myRHline revient pour vous sur les enjeux de revalorisation du SMIC en 2023, à l’heure où les conséquences de l’inflation ont touché de plein fouet les salariés Français (et, en passant, leur engagement collaborateur). Et pourtant, au travail, la santé financière fait partie intégrante des enjeux QVCT.
Alors, à combien s’élève le SMIC en 2023 ? Est-il suffisant pour combler le pouvoir d’achat des Français ?
Entre inflation et pouvoir d’achat, où en est-on aujourd’hui ?
Mais d’abord : revenons sur la définition même du SMIC.
Qu’est-ce que le SMIC ?
Pour rappel, le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) est un salaire horaire en dessous duquel il est interdit de payer un salarié, « quelle que soit la forme de sa rémunération (au temps, au rendement, à la tâche à la pièce, à la commission ou au pourboire) », rappelle le ministère du Travail.
- Pour la petite histoire :
Retour en 1950, bien avant le SMIC, quand la loi du 11 février avait mis en place un salaire minimum national interprofessionnel garanti (SMIG) pour relancer la consommation et lutter contre la pauvreté.
Un décret du 23 août avait instauré un salaire horaire minimum de 64 francs (78 francs par heure à Paris). Ce montant a été indexé sur l’accroissement des prix en 1952 et a été valorisé en fonction de l’inflation seulement. Depuis 1970, le SMIG a été remplacé une nouvelle appellation que l’on connaît bien aujourd’hui : le SMIC. Ce dernier est revalorisé sur la base de l’accroissement des prix d’une part, de la hausse du salaire moyen d’autre part. L’objectif, selon Vie Publique, est alors de rapprocher la progression du salaire minimum du salaire moyen des collaborateurs.
Depuis les années 1990, le SMIC a connu de nombreuses évolutions jusqu’à l’année 2023.
En 2016, le SMIC horaire brut était encore à 9,67 euros (soit 1 466,62 € de SMIC mensuel brut pour 151,67 heures de travail en euros).
Jusqu’en 2018, le SMIC n’avait pas encore atteint les 10 euros de l’heure. Il a fallu attendre 2019 pour qu’il atteigne 10,03 euros, puis 2022 pour le voir atteindre 11,07 euros. Aujourd’hui, en 2023, le SMIC a atteint 11,52 euros de l’heure.
L’évolution du SMIC de 2016 à 2023 selon l’Insee et le ministère du Travail (France hors Mayotte)
Le SMIC revalorisé de 2,22 % depuis mai 2023
Alors que la question de l’augmentation de salaire est toujours d’actualité dans les entreprises depuis l’inflation, le SMIC a été revalorisé de 2,22 % depuis mai 2023.
En effet, le salaire minimum interprofessionnel de croissance fait chaque année l’objet d’une revalorisation annuelle par décret au 1er janvier, tenant justement compte des conséquences de l’augmentation significative des prix sur la santé financière des Français.
Au 1er janvier 2023, le SMIC avait augmenté de 1,81 %, conformément à la revalorisation légale annuelle. Il atteignait 1709,28 € bruts mensuels, soit 1 353,07 € nets mensuels.
Aujourd’hui, le SMIC mensuel net atteint 1 383,08 €, soit un gain mensuel de 30€ pour l’ensemble des collaborateurs. Quant au montant du SMIC brut, il passe à 1747,20 € en se basant sur la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires en métropole, en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Saint-Barthélemy, à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Saint-Martin. Ainsi, le nouveau montant du SMIC horaire brut au 1er mai 2023 s’élève à 11,52 € (en net, il est à 9,11 €).
Conformément aux dispositions des articles L. 3231-5 et L. 3423-1 du code du travail et compte tenu du niveau de l’indice mensuel des prix à la consommation qui atteint 116,07 pour le mois de mars 2023, le taux du salaire minimum de croissance, tel qu’il résulte du décret n° 2022-1608 du 22 décembre 2022 portant relèvement du salaire minimum de croissance, est majoré de 2,22 % pour prendre effet au 1er mai 2023.
Inflation, pouvoir d’achat… où en sommes-nous en 2023 ?
Face à la hausse importante des prix, les salariés rémunérés au SMIC auront tout de même été protégés via la revalorisation automatique du SMIC. Mais cette revalorisation du SMIC ne garantit pas une augmentation salariale effective, même avec les conséquences de l’inflation que l’on connaît en 2023. Et les données de la Dares l’ont déjà prouvé par le passé.
Selon le service statistique du ministère du Travail, les salaires de base ont déjà connu une progression moins rapide que l’inflation et le SMIC. Et pour cause : entre les 3e trimestres 2021 et 2022, les salaires de base augmentent de 3,7 %, tandis que sur une période comparable (oct. 2021-août 2022), le SMIC augmente de 5,6 % et l’inflation à 5,4 % sur la même période.
Autrement dit, « le salaire mensuel de base en termes réels recul sur la période, alors que le SMIC réel ne diminue pas grâce aux mécanismes de revalorisation automatique qui assurent le pouvoir d’achat des personnes rémunérées au SMIC », indiquait la Dares.
Si ces statistiques précèdent l’année 2023, il faut tout de même relativiser les conséquences de la revalorisation du SMIC sur le pouvoir d’achat des Français.
D’autant plus qu’en 2023, la hausse des prix connaît un certain ralentissement. Et cela n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les Français les moins bien payés.
Si la hausse des prix est prise en compte dans le calcul des revalorisations automatiques du salaire minimum de croissance, elle a nettement diminué en mai dernier pour se maintenir à un niveau inférieur à 5 % dans les mois à venir. La baisse de l’inflation va, de manière paradoxale, pénaliser la santé financière des Français qui perçoivent le salaire minimum. La dernière hausse exceptionnelle du SMIC en 2023 (de +2,2 % environ), sera sans doute la dernière de l’année. C’est ce qu’indique l’Insee dans une récente Note de conjoncture du 15 juin 2023.
La prévision d’inflation retenue dans cette Note de conjoncture n’implique pas de nouvelle revalorisation automatique du SMIC avant la fin de l’année, mais on ne peut exclure une surprise à la hausse des évolutions de prix qui en déclencherait une.
En moyenne annuelle, l’inflation serait censée s’établir à 5 % sur l’ensemble de l’année 2023, contre 5,2 % en 2022.
Les Français payés au SMIC risquent donc de devoir attendre le 1er janvier 2024 pour bénéficier d’une nouvelle revalorisation salariale.