Le wording est un barbarisme, un anglicisme, du mot word, que l’on pourrait définir comme le choix du bon mot, le bon mot au bon moment. Il est facile à imaginer que le wording vient de la publicité, fonction faiseur de mots par excellence. Qu’est-ce que le wording a à voir avec la formation ? Comment intégrer cette tendance dans un processus apprenant ?
Les mots sont des fenêtres disaient Marshall Rosenberg, il s’agit des ouvertures sur une certaine réalité et le choix de la fenêtre n’est pas neutre. Prenons l’exemple du cloud, du nuage ou de la nuatique voici trois termes pour une même réalité numérique, le choix n’est pas neutre. Le terme de nuatique cher aux Québécois est militant pour lutter contre les anglicismes. Les mots sont des étendards, des bannières sous lesquelles les individus peuvent adhérer.
Être précurseur les mots est une façon de militer pour l’innovation : le réseau se fait network, la convention d’objectifs learning contract, les jeux pédagogiques serious game,… La différence n’est pas qu’un problème de traduction il s’agit de faire référence à des concepts différents. Pour le serious game, il s’agit de faire référence à l’univers du gaming, avec un rythme, un graphisme, une grammaire qui lui est spécifique. Le jeu de l’oie, jeu pédagogique par excellence, n’est pas de même nature que les Angry birds. Ce n’est pas qu’un problème de volatiles…
Il s’agit alors avec le wording de trouver les mots justes, les mots qui résonnent, le mot qui n’a pas encore été encore éculé, trop usé par son usage. Les mots sont des mouchoirs qui une fois utilisées perdent de leur sens, pire deviennent politiquement correcte, dans cette politesse vide du mot. « La formation est une grande famille », qui peut croire en de telles acceptions ? Le wording est le travail d’habitation des mots, savoir choisir les mots qui font sens pour permettent de mobiliser les idées.
Learning expedition, social learning, Mlearning, crowdsourcing, open learning, formation liquide,… autant de mots qui résonnent dans le monde de la formation, et c’est sans parler des acronymes qui font mots. « Le DIF va se transformer en CPF, la question est de savoir si c’est le 0.9 qui va payer ou les 13 % du FPSPP ? » Bonne question pour savoir si vous en êtes… Les mots sont identitaires. Le vocabulaire abscons est une reconnaissance des professionnels de la profession, le théâtre de la formation pour être acteur de l’apprendre. Donne-moi tes mots, je te dirai qui tu es.
Le choix des mots nécessite un travail d’architecture de la pensée, une nouvelle écriture de la pédagogie dont les mots deviennent les étendards, et dont les nouveaux formateurs, des aventuriers de la connaissance, des preux chevaliers du savoir. Le choix des mots est important, lépreux chevaliers ne valent pas les preux chevaliers, les mots sont festifs pour peux que l’on veuille une pédagogie festivus.
Un nouveau design pédagogique émerge dans un monde où les mots sont des fenêtres pour picorer un monde que l’on ne connait pas encore et que l’on aimerait visiter, voir habiter… wording, je me le post it pour le pratiquer ASAP.
Stéphane DIEBOLD