Développer ses compétences en langues est une nécessité et un besoin indémodable. Depuis plusieurs années les outils technologiques proposent des solutions concurrentes et complémentaires aux formations classiques que nous connaissons tous. Mais parmi celles-ci, le blended learning ne serait-elle pas la plus efficace ?
Qu’est-ce que le blended learning ?
Le blended learning (ou formation mixte) est la mise en œuvre conjointe de formations e-learning et de formations traditionnelles avec un formateur. Les modalités sont aujourd’hui très diverses, en particulier dans le domaine des langues : en 2010, un parcours de formation efficace à la langue anglaise est un package qui combine un test d’évaluation en ligne, un cours en ligne individualisé, des classes virtuelles, des services de tutorat par email ou par téléphone, ou encore des podcasts. Et le tout est bien entendu accessible 24/24 au travers d’un portail de formation en ligne.
De même, les formateurs disposent de nouveaux outils multimédia performants mais aussi d’une plate-forme de suivi qualitatif et quantitatif de leurs apprenants. Tout comme le e-learning, le blended learning offre une flexibilité incontestable, mais c’est avant tout une méthode efficace : il permet en effet un travail individualisé de l’apprenant, une mise à jour régulière et constante des nouvelles compétences en cours d’acquisition et un suivi pédagogique permanent.
Que représente aujourd’hui le blended learning dans le secteur de la formation linguistique ?
50% des formations linguistiques en France intègrent aujourd’hui du e-learning ; et le blended learning sera bientôt au cœur de tous les dispositifs de formation pour les langues. Si l’on regarde en arrière, nous constatons que son avènement arrive après une douzaine d’années d’expérimentations et de tâtonnements. Il y a d’abord eu l’échec du tout e-learning de la fin des années 90. Des entreprises de renom du secteur profitant des progrès technologiques, avaient alors envahit le marché sans réels bénéfices pour les apprenants. Puis, dans les années 2000, marche arrière toute, l’e-learning devient un simple complément des cours traditionnels. En fait beaucoup d’écoles de langues ont alors préféré rester sur le schéma traditionnel de la formation basé sur du face à face ou du cours collectif.
Aujourd’hui, comme le souligne Andrew Wickham dans l’étude Linguaid de 2010 (www.linguaid.net), les grands donneurs d’ordre, lassés de résultats médiocres, sélectionnent de plus en plus directement leur partenaire e-learning pour les langues et l’imposent à leurs prestataires de formation linguistique. C’est par exemple le cas de Gefco en 2009 ou de Siemens France en 2010.
Pour quelles raisons le blended learning est il devenu incontournable ?
Je vois trois explications. Tout d’abord, le blended learning permet d’offrir des parcours parfaitement individualisés dont l’apprenant est le principal acteur. Pour chaque individu une solution spécifique !
Ensuite, les entreprises y trouvent leur compte : il est désormais possible de déployer des formations ludiques et efficaces sur de nombreux sites, voire sur de nombreux pays, et ce, pour des coûts parfaitement contrôlés et maîtrisés.
Enfin, c’est le choix des apprenants. L’étude Cegos sur les modalités de formation parue en 2006 montrait déjà que 60% des apprenants étaient satisfaits de leurs formations blended learning. En 2009, la même étude annonçait un chiffre de 89% ! Il y a aujourd’hui une vraie appétence pour des parcours packagés.
Quels sont les facteurs clefs d’un dispositif de formation mixte pour les langues ?
Tout d’abord, il est très important de construire le dispositif et les parcours sur un socle pédagogique lisible par tous. Le Conseil de l’Europe a défini en 2001 le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECR) qui définit 6 niveaux de maîtrise des langues en fonction des compétences communicatives. Il est aujourd’hui universellement reconnu en Europe, bien plus que le TOEIC : alors pourquoi s’en passer ?
Ensuite, il convient de faire appel à des spécialistes du e-learning et du blended learning. Vous avez alors la garantie que les formateurs savent assister, suivre et encourager les apprenants. Dans un contexte où de plus en plus de prestataires, en particulier les organismes de formation par téléphone délocalisent dans des pays à bas coûts (Philippines, Inde…), il s’agit de rester vigilant sur la qualité des formateurs. Car intervenir sur un dispositif de tutorat à distance ne s’improvise pas, une réelle connaissance des contenus en ligne et de la culture de l’apprenant sont nécessaires. Certaines écoles de langues traditionnelles l’ont bien compris et nous demandent de former systématiquement leurs formateurs.
Les prestataires e-learning disposent aussi d’une forte expertise de la gestion de projet. Nous observons ainsi l’éclosion au sein des entreprises d’un nouveau métier, celui de chef de projet « blended learning linguistique » qui crée le lien pédagogique et administratif entre les apprenants, les formateurs, les contenus e-learning, l’entreprise et éventuellement l’OPCA. Heureusement, il y a en France des filières universitaires de grande qualité, comme le Master AIGEME de la Sorbonne Nouvelle ou le Master DILIPEM de l’Université Stendhal à Grenoble, qui nous donnent accès à un vivier de jeunes gens extrêmement compétents.
Le troisième facteur clef de succès pour le déploiement d’un dispositif blended learning est la mise en place d’une campagne de communication spécifique. Non, il ne suffit pas de donner des codes d’accès aux salariés pour qu’ils apprennent. Non, il ne suffit pas d’additionner les modalités de formations pour créer des packs performants. Un projet « blended learning » doit s’accompagner de la création d’un portail en ligne expliquant le dispositif, de l’animation de webinars, de sessions de lancement des apprenants, en groupe ou par téléphone… Il est essentiel de communiquer avant, pendant et après le projet auprès de 3 cibles : les responsables ressources humaines, les managers fonctionnels et bien sur les apprenants.
Alan Nobili
Directeur Général, digital publishing SAS