L’apparition du web 2.0 a opéré une véritable révolution en matière de recrutement. Si certains, et notamment les recruteurs ont eu un peu de mal à s’y mettre, on constate aujourd’hui une réelle accélération des pratiques collaboratives. Il n’est désormais plus nécessaire d’en prouver l’efficacité.
My RH Line a rencontré Jacques Froissant, Fondateur et CEO Altaïde, afin de faire le point sur les nouveaux outils et les nouvelles tendances du recrutement 2.0.
Le renforcement des réseaux sociaux
Plutôt que de parler de nouveautés en matière de recrutement 2.0, je pense qu’il faut parler d’un renforcement des usages des réseaux professionnels comme Viadeo ou Linked In.
En effet, le nombre de profils sur ces réseaux est en constante progression. Viadeo compte aujourd’hui presque 4 millions de profils en France et Linked In, un peu plus de 2 millions. Nous pouvons donc constater aisément que le renforcement de ces pratiques s’est opéré côté candidats, mais il est important de préciser que les recruteurs sont également de plus en plus présents sur ces réseaux.
Les cabinets et les recruteurs d’entreprises commencent très nettement à les utiliser.
De grands groupes mènent également une vraie réflexion à ce sujet, même si pour eux, cela est plus difficile à mettre en œuvre.
Nouvelle tendance : utilisation des réseaux privés
Nous pouvons constater, qu’en matière de recrutement, l’usage de réseaux privés, comme Twitter ou Facebook se développe.
L’usage de Twitter est très balbutiant et réservé quasi exclusivement aux métiers du web et du marketing qui constituent le cœur de cible pour le moment. Malgré tout, on peut rapprocher son utilisation de celle de Linked In arrivé il y a 7 ans sur le web.
Deux types d’usages se sont développés sur ces réseaux.
Une personne représentative ou influente dans sa communauté aura un profil très suivi et pourra de temps en temps indiquer qu’elle recrute un responsable marketing online, par exemple en postant une url raccourcie vers l’annonce. C’est comme cela que je fonctionne avec mon propre compte qui est très suivi car je partage des informations liées au monde du recrutement ou des métiers du web. Lorsque je poste une annonce, le résultat est non négligeable. Cet usage semble être le plus efficace.
L’autre approche consiste à créer un compte dédié spécifiquement au recrutement qui sera suivi par des personnes qui utilisent twitter un peu comme un job board. La différence est que l’annonce va venir directement jusqu’à eux, ils pourront y répondre rapidement et n’auront pas besoin de scanner un site entier et d’y retourner régulièrement.
Sur Facebook, les recruteurs présents veulent capter de l’audience afin de la ramener sur leur environnement de recruteur. Comment procèdent-ils ? Pour cela, ils ont la possibilité d’utiliser un compte personnel, mais cela n’est pas très recommandé car le système fait que l’on doit devenir « ami » avec les visiteurs. Mon approche est un peu atypique car j’ai démarré sur Facebook à un moment où les groupes et les pages fan n’avaient pas encore été créés. Mon compte a donc toujours été un compte professionnel que j’anime comme un groupe plus qu’autre chose. Nous avons également créé des groupes, des pages fan. Créer ce type de pages a été la première tendance, selon la même stratégie évoquée pour Twitter : faire venir les gens en partageant des informations, de vidéos… mais également des offres d’emploi avec un lien vers le site de l’entreprise, le site carrière. L’idée est de les ramener dans un environnement plus professionnel.
Les applications plus ou moins ludiques se sont également développées. Il peut s’agir de jeux permettant de créer de la viralité, comme l’ont fait L’Oréal ou Danone. Ces applications peuvent alors être diffusées facilement à ses amis et permet de cibler une population de jeunes diplômés et de les amener, par exemple, sur un événement de recrutement. Cette tendance est amenée à encore se développer.
Nous avons également pu constater l’émergence d’applications dédiées au recrutement, qui ne sont pas liées aux entreprises, et se rapprochent des job board. La plus significative s’appelle BranchOut. Elle permet de voir dans un profil Facebook où travaillent les personnes et combien de leurs amis travaillent dans la même entreprise. Cela peut être intéressant pour entrer en contact. La deuxième utilité est de permettre aux personnes de poser une offre et de la relayer auprès d’amis sélectionnés. Cela permet un vrai ciblage.
Les évolutions en matière de recrutement 2.0 se sont donc principalement opérées par les réseaux sociaux.
Pour le reste, il n’y a pas d’avancée majeure. On peut tout de même noter que le CV évolue vers un CV numérique. Les outils permettant de créer de tels CV sont la plupart du temps connectés à votre compte Viadéo et aspirent les informations directement depuis votre profil. Le degré d’adoption de ce type de CV est de plus en plus fort.
Vers un mélange des genres ?
Pour conclure, nous pouvons dire que nous allons très certainement assister à un mélange des genres. On amène effectivement de plus en plus le côté professionnel dans les profils personnels. C’est ce que fait l’Apec avec Viadéo. Cela permet de croiser deux univers avec bénéfices. Cela va certainement amener à d’autres connections dans le futur, avec Facebook par exemple.
On sent une réelle accélération des pratiques. Nous avons passé ces dernières années à montrer à tous que cela pouvait fonctionner et aujourd’hui, je rencontre plutôt des personnes qui souhaitent savoir comment s’y prendre. Je n’ai plus besoin de démontrer l’efficacité, les candidats et les recruteurs l’ont compris.
Propos recueillis par Anne-Sophie Duguay