L’Institut Montaigne préconise, dans une étude, de favoriser la mobilité professionnelle des salariés pour réduire l’insatisfaction au travail, en suggérant notamment de baser leurs droits sur l’ancienneté dans la carrière et non sur celle dans l’entreprise. 25% d’entre eux n’ont jamais changé d’employeur.
Dans une étude, intitulée « Insatisfaction au travail : sortir de l’exception française » et publiée le 3 mai, le cercle de réflexion libérale relève que la France a l’un des droits du travail les plus riches et les plus complexes du monde, avec 5 151 textes (lois, règlements, décrets et accords de branche), là où la Suède en a 2 399 et la Suisse 710.
Or, indique le think tank, malgré ces textes protecteurs, les « salariés français comptent parmi les plus insatisfaits et les plus stressés ». Cela vaut pour tous les salariés, quel que soit leur âge, qu’ils soient employés en CDI ou en CDD. Pour autant, les salariés français travaillent moins fréquemment le week-end et les cadences de travail sont moins élevées que celles de leurs homologues européens.
Pour l’Institut Montaigne, cet état est notamment lié au « manque de mobilités choisies pour les salariés », l’auteur de l’étude relevant que « le fait de ne pas pouvoir changer d’environnement professionnel lorsque les relations se dégradent conduit mécaniquement à du stress et des tensions ». « Un peu plus de 25% des salariés français n’ont jamais changé d’employeur alors que cette proportion est de moins de 10% au Royaume-Uni ou dans les pays scandinaves. Il en découle un fort sentiment d’appartenance à l’entreprise, et ce quelle que soit la taille de l’entreprise ».
Des droits pour les salariés basés sur l’ancienneté dans la carrière
Aussi l’Institut Montaigne recommande de baser les droits des salariés sur l’ancienneté dans la carrière, c’est-à-dire depuis l’entrée sur le marché du travail » et pas celle dans l’entreprise, qui fait « qu’un changement d’emploi remet les compteurs à zéro ».
Financer partiellement les pertes de salaire
L’Institut propose aussi d’ouvrir les droits à l’assurance-chômage en fonction de l’ancienneté dans la carrière et non plus sur les douze derniers mois. Il propose, en outre, la création d’un mécanisme visant à inciter les salariés à partir volontairement en « finançant dans ce cas et partiellement les éventuelles pertes de salaires subies ».
Concrètement, les salariés ayant plus de cinq ans d’ancienneté et choisissant un licenciement économique pourraient recevoir un complètement de salaire s’ils retravaillent à temps plein.
Un dispositif financé par Pôle emploi
Ce dispositif ayant vocation à diminuer le chômage, serait financé via Pôle emploi et par le budget de l’Etat. A mobilité inchangée, il coûterait 200 millions d’euros, estime l’Institut. La somme atteindrait un milliard d’euros si la mobilité volontaire est multipliée par quatre ou cinq.
Une cotisation formation modulable
Dans son étude, l’Institut Montaigne souligne également que le développement des mobilités passe aussi par un renforcement de la formation. Il suggère entre autres de diminuer le montant de cotisation obligatoire quand les entreprises forment un plus grand nombre de salariés, notamment ceux qui sont les plus susceptibles de passer par la case chômage (intérimaires, précaires, moins qualifiés).
Camille Leroy