Bon nombre d’entreprises ont répondu présentes à l’appel à la solidarité lancé par l’État pendant l’épidémie du Covid 19. Au risque d’un Covid-washing, certaines entreprises n’ont pas hésité à monter au front sanitaire et à communiquer sur leur action : l’occasion de créer du lien avec leur communauté mais aussi de mettre en pratique leur mission d’entreprise, récemment mise en valeur par la loi Pacte adoptée en mai 2019. Cette dernière invite les entreprises à formuler leur raison d’être, c’est-à-dire « un projet entrepreneurial répondant à un intérêt collectif et qui donne sens à l’action de l’ensemble des collaborateurs ». Quelles ont été les initiatives portées par les entreprises pour venir en aide à la société lors de cette période difficile ?
La fabrication de masques et gels hydro alcooliques
Face à la rupture de stock de certains produits indispensables pour contrer le virus, de nombreuses entreprises ont choisi de produire ou de mettre à disposition masques et gels. LVMH, Pernod Ricard, Arkema, l’Oréal, ont fabriqué et livré des gels aux hôpitaux français. « Chez Garnier, nous pensons qu’il est de notre responsabilité de supporter les personnes qui travaillent en première ligne chaque jour, ainsi que ceux qui aident à la protection des populations les plus vulnérables dans le monde » pouvions-nous lire sur le site de L’Oréal. De son côté, Décathlon a décidé de bloquer les ventes de son masque best-seller « pour mettre gratuitement à disposition des soignants et du personnel de secours » les 30 000 masques en stock. L’entreprise dédiée au sport a également mis les plans techniques du masque à disposition des entreprises.
La jeune marque 1083 basée dans la Drôme est, elle, passée de la fabrication de jeans made in France à la fabrication de masques en tissus. Une transformation qu’elle n’hésite pas à communiquer à sa communauté sur Instagram : « Dès aujourd’hui, pour venir en aide au personnel de santé, nous avons dédié notre atelier à la production de masques de protection ! Les médecins nous l’ont confirmé : il vaut mieux avoir des masques en tissus fin (avec une fente pour y glisser un textile filtrant) lavés régulièrement/rigoureusement, plutôt que pas de masque du tout ! ».
Solidarité financière
Face au Covid-19, certaines grandes entreprises ont choisi de faire un geste auprès de leurs collaborateurs, partenaires, fournisseurs. EDF a prolongé la trêve hivernale du 31 mars au 31 mai et a mis en place un fond d’urgence et de solidarité de 2 millions d’euros pour soutenir le personnel soignant. Chez Danone, les contrats de travail des 100 000 salariés étaient sécurisés jusqu’au 30 juin au moins. Même mobilisation pour Hermès, Total et Chanel qui ont décliné les aides de l’Etat. Sur son site internet, Chanel communiquait : « Dans un esprit d’effort mutuel préparatoire à la sortie de crise et du maintien de salaire pendant ces 8 semaines, entièrement financé par Chanel, il est demandé aux collaborateurs de participer à cette démarche de solidarité » Et de préciser : « L’objectif est de ne pas peser sur les comptes publics, de sorte que l’État français puisse venir en priorité en aide aux entreprises plus vulnérables et bien sûr, aussi, concentrer ses moyens sur le système de Santé, le personnel soignant et les organismes de secours aux personnes. » L’occasion pour la marque de luxe de réaffirmer ses valeurs et son positionnement auprès de sa cible mais aussi auprès de ses collaborateurs. En effet, la crise exacerbe la quête de sens et par conséquent amène les entreprises à s’exprimer et à s’adresser directement à leurs publics.
Les grands dirigeants de Sodexo, Fiat, Boeing, Disney ont annoncé baisser leur salaire afin de faire preuve de solidarité avec les salariés qui ne toucheront que 84% de leur revenu. La baisse de 25% environ des salaires des dirigeants de Sodexo auront permis de financer un fond d’aide de 30 millions d’euros destinés aux employés ayant perdu leur poste.
Parmi les moins bons élèves face à la situation de crise, difficile de ne pas citer Amazon. Souvent pointée du doigt pour des questionnements sur la gestion de la protection de ses salariés, l’entreprise de e-commerce a été rappelée à l’ordre à l’occasion de cette crise. Accusée d’exposer ses employés et de mettre leur santé en danger pour répondre à la forte demande de livraison de la période de confinement, l’entreprise a été contrainte par la justice française à limiter son activité. Malgré des bons d’essence offerts au personnel soignant (à hauteur de 50 millions d’euros) et un don de 5 millions d’euros pour l’Institut Pasteur, l’entreprise Total en a également fait réagir plus d’un lors d’ son annonce du versement d’un premier acompte sur dividende au titre de 2020 pour ses actionnaires.
Philippine SANDER