France Stratégie montre, dans une note d’analyse publiée ce jour, que le déficit d’emplois à temps partiel en France est à relativiser même si des marges de manœuvre existent pour encourager son recours aux deux extrémités de la vie active.
En 2014, la France affichait un taux d’emploi inférieur de près de 10 points à celui des pays européens les plus performants. Le retard français se concentre sur l’emploi à temps partiel dont la part dans la population en âge de travailler est inférieure en France de 7 points par rapport au niveau enregistré dans les pays à fort taux d’emploi.
Des politiques publiques qui ont privilégié l’emploi à temps plein
La France a encouragé l’activité féminine à temps plein ou temps partiel long avec des politiques publiques visant à concilier vie professionnelle et vie familiale. Une part importante du déficit apparent d’emplois à temps partiel est ainsi compensée par le fait que les femmes d’âge médian sont plus nombreuses à travailler à temps plein en France que dans les pays européens à fort taux d’emploi.
Au début des années 2000, la France a réduit la durée légale de travail de 39 heures à 35 heures et supprimé les dispositifs d’allègements de cotisations sociales patronales sur le temps partiel. Ces mesures ont eu pour effet de stopper la progression de l’emploi à temps partiel qui s’était amorcée au début des années 1980. L’emploi à temps partiel et à temps plein apparaissent ainsi relativement substituables en France, contrairement à Allemagne où les deux types d’emploi sont plus complémentaires.
Les gisements d’emplois dans les services peu qualifiés sont à relativiser
Le déficit d’emplois à temps plein et à temps partiel, en France, par rapport aux pays européens à fort taux d’emploi, s’observe dans la plupart des activités mais dans deux en particulier : l’industrie manufacturière, où l’on dénombre 1 million de postes en moins, et le commerce, qui accuse un déficit de 600 000 postes.
Le déficit d’emploi manufacturier provient essentiellement du moindre poids économique de l’industrie en France. Dans le commerce et l’hébergement-restauration, il s’explique pour une part importante par des différences en matière de temps de travail : le taux d’emploi à temps partiel est plus faible dans ces secteurs en France que dans les pays à fort taux d’emploi mais la durée effective moyenne des temps partiels y est aussi plus longue. Les écarts se resserrent ainsi fortement quand ils sont mesurés non plus en nombre d’emplois mais en équivalent temps plein, ce qui réduit l’ampleur du gisement espéré.
Encourager le recours au travail à temps partiel ?
Si le choix collectif opéré en France en faveur du temps plein peut être remis en cause – les modèles de ses partenaires européens apparaissant plus favorables à l’emploi –, la cohérence de fait du modèle français notamment pour ce qui est de l’activité féminine conduit à relativiser les bénéfices à attendre d’une éventuelle inflexion.
Des marges de manœuvre existent néanmoins pour développer le recours au temps partiel aux deux extrémités de la population active pour les hommes comme pour les femmes. Pour les jeunes, il conviendrait notamment de favoriser le cumul de l’emploi et de la formation, le meilleur gage de réussite étant que l’activité rémunérée reste en lien avec les études et non chronophage. Les formations en alternance infra et post-bac (bac – 3/bac + 3) permettent de concilier activité rémunérée et études tout en assurant une plus forte insertion sur le marché de l’emploi. Pour les seniors, une sortie du marché du travail plus progressive par le recours au temps partiel constitue un moyen d’accroître leur taux d’emploi.