Comme chaque année, le dernier trimestre annonce la période de renouvellement des contrats Frais de santé et Prévoyance pour les acteurs de l’assurance. Les entreprises et leurs salariés, ainsi que les sociétés de conseil et les assureurs s’apprêtent à faire face à une fin d’année sous tension budgétaire. L’objectif de cette année 2023 sera de trouver un équilibre entre inflation croissante et maintien du pouvoir d’achat des assurés.
En matière de santé, l’année 2023 n’y échappera pas !
Le constat du 1er semestre 2022 sur les dépenses de santé
Après plus de deux années de consommation singulière et inédite, le constat du 1er semestre 2022 n’est pas surprenant. A l’unanimité, il est observé une tendance haussière des dépenses médicales avec une dérive aux alentours de 6% entre le 1er semestre 2021 et le 1er semestre 2022.
Les causes de cette croissance laissent à penser que l’année 2023 s’inscrira dans la même lignée que les précédentes :
- La période de « rattrapage Covid » perdure : bien que déjà entamée sur l’année 2021, cette période de rattrapage des soins se poursuit, notamment sur les soins dentaires et les reports d’hospitalisation ;
- Une crise sanitaire qui s’éternise : les multiples « vagues Covid » dérèglent les habitudes de consommation des assurés et entrainent avec elles leur lot de dépenses de santé (consultations, laboratoires, pharmacie…)
- Une évolution de la consommation structurelle : l’environnement des assurés évolue et leur consommation suit. Le contexte de ces dernières années engendre des consommations à plus long terme avec, par exemple, le développement des troubles musculosquelettiques, bien souvent liés à l’environnement professionnel, ou encore les consultations d’ordre psychologiques et la croissance des maladies chroniques.
Evidemment, à cela s’ajoute l’inflation, aux alentours de 5,9% d’après l’INSEE, à laquelle les secteurs de la santé et de l’assurance ne pouvaient échapper. L’ONDAM en sera la traduction, avec une prévision à 3,5%, dans l’attente de la confirmation du Gouvernement à travers le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale.
Une hausse de la consommation sur les contrats complémentaire santé
Au premier semestre 2022, les assureurs observent une hausse de la consommation, expliquée par une dérive des régimes complémentaires de l’ordre de 2 à 4%. Deux raisons principales expliquent cette tendance :
- La réforme du 100% santé : l’objectif de cette réforme était de contrer le renoncement aux soins sur les postes coûteux. Force est de constater que cette réforme était nécessaire puisqu’il est constaté une augmentation des soins dentaires de 20%, portée majoritairement par les paniers libres et maîtrisés ainsi qu’une augmentation du poste prothèses auditives, autour de 60% ;
- Les vagues Covid : bien qu’une partie des actes liés au Covid soit prise en charge par l’Assurance Maladie, les complémentaires n’en restent pas moins touchées, notamment avec l’augmentation de la fréquence des consultations et des dépenses en pharmacie.
Déjà frileux en 2021, les assureurs avaient anticipé le rattrapage des consommations avec des demandes d’indexation fortes pour 2022. L’année 2023 restera dans cette tendance, le rattrapage des déficits s’ajoutant à la tendance prudentielle face à la dérive et devrait atterrir à une hausse des tarifs entre 3% et 4,5%. Sans oublier l’indexation du Plafond Mensuel de la Sécurité sociale (PMSS), gelé depuis 2020. Cette double indexation devrait conduire à un total de 7% afin de maintenir l’équilibre des contrats.
Bien que l’Etat ait appelé les acteurs de la santé à une modération des tarifs, il faut s’attendre à des positions tranchées de la part des organismes assureurs. Certains secteurs en ont déjà fait les frais notamment avec le désengagement des organismes dans les branches professionnelles et dans les secteurs les plus exposés aux risques santé, comme les domaines de la santé et du médico-social.
Prévoyance : l’impact de l’absentéisme
Etat des comptes
Côté prévoyance, les comptes ont été plombés par les arrêts maladie Covid ainsi que par les troubles psychosociaux en découlant. Les régimes de prévoyance ont, en partie, pris le relais de l’assurance maladie sur les absences et prises en charge de cas d’arrêts de travail. De plus, les contrats se fragilisent à cause du vieillissement de la population salariée avec le report de l’âge de départ à la retraite.
