Cette forme d’entrepreneuriat est liée aux évolutions du monde du travail et permet d’anticiper le futur du travail. Si elle révèle de nombreux avantages pour les entreprises et les salariés, elle présente également des limites qui sont autant de défis à relever par l’employeur qui désire mettre en place l’intrapreneuriat dans son entreprise.
Intrapreneuriat : de quoi parle-t-on ?
Amener l’entrepreneuriat au coeur de l’entreprise
Amener l’entrepreneuriat au cœur de l’entreprise. Il s’agit d’une “démarche par laquelle un ou plusieurs employés, en association avec leur organisation, s’engagent et portent à leur initiative des activités innovantes et créatrices de valeur » selon la définition élaborée en 2019 par un groupe de travail mis en place par la Direction Générale de l’Entreprise.
Tout comme les entrepreneurs, les intrapreneurs sollicitent des qualités et des compétences identiques : l’innovation, la gestion de budget, la gestion d’équipe ou encore la prise d’initiatives.
L’intrapreneuriat n’est pas un effet de mode
“Si l’intrapreneuriat est une mode, cette mode dure depuis très longtemps” ironise Véronique Bouchard (EM Lyon Business School) pour qui il ne s’agit pas d’une mode. En effet, le concept a été défini pour la première fois par l’américain Gifford Pinchot en 1976 : amener l’entrepreneuriat au sein de l’entreprise devait permettre de lutter contre l’inertie naturelle.
La pérennisation du dispositif est liée à un phénomène de société : le départ massif des cadres vers l’entrepreneuriat. Renforcé par la crise sanitaire, ce phénomène révèle un besoin de se réaliser, d’indépendance et de liberté… À titre d’exemple, en 2020, 30% de reconvertis ont créé leur société selon une étude publiée par Initiative France.
Les avantages et les limites de l’intrapreneuriat
Les avantages
L’intrapreneuriat est un vecteur de transformation des entreprises.
- Attirer et retenir les talents : donner aux salariés l’opportunité de développer des projets économiques et innovants en autonomie permet de motiver et d’ engager.
- Développer le business de l’entreprise : les innovations permettent de générer de la croissance.
- Favoriser l’apprentissage individuel et le développement organisationnel.
- Améliorer le time to market : cela renforce l’agilité de l’entreprise et permet d’accroître sa compétitivité.
- Renforcer la marque employeur auprès des jeunes diplômés de plus en plus séduits par l’entrepreneuriat.
Les limites
En dépit de ces nombreux avantages, les managers sont peu nombreux à comprendre réellement ce qu’est l’intrapreneuriat. De cette méconnaissance, découle les problèmes suivants :
- Des attentes peu réalistes.
- Des signaux contradictoires sont envoyés aux intrapreneurs.
- Des dispositifs approximatifs (les objectifs, les structures, et les processus sont mal alignés ; l’équilibre entre séparation et intégration est bancal ; le design des interfaces n’est pas adapté)
- L’appui des dirigeants n’est pas régulier.
Du côté des intrapreneurs, les problèmes sont aussi nombreux :
- Une bureaucratie réfractaire conduit certains à quitter leur organisation.
- Certains s’usent jusqu’au burnout.
- Les taux de transformation des idées en innovation à succès sont parfois décevants. Les intrapreneurs n’inventent pas tous les jours une success story comme ce fut le cas de Gmail pour Google !
Comment mettre en place l’intrapreneuriat dans l’entreprise ?
Former les managers
Pour Véronique Bouchard, l’intrapreneuriat, c’est l’anticipation du travail de demain. Une entreprise doit être en capacité de gérer aujourd’hui vingt ou trente intrapreneurs, si elle veut savoir gérer l’ensemble de ses salariés dans le futur. En effet, de plus en plus de collaborateurs demandent aujourd’hui davantage d’autonomie, de créativité et de sens. Former les managers aujourd’hui constitue donc un défi pour appréhender demain.
Anticiper et contrôler régulièrement
Développer l’intrapreneuriat au sein de l’entreprise nécessite d’anticiper les variables suivantes et de les contrôler.
- Imaginer en amont des poursuites de carrières « post-intrapreneuriat » variées afin d’éviter l’effet déceptif d’un « retour au poste d’origine ».
- Articuler le projet intrapreneurial avec la stratégie et l’organisation de l’entreprise.
- Adapter la gouvernance pour renforcer la communication entre le top management et le projet.
- Développer en interne la culture de l’innovation pour renforcer le sentiment d’appartenance des intrapreneurs.
- Diversifier les risques en activant symétriquement les formes d’intrapreneuriat structurel et contextuel.
- Encourager la collectivisation. La capacité de l’entrepreneur à construire un réseau d’alliés qui vont progressivement se saisir de l’initiative compte davantage que la qualité du projet en elle-même.
Pour conclure, l’intrapreneuriat valorise les collaborateurs et permet de développer de nouveaux projets viables et peu coûteux. Cependant, les entreprises doivent apprendre à gérer leurs intrapreneurs en tendant vers plus d’agilité.
Caroline Béguin et Angèle Linares