Tout comme la maison mal isolée, l’entreprise négligente ou ignorante des règles de bonne gestion de ses ressources humaines perd de l’énergie. Une énergie précieuse voire vitale dans un contexte économique durablement tendu. L’entreprise où règnent stress et désengagement est une passoire qui s’épuise à réunir des ressources qui se dispersent de toutes parts. Car si le temps vaut de l’argent, l’énergie des salariés vaut certainement de l’or dans un écosystème mondialisé. Cette énergie précieuse, ce n’est pas l’énergie thermique, la chaleur qui fuit de la maison, mais l’enthousiasme et l’engagement collaborateur, leur volonté de produire et de créer qui s’érode lorsque les conditions de travail sont dégradées, ou que le management est défaillant. Le bon gestionnaire devient alors celui qui sait celui qui sait repérer les pertes d’énergie, celui qui sait gérer au mieux l’énergie des femmes et des hommes en entreprise, celui qui connaît l’alchimie de sa genèse et bien sûr celui qui en comprend la logique.
La marche pourrait sembler bien haute et la tâche bien complexe si la métaphore, connue de tous, de la maison mal isolée ne nous donnait des références très instructives.
Des tableaux de bords pour repérer les « fuites »
« Si vous ne savez pas le mesurer, vous ne saurez pas le gérer » dit le dicton. Il existe des instruments de mesure pour les pertes d’énergie thermique. Les thermogrammes permettent ainsi de connaître la localisation et la magnitude des fuites calorifiques. La bonne nouvelle est que des instruments permettent également de mesurer les fuites d’énergie des RH dans le domaine de l’entreprise. Ces tableaux de bords sociaux permettent tout à fait de suivre des fuites comme l’absentéisme, le présentéisme et d’en déterminer l’origine, les causes et les coûts. La première étape consiste donc à démocratiser l’usage des ces tableaux de bords auprès du plus grand nombre.
L’analyse systémique pour comprendre la logique
Certains pensent qu’ils peuvent régler le problème de l’absentéisme par le seul contrôle médical. C’est trop souvent une cruelle erreur. Au mieux l’absentéisme baisse un peu et pendant quelques temps. Au pire le problème réapparaît en même temps qu’il ne se déplace ! Quel est l’intérêt de réduire l’absentéisme si le désengagement augmente en parallèle parce que certains salariés trouvent ces contrôles abusifs et cherchent tout moyen pour exprimer leur frustration ? Pourquoi ? Car, à l’image de notre maison mal isolée, il faut concevoir l’isolation de l’énergie du capital humain avec une vue globale. Si vous n’isolez que la fenêtre, l’air trouve un autre point de fuite et le problème demeure entier ! Il faut donc considérer le problème dans la globalité. Charge alors au gestionnaire de suivre, analyser et prévenir les causes du mal-être.
La prévention comme mode d’action
Conséquence de l’observation précédente, en manière de gestion des ressources humaines il n’y a donc pas d’autre choix que celui de tendre vers la prévention. Pour éviter de devoir gérer stress, absentéisme, RPS, présentéisme, AT, vols, dégradation de matériel, etc. la seule alternative est d’en résoudre les causes. Puisque la frustration trouve toujours un point de fuite, il n’existe donc pas d’autre solution que de la prévenir en amont. La prévention n’est alors plus une incantation éthique ou humaniste. Elle devient un outil de gestion de la performance économique et sociale.
Guillaume Pertinant