Le Comptoir de la nouvelle entreprise, par Malakoff Humanis, vient tout juste de présenter les résultats du baromètre annuel télétravail 2021. Parmi les enseignements principaux que l’on en tire, on apprend que le nombre de salariés en télétravail à la fin de l’année 2020 égalait celui de la fin de l’année 2019, avant la pandémie. Un chiffre étonnant quand on sait que le gouvernement encourage très fortement le maintien du télétravail dans les entreprises pour des raisons sanitaires et afin d’éviter un nouveau confinement.
Baromètre annuel télétravail 2021, les chiffres
Parmi les chiffres les plus probants, on lit donc que le nombre de télétravailleurs est passé de 30% à 41% entre novembre 2019 et le premier confinement, pour retomber à 31% en décembre 2020. Seule différence, le nombre de jours télétravaillés est passé de 1,6 jour en moyenne en 2019 à 3,6 jours en 2020. Près de la moitié (45%) des télétravailleurs est en 100% télétravail, ils étaient 52% en mai.
Parmi les télétravailleurs du premier confinement, ils étaient 44 % à expérimenter ce mode de travail pour la première fois et 75% à n’avoir jamais connu le télétravail à 100% avant. Pour ce qui est des 31% d’actifs en télétravail au mois de décembre 2020, ce sont les secteurs service et banque/assurance qui comptaient la plus grosse part d’effectif en télétravail (62%). 23% du secteur de la santé, 19% du secteur commerce et 17% de l’industrie étaient en télétravail par ailleurs. À l’inverse, 61% des salariés ont déclaré travailler à temps complet sur site fin 2020. Cela représente 76% pour l’Industrie, 74% pour le secteur de la Santé, 65% pour le Commerce, 36% pour le secteur Banque/Assurance et 35% pour les Services. Côté présents en entreprise, ils étaient moins d’un tiers au premier confinement et 51% durant la reprise de juin.
Des avis sur le télétravail mitigés
Le baromètre annuel télétravail 2021 indique des avis mitigés sur le télétravail, mais la majorité des télétravailleurs reste satisfaite. D’une note de 8/10 en novembre 2019, la satisfaction tombe à 6,9/10 en avril 2020 pour revenir à 7,2/10 en décembre 2020. Peu de télétravailleurs (14%) refusent de repartir en télétravail une fois la crise terminée. Mais globalement le mode de travail est plébiscité par un majorité de dirigeants (67%) qui y sont favorables. D’ailleurs 47% le pratiquent eux-mêmes.
Mais l’idée du télétravail obligatoire n’enchante pas tout le monde. Un tiers des salariés se montre inquiet à cette idée, ainsi que 35% des managers. Ils sont 25% à être défavorables globalement au télétravail contre 18% en 2019, une évolution symptomatique des difficultés de management à distance rencontrées durant l’année 2020.
L’importance du collectif
Le collectif dans l’entreprise a été le premier à souffrir de la crise et de la généralisation du télétravail. En effet 56 % des télétravailleurs se sentent plus engagés quand ils travaillent dans l’entreprise et 61 % se sentent plus efficients dans le travail d’équipe. Pour une majorité de salariés (59%) et encore plus les jeunes (77%) apprécient de venir travailler sur site pour les moments de convivialité avec les autres collaborateurs.
Ce lien social que procure le collectif a manqué à 26% de télétravailleurs pour qui la situation a eu un effet délétère sur leur santé mentale. Ils étaient 12% dans ce cas en 2019. Une situation qui met les managers à l’épreuve dans leur rôle de maintien du collectif au sein des équipes. 43% d’entre eux ont dû faire face à la gestion de salariés fragilisés par la situation. 64 % des salariés et 54% des dirigeants pensent par ailleurs que le télétravail risque de faire apparaître des fractures entre les salariés dont la fonction ne leur permet pas de télétravailler et les autres.
Le travail hybride, une réponse ?
La certitude de beaucoup que le développement du télétravail ne s’arrêtera pas au contraire est très présente (75 % des salariés et 66 % des dirigeants ). Cet avis est d’autant plus partagé parmi 86% de cadres, 80% de femmes, 80% de salariés en grandes entreprises, 83% d’entreprise des services et 80% de Franciliens. 86% des télétravailleurs comptent en tout cas continuer le télétravail. Le rythme idéal de travail à distance est de 2 jours par semaine contre 1,4 jour en novembre 2019.
Il se dessine une organisation basée sur l’alternance de moments sur sites et de moments en télétravail. 52% de salariés pensent pouvoir faire tout ou quasiment tout leur travail à distance, 15% pensent pouvoir faire la totalité. Pour plus de la moitié, le télétravail permet une meilleure concentration et une meilleure gestion du temps. 72% des télétravailleurs ressentent moins de fatigue, 69% se sentent plus autonomes et davantage responsabilisés. L’activité plébiscitée à distance est la rédaction (74%).
Sur les moments sur site la gestion des difficultés liées au travail est plébiscitée (73%) ainsi que les réunions (74%). Comme indiqué plus tôt, le collectif est plébiscité dans les moments en entreprise (32%). 46% y recherchent des moments de convivialité, d’ailleurs le plus souvent, le bureau attitré dans un open space ou bureau partagé est le plus répandu (66% de salariés contre 16% en bureau individuel fermé). Le lieu bureau en tant que tel est envisagé modulaire pour 14%, avec des espaces dédiés à l’innovation et à la créativité, 17% plébisciteraient son utilisation pour la formation.
Management et télétravail, un duo épuisant
Le baromètre annuel télétravail 2021 révèle que l’engouement pour le télétravail a baissé pour les managers. De 55 % d’avis favorables fin 2018 le baromètre affiche 50 % fin 2020. La mise en place du télétravail est difficile pour un plus grand nombre d’entre eux 40 % fin 2020 contre 18% fin 2018. Une perte d’engouement qui peut s’expliquer par les difficultés de management à distance apparues lors d’un passage au télétravail massif et l’augmentation des jours télétravaillés par semaine.
Pour les managers, ce qui semble le plus difficile est de faire évoluer les postures managériales dans l’entreprise pour 33 %, d’agir pour le maintien du collectif afin d’éviter l’isolement et de maintenir l’esprit d’équipe (31 %) et de faire évoluer l’organisation du travail dans l’entreprise (30 %). Dans ces défis, seuls 32% des managers ont été accompagnés dans la mise en œuvre du télétravail. Peu ont eux-mêmes mis en place des formations pour les collaborateurs (28 % vs 37% en 2019), un chiffre qui peut s’expliquer par le caractère d’urgence lors du passage massif en télétravail en mars 2020. A défaut 55% ont tout de même fait en sorte de transmettre des bonnes pratiques en rapport avec l’utilisation d’outils collaboratifs.
Enfin, bien que le passage en télétravail aie été une épreuve pour beaucoup, 51% de managers considèrent que le télétravail est bénéfique par l’autonomie qu’il confère. 35% pensent qu’il permet de diminuer les absences et 33% pensent que la pratique participe à la satisfaction des salariés.
La rédaction de myRHLine