Expérimenter l’utilisation d’espaces de coworking et de télécentres de travail par des salariés d’entreprises, tel est l’objectif de "Quel bureau de demain ?". Zoom sur ce test grandeur nature lancée par LBMG Worklabs, cabinet de conseil spécialisé dans la mise en œuvre du télétravail, en partenariat avec le pôle de recherche HeSam (hautes études Sorbonne arts et métiers).
A ce jour, 17 % de la population active, soit 4 millions d’individus travaillent plusieurs fois par semaine en dehors de l’entreprise, chez eux ou dans des espaces de coworking. Une tendance en constante évolution, tout comme ces lieux de travail collectif, évalués à 200 sur le territoire français et fréquentés par 6 % de salariés d’entreprise. « Si l’on parle beaucoup des espaces de coworking à destination des indépendants, il n’y avait, à ce jour, aucun retour concret sur l’utilisation de ces espaces par les entreprises. Or le sujet touche des thèmes essentiels comme la réduction des temps de transports, l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, la productivité, l’adaptation du management, les coûts et les bénéfices associés, mais aussi les retombées économiques que peuvent susciter ces espaces sur les territoires où ils sont implantés… », détaille Baptiste Broughton, directeur associé de LBMG Worklabs. Aussi, en lançant durant 8 mois, de mai à décembre 2014, "Quel bureau demain ?", le cabinet de conseil souhaitent observer à la loupe une centaine d’employés nomades issus de grandes entreprises françaises à l’instar d’AOS, de Schneider Electric ou encore de la Fonderie (l’agence numérique de la région IDF). « Durant l’expérience, chaque salarié peut bénéficier, en moyenne, de deux demi-journées par semaine dans un espace de coworking, parmi une trentaine à disposition. D’un côté, on retrouve des commerciaux nomades qui entre deux rendez-vous profitent sur l’instant des tiers lieux pour travailler et s’éviter par là-même des retours inutiles dans leur entreprise. De l’autre, des salariés qui anticipent la démarche et leurs éventuels déplacements en réservant plusieurs jours à l’avance », explique Baptiste Broughton.
Un salarié sur deux a vu sa productivité s’améliorer
Si l’expérimentation n’en est qu’à ses prémisses des premiers résultats ont d’ores été déjà été dévoilés 2 mois après son lancement. « Fin juin, 50 % des salariés nomades, participant à l’expérience, déclaraient ressentir des changements importants, tant au niveau du stress que de la fatigue. Cela s’explique notamment par des temps de trajets significativement moins longs. D’ailleurs, dans les faits, 73% des salariés, notamment des commerciaux ont pu éviter d’effectuer un détour lorsqu’ils étaient en déplacement, en choisissant d’aller dans un tiers-lieu plutôt que de retourner dans leurs bureaux », précise Baptiste Broughton. Du côté de l’appartenance à l’entreprise, 31 % des salariés interrogés l’on trouvé renforcée et 54 % ont vu leur productivité s’améliorer. Une progression qu’ils expliquent pour 77 % à une concentration plus soutenue ; les espaces de travail partagés leur permettant d’être moins dérangés que dans les locaux de leur entreprises selon 79 % d’entre eux. Enfin, cela bénéficie aussi aux territoires où se trouvent ces espaces, puisque 57% des travailleurs nomades utilisent les commerces à proximité des tiers-lieux. « "Quel bureau demain ?", nous permet également d’observer les atouts mais aussi les failles de ces lieux. Certaines entreprises ont notamment signifié le manque de boxes privatifs, pour passer des entretiens téléphoniques confidentiels. D’autres ont suggéré la création d’une application mobile, sur laquelle nous travaillons actuellement, pour pouvoir réserver de n’importe où un espace en coworking. Nous avons aussi remarqué le besoin des salariés nomades d’une seule et même entreprise, de pouvoir se retrouver dans les mêmes lieux que leurs collègues afin de se sentir moins isolés… », confie Baptiste Broughton. Au terme de cette expérimentation, dont les résultats définitifs seront dévoilés en janvier 2015, LBMG Worklabs espère donner une nouvelle impulsion au travail à distance en France. Une pratique qui concerne dans les pays anglo-saxons et scandinaves 20 à 35 % des salariés.
Gérald Dudouet