Lors de notre dernier Webi café RH “Digitaliser la formation, retour d’expérience de la RATP”, nous avons donné la parole à Arnaud Lehnen, responsable des formations digitales au sein de l’Université Groupe RATP, et Cléo Ginisty Gold, experte en mobile learning chez Beedeez. En effet, le géant des transports a une approche à transformation numérique des modes d’apprentissage particulière, en voici les enseignements.
La formation digitale appliquée à des métiers de terrain
De part la nature de ses métiers, la formation RATP tient une place de choix. En effet, elle compte actuellement 13 centres de formation et 4 académies. À ces lieux s’ajoute un grand nombre d’experts pour répondre à des besoins de maîtrise d’ouvrage récurrents. Aujourd’hui, la formation digitale représente 3 % des 2 millions d’heures de formations annuelles comptabilisées. La prépondérance du présentiel dérive de la nature du secteur qui comporte beaucoup de profils spécifiques et de formations liées au secteur des transports. L’objectif du groupe est d’augmenter la part du digital learning à 10 % des heures de formations à l’horizon 2022. Par quelle stratégie ? Notamment en proposant des parcours de formation plus attractifs et dynamiques.
Comment aborder la digitalisation de la formation en présentiel ?
Selon Arnaud Lehnen, la digitalisation de la formation implique la création et production de contenus de qualité ciblés et donc le choix des bons outils de production. Pour la RATP, il était essentiel de donner la main et une voix aux concepteurs de formations et aux experts métiers afin de décentraliser la création des contenus de formation, cela pour assurer plus réactivité face aux besoins des départements.
Les premiers pas vers la formation digitale :
- Identifier les besoins et problématiques immédiats en présentiel et en distanciel
- Se projeter vers l’avenir : quelles modalités pédagogiques souhaite-t-on proposer ?
- Étudier les possibilités d’équipement des salariés. Il y a t’il une dotation ?
- Cerner les attentes des salariés. Que sont-ils prêts à faire pour accéder à un contenu qui les intéresse et leur est utile ?
Quels outils privilégier pour une formation digitale réussie ?
La stratégie de digitalisation de la formation du groupe RATP sert autour de la révision. Le digital learning intervient en complément des formations en présentiel. Les contenus sont donc pensés en de courtes notions à rappeler pour stimule l’ancrage mémoriel.
Au sein du groupe RATP, le LMS hébergé en interne et interfacé avec un logiciel SIRH permet de synchroniser les informations. Dans ce cadre, ce sont les responsables formation qui inscrivent les salariés apprenants.
En parallèle, un centre de formation en format mobile learning propose divers modules (plus de 350 publiés à ce jour) dans lesquels les salariés peuvent faire leur choix. Notons que rattacher l’outil de mobile learning au logiciel SIRH permet d’identifier chaque apprenant et de mettre en place un profilage d’apprentissage.
Les critères de choix pour un outil de formation digitale adapté :
- La facilité d’utilisation pour rendre la création de contenus en autonomie accessible à tous. Par exemple, la formule Beedeez mise en place à la RATP permet de filmer des contenus directement à partir de l’application smartphone, ajouter des textes et directement diffuser le résultat à la communauté.
- La possibilité de décentraliser de la création de contenus pour plus de réactivité. Ici, il est judicieux de simplifier la chaîne de validation des contenus, notamment à l’aide de référents dans les unités opérationnelles et éventuellement une charte éditoriale.
- Le côté ludique et engageant reposant sur la gamification (un système de badges et des challenges inter-équipes ou entre collaborateurs par exemple)
La conception d’une formation digitale s’apprend
La digitalisation de la formation au sein du groupe RATP offre un outil pour tous les salariés et accessible partout, que l’on soit au siège ou sur le terrain. La démarche vise aussi à rendre chaque département autonome dans la production de leurs propres contenus de formation. Cependant, Arnaud Lehnen rappelle que tout outil de digital learning mérite un accompagnement, ne serait-ce que sur le plan de la pédagogie propre au digital learning. Car si la formation digitale peut augmenter les modules en présentiel, elle se structure et s’articule différemment. Ainsi, la RATP a mis à disposition des formateurs une capsule dédiée à la conception d’un module de formation.
Quelles bonnes pratiques pour réussir le passage au mobile learning ?
Voici les conseils précieux de Cléo Ginisty Gold :
Bien choisir l’outil qui sera utilisé à la digitalisation de la formation. Il s’agira d’identifier les objectifs (montée en compétences, onboarding, révision, etc) et la capacité des salariés à monter à bord du dispositif.
Un chef de projet sera clé pour rythmer les efforts, vérifier la cohérence globale des contenus et un niveau de qualité satisfaisant. Celui-ci s’occupera également de coordonner les ambassadeurs, un rôle clé au sein des équipes pour évangéliser la formation digitale. Il sera également chargé d’équilibrer l’investissement en ressources humaines et la pertinence de la formation dans le temps. “Il s’agit de trouver le juste équilibre entre le temps de conception versus la mise à disposition, la masse de diffusion et pendant combien de temps,” explique Arnaud Lehnen.
Une communication ouverte et stimulante pour engager les apprenants est de mise. Dans un premier temps pour qu’ils prennent conscience de cette nouvelle solution et dans un deuxième temps pour animer la communauté sur la durée. Il sera question d’amener de la gamification et de proposer des challenges.
Ne pas oublier l’humain. “Nous avons beau être sur un outil digital, il est important d’impliquer au maximum les apprenants,” rappelle Cléo Ginisty Gold. Dans cette perspective, les ambassadeurs choisis au sein de chaque département véhiculent les avis et montrent éventuellement l’exemple en créant eux-mêmes leurs propres contenus de formation. L’idée reçue selon laquelle la digitalisation de la formation serait la fin des formateurs humains a pu être démentie. “Les formateurs se sont transformés d’eux-mêmes et ont pu voir les bénéfices de la formation à distance,” assure Arnaud Lehnen.
Mai TREBUIL