En partenariat avec le cabinet Eléas, l’Association Nationale des DRH a lancé, en juin 2016, le premier service d’écoute et d’assistance à destination des professionnels des ressources humaines. Les explications de Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l’ANDRH.
Pourquoi lancer cette ligne d’écoute ?
Bénédicte Ravache : les 80 groupes locaux de l’ANDRH permettent les échanges de bonnes pratiques entre professionnels des RH du privé, du public… mais souvent parce qu’ils n’ont pas envie d’en parler devant leurs pairs, les RH n’abordent pas tous les sujets. Et puis, certains RH, notamment dans les plus petites structures, ne peuvent pas s’appuyer sur les conseils d’experts internes. Ils se retrouvent souvent isolés avec leurs questions. Sans compter que le spectre des RH est de plus en plus large et en constante évolution. Du coup, les collaborateurs de la fonction se demandent ce qui relève réellement de leur périmètre. Cette ligne d’écoute leur permet ainsi de se renseigner, de s’interroger, de s’épancher mais aussi de demander conseil.
Comment fonctionne-t-elle ?
Bénédicte Ravache : nous avons sélectionné un cabinet de conseil, Eléas, spécialisé dans la qualité de vie au travail et la prévention des risques psycho-sociaux. 24h/24, 7j/7, nos quelque 5000 adhérents peuvent donc appeler ce numéro vert de manière anonyme. Ils obtiennent alors un numéro de dossier et une première écoute de leurs questions et/ou problématique.. Si la phase d’écoute n’est pas suffisante, ils sont alors orientés vers des experts type psychologue, avocat, consultant en management…. Les RH sont des collaborateurs qui travaillent avec l’humain et une forme d’usure peut voir le jour. Comme les coachs ont leur superviseur pour faire avancer leur pratique, les RH ont désormais une ligne d’écoute pour être entendus. Ce service vient en quelque sorte en miroir de ceux fournis aux salariés par les DRH en interne.
Quel type de conseils, les pros des RH peuvent-ils y trouver ?
Bénédicte Ravache : concrètement, un RH confronté à un accident mortel, pourra y trouver des conseils sur la gestion de crise. A l’autre bout du fil, l’expert en traumatologie lui indiquera par exemple qu’il convient de mettre en place une cellule d’aide psychologique dans les 48 heures maximum suivant le drame. Un RH confronté à son premier licenciement, son premier PSE… sera également entendu et conseillé. Dans ma carrière, j’ai été une fois confrontée à une salariée braquée par son mari en dehors du travail. Elle a été arrêtée et bien sûr choquée. Mais moi en tant que RH, devais-je lui en parler ? Lui proposer le 1% logement, un soutien psychologique… ? Cette ligne m’aurait été précieuse dans ce cas. Un RH confronté à un manager difficile est également épaulé. Enfin, cette ligne d’écoute, activable sans limite, permet de recueillir des difficultés plus personnelles comme du stress, un épuisement professionnel, conflit avec sa hiérarchie…
Quelles sont les populations cibles ?
Bénédicte Ravache : cette ligne est anonyme, elle va donc libérer la parole et nous permettre d’identifier ce qui manque aux RH en fonction de leur environnement. Et ainsi de bâtir des formations en phase avec leurs besoins. Deux populations m’interrogent particulièrement : les jeunes RH et les RH en fin de carrière. Les jeunes doivent gérer de multiples « premières fois ». Premier licenciement, premières idées suicidaires d’un collaborateur… Et puis, en cas de réorganisation, le RH est souvent celui qui reste une fois que tout le Comex a changé. Pour eux, les situations sont souvent délicates car facilement isolés. Cette ligne peut les aider à faire face. Notre devoir en tant qu’association est d’être à l’écoute de nos membres.
Recueillis par Sylvie Laidet