Parmi les difficultés rencontrées par les salariés, celle de parvenir à concilier vie professionnelle et vie personnelle arrive en tête. Temps libre de moins en moins fréquent ou mails à traiter sur son Smartphone le soir ou le week-end… Les salariés ne parviennent plus à déconnecter et les sphères professionnelles et personnelles s’entremêlent: ils peuvent travailler partout et tout le temps. L’entreprise libérée, concept très en vogue depuis quelques années, détiendrait-elle les clés de cet équilibre utopique ?
Popularisée par Isaac Getz en 2009, l’entreprise libérée promet de booster la productivité des sociétés tout en délivrant les employés de la hiérarchie et du contrôle. Ceux-ci s’organisent librement et deviennent autonomes et responsables. En pratique, les horaires libres sont de mise, les vacances deviennent « illimitées » et la pyramide hiérarchique se brise. Grâce à ces préceptes, l’entreprise libérée tend ainsi à favoriser un équilibre vie pro/vie perso idéal.
A noter qu’aujourd’hui, ce sont les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail, et elles attendent des changements en entreprise. Ainsi, celles qui évoluent dans ce sens seront plus attractives que celles qui gardent un fonctionnement traditionnel. D’autre part, l’entreprise libérée place le management au centre de ses réflexions et ouvre le champ des possibles pour les salariés en leur conférant autonomie, auto-organisation ou encore auto-contrôle. L’entreprise libérée se différencie de l’holacratie, système d’organisation basé sur l’intelligence collective, qui dissémine notamment les mécanismes de prise de décisions.
La flexibilité horaire
52 % des employés Français souhaiteraient une plus grande souplesse dans l’organisation de leurs heures de travail.[1] Les horaires flexibles représentent un levier d’engagement important et un moyen de travailler plus efficacement : ils responsabilisent les salariés dans la gestion de leur emploi du temps et améliorent leur productivité. Selon les fondements de l’entreprise libérée, les horaires classiques restent un frein à une vie personnelle épanouie. En travaillant aux heures qui leur conviennent, les employés peuvent emmener leurs enfants à l’école, faire leurs courses hors week-end ou faire du sport plus librement ; et sont ainsi totalement concentrés sur leurs missions lorsqu’ils travaillent.
Des bureaux qui appellent à la motivation
L’espace de travail s’est muté en un véritable outil de stratégie et de management. Afin de tirer le meilleur parti de leurs salariés, certaines entreprises ont choisi de leur offrir un cadre de travail agréable, relaxant ou ludique. Inspirés des pratiques des géants Google et Facebook notamment, les aménagements atypiques engendrent une meilleure efficacité et un réel engagement des collaborateurs. C’est ainsi que de plus en plus de sociétés mettent en place des salles de siestes, de sport, des bibliothèques ou encore des salles de jeux à disposition de leurs employés.
Le télétravail
Pour les entreprises libérées, ce concept conditionne la création d’un lien plus souple entre l’entreprise et le salarié, en prônant l’autonomie et la confiance. Un tiers des Franciliens mettraient en moyenne 45 minutes pour se rendre à leur travail, soit 7,5 heures de transports chaque semaine.[2] Ils se lèvent plus tôt, renoncent à des moments en famille et affrontent les embouteillages ou les trains bondés. In fine, les salariés arrivent au bureau déjà épuisés et démotivés. A l'heure du digital, le travail à distance, alternative permettant aux entreprises de gagner en productivité, offre aux employés la possibilité de se libérer du stress et de gagner en indépendance. Plus focalisés sur leurs missions et au calme chez eux, le télétravail leur permettrait un gain de productivité de 22 %.[3]
Les services pratiques et familiaux
Afin de concilier au maximum vie professionnelle et vie personnelle, certaines entreprises, conscientes de la limite de plus en plus floue entre bureau et maison, ont choisi d’inverser la tendance. En apportant certains services au sein de l’entreprise, celles-ci entendent faire gagner du temps à leurs employés. Conciergerie (Pressing, plomberie, dépannage de véhicule…), coiffeurs ou encore crèches envahissent ainsi les bureaux. Ces mesures très populaires auprès des travailleurs, les affranchissent du stress des horaires de fermeture. Ils peuvent donc profiter pleinement de leur temps libre, sans « corvées » à réaliser une fois partis du bureau. Résultat ? Ils se consacrent pleinement à leur travail et s’en trouvent encore une fois plus efficaces.
Les vacances illimitées
Pour la société Netflix par exemple, la clef d'une bonne gestion de ses équipes serait la confiance. Ainsi, elle ne « flique » pas ses salariés et leur offre notamment des vacances illimitées : s'ils partent se reposer, c'est qu'ils en ont besoin et qu'ils seront plus performants à leur retour. En pratique, dans une entreprise libérée, il n’est pas nécessaire de demander l’accord préalable en prenant des congés. C’est à l’employé de décider quand il ressent le besoin de prendre quelques heures, jours ou semaines « off », tant que son équipe reste à jour des projets et dossiers en cours. Ainsi, « zéro » fatigue et frustration.
Ainsi, le concept d’entreprise libérée agit sur de nombreuses facettes du fonctionnement d’une société. En responsabilisant à l’extrême les collaborateurs, ces managers et entrepreneurs « nouvelle génération » entendent maximiser le bien-être au travail, avec toujours pour objectif une activité plus performante. Les salariés ne s’en trouveraient donc que gagnants ? Ces concepts sont tout de même à relativiser. L’entreprise libérée reste un phénomène récent et ne peut s’apparenter à une « recette miracle ». Le recul et les cas concrets sont nécessaires pour en évaluer l’impact réel sur la productivité des entreprises.
Par Julien André, Directeur Emploi de Vivastreet.com