La prédictibilité devient une valeur forte de l’économie de l’information. TPM idea lab en donne une très belle illustration (Lien). La police de Santa Cruz a expérimenté un algorithme qui anticipe les futurs crimes et permet ainsi d’envoyer du personnel sur le terrain pour faire une intervention préventive. Le programme a prédit correctement 40 % des crimes et assurer ainsi une baisse de 27 % des cambriolages.
Sans rentrer dans le détail des chiffres, on peut constater que c’est un début encourageant et en affinant l’algorithme, on pourrait encore affiner le résultat, car, à ce jour, la base de données n’a que 8 ans d’anciennetés, ce qui pourrait s’améliorer avec le temps. La prédictibilité fait son entrée par la grande porte. Qu’est-ce que cela pourrait changer pour la formation ?
Commençons par les analogies avec notre exemple de la police. La formation dispose d’une base de données assez large pour développer des profils suffisamment précis. L’analyse de type Google Analytics sont déjà disponibles avec, par exemple, des outils comme Moodle pour l’éducation qui capte le temps passé sur une application, le type de connexion. Les masses de données sont omniprésente et deviennent un gisement informationnel. Amazone propose par exemple, à partir des livres qui nous plaisent des livres qui pourraient nous plaire avec des taux assez justes. Cela repose pour l’essentiel sur la création de profil déductif, à partir de notre historique on peut déduire un comportement. Il ne s’agit pas là de prédictibilité mais de profilage fonder sur de la variance covariance.
La prédictibilité selon Eric Sadin, dans son ouvrage sur la Société de l’anticipation (édition inculte) est la capacité de transformer l’information en outil de prédiction. Google a déjà expérimenté cette possibilité, il se faisait fort d’anticiper ce que veulent ses cadres avant même qu’ils ne sachent ce qu’ils le veulent. La prédiction peut permettre d’anticiper le besoin de formation avant même qu’il ne soit identifié. L’anticipation permettrait ainsi de transformer la formation en temps réel en une formation d’anticipation. Les exemples ne manquent pas. Escience news a montré qu’à partir de l’analyse des mots échangés, on peut prédire la rupture amoureuse à avenir. Il s’agit alors d’analyser ce qui est en germe et de permettre ainsi de prévoir des mises en alertes avant l’événement. Des moyens financiers sont investis pour affiner les outils pour des raisons essentiellement marketing ou sécuritaire, et cela va généraliser la démarche. La formation suivra ce mouvement, la GPEC n’est-elle pas déjà une amorce ?
Encore faut-il s’entendre sur le sens de la formation. S’agit-il de pousser un contenu, la formation comme média du savoir ? Le dataming traditionnel suffit, une formation fondée sur l’histoire ou le présent. La prédictibilité est un regard différent sur l’avenir, une virtualité en somme, l’avenir porté en germe. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que si selon Thomas Bernes, Directeur du Centre pour l’Innovation dans la Gouvernance Internationale (CIGI), les politiques sont de plus en plus construites comme des politiques à prévoir et non à construire, cela dépend du sens que l’on donne à la formation, qui rappelons-le est souvent d’abord ; une politique militante. La question de l’avenir n’est donc plus tant de prévoir les besoins de formation que de militer pour un avenir plus performant et ainsi mettre la formation au service de cette ambition… et on peut prévoir que la prévision est plus facile que le militantisme…
Stéphane DIEBOLD