rendu le confinement particulièrement perturbant pour cette catégorie.
Pour 65% des sondés, le travail est un devoir. Les résignés (26%) soutiennent certainement ce point. En fin de carrière, souvent dans un milieu rural et dans les secteurs de l’industrie ou du BTP, ces personnes vont au travail à reculons. Leur emploi est surtout le moyen de payer les factures. En effet, plus de la moitié des interrogés disent que le travail les rend heureux car il permet de subvenir aux besoins financiers personnels et familiaux, c’est d’ailleurs la première condition pour 22% des sondés. Ils voient moins la pertinence des outils numériques pour leur faciliter la vie et vont même jusqu’à y voir comme une menace pour l’emploi, renforçant leur inquiétude pour l’avenir.
L’épanouissement des salariés valorisé
En plus d’une stabilité financière, le travail joue un rôle d’ancrage social : 80% des interrogés reconnaissent que l’emploi est une manière de trouver sa place dans la société. Plus d’un tiers des répondants valorisent le lien social dans le travail, 26% lui attribuent aussi des relations personnelles importantes dans leur vie (amis et conjoints).
“Être heureux au travail symbolise pour moi, l’envie de se lever le matin pour aller travailler et vouloir accomplir sa tâche avec plaisir, que ce travail ne soit pas une contrainte juste économique, » un sondé, coordinateur de sécurité.
Si 40% des sondés estiment que le sentiment d’utilité les rend heureux, ils sont seulement 20% à dire qu’ils exercent leur passion au quotidien. Encore moins d’interrogés évoquent la créativité (15%). Le sentiment de professionnalisme est lui bien présent, 38% disent apprécier le résultat de leurs efforts et le travail bien fait. Selon 38% le travail donne la chance de se réaliser. Cela en développant des compétences comme l’autonomie (43%), le sens de l’organisation et la rigueur (39%), l’esprit d’équipe (32%) et le sens des priorités (22%).
Les menaces qui planent sur le bonheur au travail
Réduction des libertés, fatigue, impact sur la santé, les contraintes de l’emploi peuvent aussi en faire l’ennemi du bonheur au travail. 4 Français actifs sur 10 disent avoir eu des journées plus longues en 2020. D’une part, le risque de surmenage est réel puisque 38% des sondés avouent avoir terminé leur journée plus tard qu’en temps normal durant l’année passée. D’autre part, seulement 22% notent un climat de confiance dans leur entreprise. De plus, 41% des interrogés observent des relations entre collègues devenues plus complexes au cours de la dernière année.
Enfin, les confinements ont fortement impacté l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle des salariés, en particulier les novices du télétravail. Alors que certains disent en avoir été plus heureux : pouvoir travailler au calme (79%) et le faire aux côtés de son conjoint (77%). Quand bien même, 73% ont apprécié pouvoir continuer de se rendre sur leur lieu de travail si besoin. Le mode distanciel pourrait bien se faire l’allier du bonheur au travail, mais pas dans 100% des cas..
Le bonheur au travail repose sur des piliers communs de tous autant qu’il va dépendre de la vision que s’en fait chaque salarié. Une chose est certaine, c’est que la définition du bonheur au travail est profondément ancrée dans l’épanouissement des salariés au sens plus large. 72% des interrogés estiment que le travail contribue au bonheur personnel. Plus de 9 personnes sur 10 pensent que le bonheur au travail et celui dans leur vie personnelle fonctionnent comme des vases communicants. On peut affirmer que le travail continue de tenir une grande place dans la vie des Français, qu’il soit un frein ou un accélérateur à l’épanouissement des salariés et quelle que soit la catégorie à laquelle on appartient : travailleur passionné, précurseur, modéré ou résigné.
Maï TREBUIL