Votre boss vous convoque pour vous annoncer en grande pompe que vous êtes promu. Génial ! Sauf que cette offre ne tombe pas à point nommé dans votre vie et/ou ne vous convient pas. Comment refuser sans se griller ?
Evidemment, rien ne vous oblige à accepter une promotion si le poste ne vous sied pas, si vous estimez que ce n’est pas le bon moment ou qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné. « La question du refus d’une promotion ne devrait même pas se poser car le manager, au fil des différents entretiens avec son collaborateur, doit avoir identifier en amont s’il aspire à évoluer ou pas. Or de la théorie à la pratique, il y a évidemment un grand fossé. Et donc il est tout à fait envisageable de devoir refuser une promotion », concède Jean-Yves Catin, associé au sein du cabinet Hommes & Performance. Mais attention à refuser dans les règles de l’art.
Ne pas dire non de suite : « Essayez de comprendre pourquoi votre manager a pensé à vous pour le poste. Vous pourrez ainsi vous appuyer sur ses arguments pour motiver votre refus », conseille cet expert en management. Réfléchissez pendant 48 heures afin d’étayer votre argumentaire. En revanche, ne pas laisser trainer pendant des semaines. Il se peut que l’entreprise ait gelé le poste pour vous. Votre refus risque donc de remettre en question son plan initial. Laissez-lui le temps d’activer son plan B.
Objectiver votre refus : même si les entreprises sont de plus en plus réceptives aux arguments portant sur le respect d’un équilibre entre vie pro et vie perso, pour elles, c’est le business qui prime. Donc avancer des raisons perso, d’accord mais avec parcimonie. « En fait, il n’y a pas de mauvais arguments mais souvent de mauvaises façons de les présenter », observe Jean-Yves Catin. Vous ne voulez pas passer votre temps en réunion ou sur du reporting ? Dites le mais plus subtilement avec une formule du genre « J’ai besoin de contact avec les clients sur le terrain pour performer. Accepter un poste de manager me couperait de cette réalité ». Vous ne souhaitez pas davantage de responsabilités ? Ca se respecte mais dans ce cas dites par exemple « je n’ai pas encore fait le tour de mon poster actuel. J’ai encore beaucoup à apprendre pour être fin prêt ». Votre potentiel futur N+1 vous sort par les yeux ? « Dites à votre manager actuel « vous connaissez bien M. X pour avoir travaillé avec lui dans le passé. Actuellement, cela ne fonctionne pas avec M.Y. Pourquoi avez-vous pensez à moi pour travailler avec M. X ? », illustre notre consultant. L’essentiel est d’objectiver vos arguments et de ne tomber pas dans l’affectif. A bannir donc, « je ne le supporterai jamais », « je n’aime pas… », « Je n’ai pas envie de »
Faire passer le message aux bonnes personnes : « dans une PME ou une grande entreprise, la décision d’une promotion est rarement le fait d’une seule personne. Mieux vaut donc exposer votre refus aux différents décisionnaires », conseille Jean-Yves Catin. Aux RH, vous préciserez par exemple que, malgré votre refus, vous êtes toujours investi dans votre mission et prêt à suivre des formations pour vous perfectionner. Avec votre N+2, exposez des raisons indicibles à votre N+1. Par exemple les potentiels problèmes relationnels si vous acceptiez cette promotion. « Le N+2 a en général davantage de recul pour analyser les conséquences d’un mauvais choix », ajoute-t-il.
Apporter une alternative : là l’objectif est clair : être constructif et reprendre la main. « Proposer par exemple de remplir une partie de la mission initialement prévue peut être une solution hydride à envisager », recommande Jean-Yves Catin. Même si cela n’est pas toujours possible, cela aura au moins le mérite de montrer votre engagement dans l’entreprise et votre lucidité à vous auto évaluer.
Ne pas refuser deux fois : une fois c’est audible, deux fois, vous risquez de passer pour un baltringue et d’être placardisé. Pour éviter le pire, prenez les devants en précisant bien à votre manager vos aspirations professionnelles à venir. Cela vous évitera de décliner une seconde promotion. Et lui, n’aura pas à justifier votre nouveau refus. Tout le monde aura la face sauve.
Sylvie LAIDET