Après quelques semaines de vacances, la rentrée au travail peut être une période difficile à vivre, et chargée d'appréhensions de toutes sortes.
Comme tous les changements dans notre vie professionnelle (début dans un emploi, retour de congés maternité, départ en retraite etc.), la rentrée est un moment vécu "sans transition", souvent de manière assez "brutale".
Pendant plusieurs semaines, nous avons adopté des habitudes différentes, plus orientées vers la satisfaction de nos envies, de nos besoins, plus proches de nos aspirations, de nos inclinations naturelles, et, du jour au lendemain, il nous faut renoncer aux plaisirs de cette vie riche de satisfactions, et retrouver, souvent à notre corps défendant, les contraintes du travail.
Bien que le stress que nous devons à notre vie professionnelle est en grande partie lié à des facteurs sur lesquels notre influence reste limitée (charge de travail importante, horaires de travail contraignants etc.), il existe néanmoins des solutions simples, qui peuvent nous aider à gérer plus efficacement les situations de stress auxquelles nous sommes confrontés dans notre quotidien de travail.
Le stress est un mécanisme qui a partie liée avec notre psychisme (c'est lui qui évalue le potentiel "stressogène" d'une situation), et avec notre corps (qui sécrète les hormones qui nous aident à mieux nous défendre contre les agressions du monde extérieur). De même, les ressources que nous déployons pour faire face au stress s'originent autant dans notre "psyché" (ressources psychologiques : dispositions d'esprit, sérénité etc.), que dans notre corps (ressources énergétiques principalement).
Ainsi, si certaines dispositions d'esprit peuvent contribuer à mieux gérer le stress, sans l'appui du corps (qui nous fourni les ressources et l'énergie nécessaires pour nous adapter au monde qui nous environne), nos efforts risquent de rester vains.
Pour ne pas craquer dès les premiers jours de la reprise, se laisser submerger par le stress et tout envoyer promener, voici quelques conseils élémentaires, issus de l'expérience des psychologues de santé au travail, pour mettre notre esprit et notre corps au diapason, et lutter plus efficacement contre le stress de la rentrée.
Renforcer notre sérénité au travail :
Préserver notre vie privée de "l'envahissement" par le travail : s'il est illusoire de prétendre compartimenter de manière totalement "étanche" notre vie privée et notre vie professionnelle (les soucis que nous rencontrons au travail nous "poursuivent" à la maison, de manière parfois inconsciente, et il en va de même pour nos soucis personnels au travail), certains comportements peuvent néanmoins favoriser une meilleure articulation de ces deux pans essentiels et constitutifs de notre vie :
- Prendre soin d'éteindre notre téléphone et/ou notre ordinateur sitôt la journée de travail terminée.
- Essayer d'adapter nos horaires de travail à notre vie privée : commencer à travailler plus tôt (ou plus tard) le matin, pour rentrer plus tôt (ou plus tard) le soir, prendre de l'avance sur notre travail quand personne ne nous attend à la maison, pour pouvoir plus facilement nous libérer et nous accorder du temps pour nos loisirs ou nos proches.
- Se ménager des moments à soi, loin de notre environnement de travail, lors de la pause déjeuner par exemple : préférer déjeuner "en ville", seul ou avec des amis, ou chez soi en famille, plutôt qu'au restaurant d'entreprise.
Adopter une attitude avenante et bienveillante envers l'ensemble de notre entourage professionnel : la rentrée peut être l'occasion de nouer de nouveaux contacts, d'aller vers des personnes "nouvelles" à qui nous n'avions jamais adressé la parole. La convivialité est un facteur essentiel de défense contre le stress au travail, elle nous protège au quotidien en nous apportant le "soutien social" dont nous avons tous besoin, et sans lequel il nous est impossible de nous épanouir durablement.
Veiller à reconnaître la qualité du travail des autres, qui ne manqueront pas, espérons-le, de louer en
retour la qualité du notre. Le manque de reconnaissance de la qualité du travail de chacun est un
facteur de stress majeur et insuffisamment pris en considération dans le monde du travail actuel : nous avons tous besoin que quelqu'un nous dise que ce que nous faisons est "bien", ou "beau".
Même si nous sommes intimement persuadés que nous faisons du bon travail, sans le jugement d'autrui, ce sentiment risque fort de s'étioler et de perdre son pouvoir protecteur pour notre estime de soi.
Investir les tâches qui nous donnent du plaisir, celles pour lesquelles nous avons des compétences, un "talent" particulier, et considérer les autres tâches avec philosophie : il est illusoire de s'imaginer que certains ne font "que ce qui leur plaît", nous devons tous accomplir des tâches ennuyeuses et monotones, et ces tâches nous permettent d'apprécier d'autant plus le travail qui nous intéresse.
Prendre du temps pour organiser plus efficacement notre travail, et ainsi libérer notre esprit de certaines contraintes : cette période de rentrée peut être propice à effectuer les rangements ou les tris que nous remettions sans cesse à plus tard, jeter certains dossiers inutiles qui encombrent nos armoires, mettre à jours nos calendriers, nos agendas, pour mieux nous lancer dans de nouvelles perspectives, dans de nouveaux projets professionnels.
Ménager notre corps au travail :
La rentrée au travail, c'est aussi "la rentrée du corps", un corps épanoui qui saura faire face plus efficacement aux agressions du monde du travail.
Ainsi, la rentrée peut être l'occasion de prendre (ou de reprendre) certaines habitudes que nous avions mises en sommeil pendant les vacances.
Pratiquer régulièrement un sport, ou, à défaut, la marche à pied (privilégier la marche à certains transports) : le sport, en plus de ses bienfaits reconnus pour notre santé et notre équilibre, représente un moment privilégié pour "déconnecter" notre esprit du travail, et laisser nos pensées "vagabonder" loin des soucis du bureau.
Se ménager quelques moments dans la journée pour se relaxer et respirer profondément, lentement et régulièrement, en concentrant nos pensées sur les bienfaits d'une telle respiration : apport d'oxygène dans l'ensemble de notre corps, accroissement ou apparition d'un sentiment de bien-être etc.
Se contraindre à adopter des rythmes de vie et des habitudes alimentaires "saines" :
- Se nourrir sainement et de manière équilibrée (on ne répétera jamais assez les bienfaits d'une telle alimentation !)
- Prendre le temps de manger : engloutir son repas rapidement, sans mastiquer suffisamment et convenablement la nourriture, fatigue notre organisme et favorise les excès de table, en trompant la sensation de satiété qui nous sert à réguler nos apports alimentaires.
- Prendre nos repas à heures fixes, pour habituer notre corps à des rythmes réguliers, souvent plus conformes et adaptés aux rythmes imposés par le travail.
- Dormir suffisamment : le manque de sommeil est un facteur de stress très important, qui va générer toutes sortes de comportement propices à provoquer ou accentuer le stress : irritabilité, impatience, difficultés de concentration, etc.
- Adopter des horaires réguliers de couché et de levé : notre cerveau contient de véritables "horloges", qui définissent notre propre rythme naturel de sommeil, et les écarts que nous imposons à ces "régulateurs" de santé que sont ces horloges, peuvent être source de fatigue et de stress.
Bonne rentrée à toutes et à tous !
David Moisson
Psychologue du travail spécialisé en psychopathologie du travail
Consultant en risques psychosociaux