Le 24 juin dernier, un accord relatif au portage salarial a été signé entre le Prisme (Professionnels de l’intérim, services et métiers de l’emploi) et 3 organisations syndicales de salariés (CFDT, CFE-CGC et CFTC) afin de donner un cadre au portage.
My RH Line a rencontré Arnaud Delatour, Président directeur général du Groupe Minerve et Président du Prisme afin de comprendre les tenants et les aboutissants de l’accord signé.
Les partenaires sociaux ont considéré, à l’époque, que le Prisme était le plus à même pour mener la négociation d’un accord de branche afin de définir le cadre juridique du portage salarial car nous avions une longue pratique et une longue expérience de la relation triangulaire. Le portage et l’intérim, de ce point de vue, sont comparables.
Jusque là, il y avait eu un certain nombre d’accords entre un des syndicats de portage et un syndicat de salariés mais la situation juridique n’était pas stabilisée.
Nous nous sommes donc emparés de ce sujet, et avons travaillé avec les syndicats de salariés tant au niveau de l’intérim qu’au niveau confédéral.
Nous avons également travaillé avec les syndicats de portage en les recevant. Ils n’étaient pas partie prenante de la négociation mais nous avions en permanence à les informer de ce que nous faisions, ce que nous avons fait tout au long du process. Nous les avons également consultés pour recueillir leurs avis, leurs expériences… Nous sommes même allés plus loin, car nous les avons associés, par deux fois, à des négociations, ce qui n’était pas prévu dans le cadre qui nous avait été fixé.
Nous avons dû faire face à une insatisfaction compréhensible des syndicats de portage qui ont eu du mal à admettre que cette négociation ne leur ait pas été confiée. »
Un cadre juridique clarifié
« Peu à peu, nous avons essayé d’intégrer l’ensemble des éléments de ces métiers sachant que pour le portage, il n’y avait rien de monolithique. Il y avait déjà 3 organisations syndicales qui ne recouvraient pas les mêmes types de portage et nous étions confrontés à des situations extrêmement diverses et bancales sur le plan juridique puisque les professions concernées allaient depuis le cadre dirigeant jusqu’au coiffeur à domicile.
Face à cette variété de situations et de pratiques juridiques, nous avons essayé d’organiser la profession selon plusieurs grands axes :
– Les syndicats ont également beaucoup insisté pour que le portage touche les personnes qui ont réellement une autonomie et la capacité à trouver leur mission. La négociation a donc, du fait des syndicats de salariés, poussé à mettre un plancher d’intervention du portage fixé à 2900 euros de salaire minimal.
C’est pour cette raison que j’ai écrit au ministre, Eric Woerth, en lui demandant de faire en sorte d’intégrer ces modifications pour d’adapter le droit du travail aux spécificités qui sont nécessaires pour que le portage puisse être viable. Nous espérons que le gouvernement, qui a un agenda législatif très chargé, fera en sorte que cet accord puisse entrer dans les faits. Nous avons passé pas mal de temps à négocier et pensons, que pour cette profession, il serait bien que les choses débouchent et que cette régulation ne soit pas trop différée par le problème d’embouteillage du calendrier législatif.
» L’accord sécurise la situation des personnes portées »
Quel est l’avenir des sociétés de portage ?
Nous avons donné au portage, quand l’accord sera signé et entériné par la loi, un cadre stable sur le plan juridique qui pérennise l’activité des sociétés de portage et valorise les entreprises qui étaient leurs acteurs.
Ce qui peut faire que les sociétés d’intérim se développent sur le portage, c’est qu’elles sont implantées dans de nombreux endroits où les sociétés de portage ne sont pas. Elles s’y développeront donc. Les sociétés de portage interviennent un peu comme intervenaient les sociétés de recrutement, dans les grandes villes, elles ont capturé une partie du marché mais pas la totalité, et ne sont pas du tout présentes à certains endroits.
Il y a eu une diabolisation, en la matière, des sociétés d’intérim. C’est un business professionnel, fiable sur le plan juridique et qui a un développement possible, même si je pense qu’il n’est pas illimité. Les acteurs des RH vont s’y intéresser mais ni plus ni moins qu’à d’autres types de business, ce n’est pas un eldorado fantastique.
Je pense que, de toute façon, quel que soit le système retenu, il n’aurait pas été envisageable que cette progression là, contrairement à d’autres, puisse n’être accessible qu’aux acteurs qui avaient commencé à le faire. Après cela évoluera comme le reste.»