Le groupe spécialisé dans la qualité de vie au travail a anticipé le droit à la déconnexion pour ses salariés. Mise en œuvre et retombées.
JLO n’a pas attendu le 1er janvier 2017 pour enclencher le droit à la déconnexion rendu obligatoire par la loi Travail. Depuis juin 2016, les quelque 115 salariés du groupe spécialisé dans le développement des ressources humaines et la qualité de vie au travail, ne peuvent plus recevoir leurs mails professionnels, le soir à partir de 20 heures et durant tout le week-end. Les serveurs informatiques ne le permettent plus. Ce droit à la déconnexion s’applique à l’ensemble des collaborateurs du cabinet, top management inclus.
Concrètement, le droit à déconnexion était déjà intégré dans la politique santé au travail de l’entreprise, par le biais d’une charte interne. En instance représentative du personnel, il a été convenu d’aller plus loin et de joindre l’écrit à l’acte en déconnectant l’accès à l’envoi et réception des mails les soirs et les week-ends. « Au démarrage, l’annonce de cette mesure a généré un certain nombre de craintes dont celle de ne plus pouvoir répondre aux demandes implicites de disponibilité. Et également une appréhension de déperdition des messages », se souvient Clarisse Pugnot, psychologue du travail, salariée du Groupe JLO et membre de la Délégation Unique du Personnel. Après de nombreuses vérifications techniques, tout le monde a pu constater que les messages n’étaient pas perdus mais arrivaient bel et bien dans les boites de réception des salariés, le lendemain à 7 heures ou le lundi matin pour les mails du week-end. Et les clients ? Ceux qui adressent un message après 20h00 reçoivent un message automatique expliquant que celui-ci ne sera reçu que le lendemain matin. Seules les hotlines Risques Psycho Sociaux assurées par le Groupe JLO pour ses clients, sont exemptées des coupures. De plus, la signature électronique de chaque collaborateur, indique le fonctionnement de ce droit à la déconnexion chez JLO. « Nous nous sommes rendus compte que notre démarche concrète s’est transformée en valeur pédagogique auprès de nos clients. Nous renforçons notre positionnement en tant que développeur de qualité de vie au travail. Aucun client n’a remonté d’insatisfaction liée à cette impossibilité de joindre nos consultants entre 20 heures et 7 heures malgré ce dispositif de coupure en place», précise Jean-Luc Odeyer, le Président du groupe. Les clients ne semblent pas non s’être rabattus sur les SMS et autres appels après 20 heures.
Ce droit à la déconnexion a évidemment des conséquences en interne. « Aujourd’hui, une nouvelle organisation de travail s’est mise en place, basée sur la certitude de ne recevoir aucune sollicitation interne et externe après 20h. L’expérience a permis de remettre à leur juste place les notions d’urgence et d’importance, se répercutant également dans la gestion des demandes en journée», constate Clarisse Pugnot. Pour sa part, elle n’a plus la tentation d’aller checker ses mails professionnels, le soir avant d’aller dormir. Toutefois, elle peut tout de même consulter tous ces mails reçus avant 20 heures. En effet, la messagerie n’est pas complètement inaccessible.
Sylvie Laidet
1 commentaire
Bonjour et merci pour ce témoignage très concret. JLO a fait le choix de « bloquer les serveurs », mais nous notons au cours de nos diverses opportunités d’échange que beaucoup de directions RH aujourd’hui, c’est-à-dire 5 mois après l’entrée en vigueur de la loi, « ne savent pas comment prendre le problème ». Comme tout projet d’entreprise il faut une méthodologie, afin que chaque société, ayant des pratiques et des contraintes particulières, puisse cerner sa problématique. Nous pensons que la phase d’audit préliminaire est fondamentale car c’est avec cette cartographie initiale que l’on pourra dresser un état des lieux des bonnes et des mauvaises habitudes. Le bilan volumétrique des usages numériques devra être effectué pour chaque service et jusqu’au niveau individuel car il peut y avoir des comportements très différents de collaborateur à collaborateur. L’idée ici n’est pas de « fliquer » mais bien de détecter les mauvaises pratiques afin que toute l’entreprise puisse s’améliorer et préserver le bien-être au travail.