L’impact du Covid et l’absentéisme
Autre conséquence majeure du contexte actuel, la montée en charge des arrêts de travail. On observe à ce jour environ 40% de salariés arrêtés en 2022, contre 35% en 2020. De plus en plus poussées, les études sur l’absentéisme font ressortir une évolution des causes de ces arrêts.
L’étude des arrêts de travail laisse apparaitre un retour aux chiffres anté-covid. Pour autant, les causes de ces arrêts sont différentes. On y retrouve notamment l’épuisement professionnel et les troubles psychosociaux, en augmentation de 9 points par rapport à 2016. Cette évolution deviendra probablement plus structurelle que conjoncturelle et sera sans nul doute impactante sur les comptes. En effet, le terme d’un arrêt pour troubles psychosociaux est bien plus incertain qu’un arrêt pour maladie « classique ».
Ces causes modernes se retrouvent dans les études sur le bien-être au travail et le désengagement des salariés. Selon une analyse de panel clients Gerep, le désengagement des salariés augmente : 39% d’entre eux se dit désengagé contre 35% en 2020. Ce désengagement est inévitablement lié à l’absentéisme. Une autre donnée qui évolue également est l’âge des salariés en arrêt de travail. Les catégories les plus touchées par l’absentéisme sont les jeunes de moins de 34 ans (46%), puis les femmes, les managers et les salariés aidants ou les parents de famille monoparentale.
L’autre constat tiré des données issues de la DSN (déclaration sociale nominative) au 1er semestre 2022 concerne l’augmentation des arrêts longs sur les prestations des assureurs prévoyance. Ils représentent 14% de l’ensemble des arrêts de travail en 2022 contre 9% en 2018.
De ces causes multifactorielles, une inflation des provisions mathématiques est observée, suite logique au regard de l’âge des salariés, du recul de l’âge du départ à la retraite et de la durée des arrêts. Ce seront entre autres ces provisionnements qui viendront fortement peser sur l’équilibre technique des contrats. La remontée des taux d’intérêts qui s’applique sur les provisions mathématiques aura un léger impact positif mais encore inconnu à date.
Les leviers du renouvellement
Tandis que les organismes assureurs s’orienteront vers une hausse tranchée des cotisations, tant Frais de santé que Prévoyance, les entreprises devront quant à elle, minimiser les impacts financiers pour elles-mêmes et leurs salariés.
Les négociations s’annoncent ardues avec les organismes assureurs mais les équipes de Gerep restent confiantes grâce à une forte capacité d’ingénierie des risques, et une expertise financière et technique.
L’essor du digital a permis le développement d’outils d’observation et de prévention :
- Diagnostic des risques et anticipation des dérives
- Accompagnement des salariés en difficulté et proposition d’une solution adaptée
- Outils de pilotage afin de calibrer au plus fins les tarifs
Ces outils permettent la mise en place d’actions adaptées, allant de la communication aux salariés pour les accompagner dans leurs dépenses de santé à l’aide au retour à l’emploi pour épurer les comptes prévoyance.
En dernier recours, et face à des assureurs trop « gourmands », la mise en concurrence devient nécessaire. Entre digitalisation et loi de résiliation infra-annuelle, les entreprises sont de plus en plus volatiles et moins frileuses à se déplacer. Il conviendrait donc de changer d’assureur pour ne pas subir la hausse des prix annoncée pour 2023, qui pourrait atteindre dans certains cas 10 à 20%.
Pour en savoir plus sur le sujet
En tant que partenaire de myRHline, Gerep, votre conseil expert en protection sociale vous aide à décrypter la problématique des renouvellements assureurs. Découvrez le prochain webinar en présence de Olivier Massa, Directeur Général Adjoint en charge du développement de la stratégie Protection sociale de Gerep, le 27 septembre 2022 à 11h00 sur le sujet suivant « Vos tarifs santé et prévoyance : Préparez-vous à de fortes majorations au 1er Janvier 2023 ».
Olivier Massa