En 2007, Pascal Bernard, vice-président de l’ANDRH et DRH, à l’époque, d’Eau de Paris, avait été le premier à mettre en place un congé paternité pour tous les salariés de la société, quelle que soit leur sexualité. Une idée qui semble avoir fait son chemin, notamment chez SFR où cette initiative devrait prochainement être appliquée.
Si la question du mariage homosexuel et de l’adoption par des couples du même sexe oppose en cette période électorale la plupart des formations politiques, SFR lance un pavé dans la mare.
Dans le cadre des discussions sur l’accord «égalité professionnelle homme femme », l’opérateur de téléphonie s’est déclaré favorable à un congé paternité de 11 jours pour ses salariés homosexuels.
Un acte d’ouverture soutenu par Marie-Chistine Théron, directrice général des ressources humaines du groupe qui fait suite à un entretien fin janvier avec HomoSFèRe, l’association des lesbiennes, gays, bi et trans du groupe.
« Nous portions ce projet depuis mai 2011, suite à la demande d’une collaboratrice de l’entreprise qui avait un projet homoparental avec sa compagne. Elle souhaitait savoir si elle bénéficierait de ce fameux congé, une question qui n’avait jusqu’alors jamais été évoquée chez SFR. Dès lors, nous avons commencé à consulter la direction et les organisations syndicales pour les informer de cette demande.
Une démarche qui a trouvé, en janvier 2012, un écho favorable de la part de Marie-Chistine Théron et de la direction qui nous ont donné un accord de principe pour étendre le congé paternité aux salariés homosexuels » temoigne Sylvie Fondacci, présidente et porte-parole de l’association.
Un signal fort qui lève un tabou
Pour l’heure et malgré les nombreux articles de presse affirmant que ce congé à d’ores et déjà été validé par l’entreprise, la proposition n’est pas encore actée.
« La décision a bien été ajoutée aux points de négociation avec les partenaires sociaux dans le cadre des discussions sur l’accord « égalité professionnelle homme femme » mais elle n’est pas encore finalisée» précise prudemment une porte parole du groupe.
Et si certains y voient un acte politique, l’entreprise le réfute : « SFR est et a toujours été volontariste sur la diversité et sur l’égalité professionnelle, accéder à cette demande correspond donc à une évolution normale de notre société ».
Un point de vue partagé par l’association HomoSFèRe qui ne néglige toutefois pas la période électorale amorcée. « L’information a été relayé dans les médias par notre association.
Communiquer sur cet accord de principe, sur cette avancée, c’est aussi faire entendre, à ce moment donné, nos revendications au niveau national » précise Sylvie Fondacci qui voit, outre le congé paternité, la question globale de l’homosexualité mise sur le devant de la scène chez l’opérateur de téléphonie. «
En abordant cette question, la direction de l’entreprise s’exprime en faveur des LGBT du groupe SFR. Au-delà de ce congé, cela permet aux homosexuels d’outrepasser leurs appréhensions et de ne pas se cacher de peur de ne pas évoluer dans l’entreprise ou d’être jugés par leurs collègues … Ce signe fort de la direction lève un tabou ! » ajoute-t-elle.
Reste à attendre le 6 mars prochain pour voir ce congé paternité validé par la direction de l’entreprise et les partenaires sociaux.
Gérald Dudouet