Depuis le 25 février, l’arrivée du vaccin AstraZeneca au travail accessible sur la base du bénévolat suscite bien des questions. Après la suppression des jours de carence pour inciter les salariés au dépistage de la Covid-19, le lancement de la vaccination en entreprise implique une nouvelle organisation entre RH et médecine du travail. Quels sont les délais et les protocoles à mettre en place ? Et notamment, comment respecter le secret médical ? myRHline fait le point.
Comment se déroule la vaccination en entreprise ?
Si cette première phase de vaccination en entreprise est seulement ouverte à une tranche des salariés, l’employeur a l’obligation d’en informer l’ensemble des salariés. Peut en bénéficier tout salarié âgé de 50 à 64 ans ayant un historique de maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers, pathologies chroniques respiratoires ou encore souffrant d’obésité. Une liste complète des maladies figure dans le protocole de vaccination en entreprise édité par le gouvernement. Le vaccin AstraZeneca au travail peut-être administré soit par les médecins du travail internes à l’organisation ou la médecine du travail inter-entreprise.
Dans le cadre de l’actuelle deuxième semaine de la vaccination en entreprise, chaque organisation peut désormais prétendre à 2 ou 3 flacons maximum (contenant chacun 10 doses). Les vaccins sont enregistrés dans le système d’information national Vaccin Covid qui peut être consulté par d’autres professionnels de la santé via l’Assurance-maladie.
Déroulé du processus de vaccination en entreprise :
- les médecins du travail demandent les vaccins auprès des pharmacies d’officine,
- le salarié contacte volontairement la médecine du travail,
- une visite médicale préliminaire détermine des antécédents médicaux du salarié,
- le rendez-vous de vaccination est pris en fonction des doses disponibles,
- le jour de la vaccination, le salarié doit rester sous surveillance pendant 15 minutes après coup afin de détecter toute réaction anaphylactique,
- une deuxième vaccination intervient sous un délai de 9 à 12 semaines.
Attention, les effets secondaires de la vaccination en entreprise ne constituent pas un accident du travail, l’indemnisation d’un arrêt de travail sera alors différente.
Que pensent les salariés de la vaccination en entreprise ?
L’agence d’intérim en ligne QAPA a mené une enquête sur l’opinion des salariés sur la vaccination en entreprise auprès de 4.5 millions de Français. Les avis sont partagés et montrent que la vaccination en entreprise reste tabou : 43 % des sondés n’osent pas se prononcer sur le vaccin contre la Covid-19. Seulement 57% sont capables de donner leur opinion, qu’elle soit pour ou contre, sur la question. Pourtant, 52% veulent savoir si leurs collègues ont été vaccinés ou non. Les RH devront donc pratiquer une communication en interne intelligente vers l’ensemble des salariés tout en conservant l’anonymat des personnes susceptibles de recourir au vaccin AstraZeneca au travail.
La vaccination en entreprise ne fait pas l’unanimité. Seulement 56% des répondants se feraient vacciner dans le cadre du travail si leur employeur l’encourage. Les résultats affichent tout de même que 52% des sondés sont favorables à une vaccination en entreprise obligatoire. Rappelons que le vaccin Astra Zeneca au travail est proposé sur la base du bénévolat. Selon la législation en vigueur, on ne peut licencier sur ce motif et 79% des salariés interrogés sont contre le licenciement pour cause de refus du vaccin. Toutefois, une grande majorité (82%) n’interdirait pas l’accès au bureau aux personnes non-vaccinées pour autant.
Comment veiller au secret médical ?
Nous l’avons observé plus haut, conserver l’anonymat des salariés est crucial dans cette opération de vaccination en entreprise. Il sera question de minimiser les signaux et la fuite d’informations sur les salariés qui ont recours au vaccin. Dans un premier temps, il est primordial de s’assurer que l’interlocuteur privilégié sur ce sujet est le médecin du travail.
Dans un deuxième temps, il s’agira de rendre la démarche la plus discrète possible. Un salarié qui s’absente pour visite médicale ne manquera pas d’attirer l’attention de ses collaborateurs et de la hiérarchie. Si le télétravail a réduit les effectifs sur site, l’organisation des opérations de vaccination en entreprise devra être particulièrement sensible à la vie privée des salariés. L’entreprise peut veiller à maximiser la confidentialité par des protocoles non ciblés s’adressant à l’ensemble des l’organisation en une vague de rendez-vous médicaux. Ceci permettrait aux personnes volontaires au vaccin Astra Zeneca au travail de se fondre dans les visites de la médecine du travail. L’employeur peut également choisir d’effectuer la vaccination hors site, dans les locaux de la médecine du travail inter-entreprise si possible ou encore chez le médecin traitant.
Une mise en place compliquée vaccin AstraZeneca au travail
Cette première vague de vaccination en entreprise pose des difficultés organisationnelles. Plus de 44% des entreprises déclarent qu’elles manquent de moyens techniques et humains pour procéder à la vaccination des salariés sans risques. Ensuite, il est fort possible qu’il y ait une pénurie de doses de vaccins ainsi que de médecins du travail, ce qui pourrait pousser les entreprises à rediriger leurs salariés vers leurs médecins traitants. Ces divers éléments essentiels au protocole laissent supposer des difficultés à rapidement mettre en place de la vaccination entreprise : les demandes des salariés, un médecin, une infirmière, une zone de repos, une jauge à ne pas dépasser et enfin une quantité limitée de doses disponibles.
La vaccination en entreprise n’a pas fini de demander aux RH de faire preuve d’adaptation. Pour la phase suivante de la vaccination en entreprise en France, le gouvernement anticipe le ciblage des salariés de 18 à 49 ans présentant des comorbidités et les professionnels dans les secteurs essentiels, une information à confirmer sur les prochaines semaines.
Mai TREBUIL