LinkedIn publiait, le mois dernier, une liste des mots « les plus en vogue » dans ses profils professionnels français. Des termes passe-partout et tendance qui, s’ils sont évidents, n’ont rien d’utile dans la case « mots-clés ».
Le mot-clé : un code d’accès
Les utilisateurs du réseau LinkedIn seraient donc innovants, dynamiques, motivés, audacieux, proactifs, auraient une expérience considérable, l’esprit d’équipe, de solides antécédents, le sens du résultat et apporteraient une forte valeur ajoutée à l’entreprise qui souhaiterait les recruter(1). On retrouve dans cette liste tout le lexique du candidat idéal. Pourtant… sur les réseaux sociaux, aucun de ces termes ne ferait un bon mot-clé dans un profil professionnel.
« En tant que recruteurs, nous adoptons une approche de touche », justifie Gil Couyère, Président de Selexens. Et les mots dynamique ou innovant ne sont pas de bons appâts. D’une part, un recruteur ne réalisera jamais une recherche de candidats potentiels à partir de ces termes ; d’autre part, « ils sont vus et revus, donc inintéressants », ajoute-t-il. Car le candidat, lorsqu’il construit son profil, doit toujours garder en tête son objectif : se faire repérer dans la masse.
« Les mots clés doivent permettre au recruteur, dès lors qu’il effectue une recherche, d’atteindre un profil parmi les millions d’autres profils », continue le spécialiste du recrutement à distance. Des termes aussi communs que ceux du Top 10 des utilisateurs de LinkedIn ne permettront pas de sortir du lot.
Gil Couyère distingue deux modes de recherche de candidats : par mots-clés et par fonction ou secteur d’activité. C’est, selon lui, cette deuxième méthode qui est la plus souvent utilisée. « Il faut être extrêmement vigilant avec la codification posée par les réseaux sociaux, très similaire à celle des jobboards,», précise-t-il. S’il convient de bien choisir les mots-clés associés au profil, la classification des secteurs et la codification des intitulés de poste sont tout aussi primordiales. « Il ne faut pas hésiter à cocher plusieurs cases, du moment que la démarche est cohérente », prévient-il. Pour un poste similaire, l’intitulé peut varier d’une entreprise à l’autre, parfois même être un peu trop originale. Dans ce cas, mieux vaut adapter l’intitulé du profil au poste visé et retomber dans les codifications des réseaux sociaux.
Les bons mots et le bon réseau
On peut faire apparaître l’intitulé du poste visé dans les mots-clés, mais surtout « les compétences techniques, les technologies particulières, les noms des logiciels maîtrisés, énumère Gil Couyère. Voilà des mots-clés extrêmement utiles ». Et de donner des exemples : « Java pour un ingénieur développement, Panel Nielsen pour un poste en marketing, Hypérion dans la Finance ». Et dans les Ressources Humaines ? « Un responsable RH marquera le nom du logiciel métier qu’il utilise et celui de l’entreprise pour laquelle il travaille ou a travaillé », répond le conseiller en recrutement.
Il rappelle finalement la segmentation qui existe entre les réseaux sociaux professionnels et personnels. S’il faut bien choisir ses mots-clés, il faut aussi bien cibler la plateforme. « Les signataires de la Charte de la Diversité se refusent, s’interdisent de regarder toutes informations privées sur un candidat », spécifie-t-il. Inutile donc de booster vos profils Facebook de mots-clés. Malgré tout – on ne le répète jamais assez -, veillez à n’y publier aucune information compromettante.
Pour le spécialiste du recrutement, deux réseaux sociaux professionnels sont à privilégier : Viadeo, « pour le recrutement français de cadres entre 35 et 80 000€ » ; et LinkedIn, « pour des profils supérieurs à 80 000€ avec une dimension internationale ».