Mais quelles sont les raisons qui poussent les entreprises à externaliser certaines fonctions RH comme la formation ? Dans un peu moins de la moitié des cas, il semble que cela soit, le besoin de création de valeur ou encore l’optimisation des coûts.
Pourtant selon l’enquête réalisée par Demos*, à peine 40 % des entreprises françaises juge que l’externalisation est créatrice de valeur quand plus de 70 % des entreprises anglaises l’affirme. Un paradoxe qui ouvre le débat sur les enjeux liés à l’externalisation de la formation. Eclairage
Selon Bénédicte Bailleul, Directrice Demos Outsourcing, le Business Process Outsourcing (BPO), « c’est la délégation d’un ou plusieurs domaines d’activités, fonctions ou processus de l’Entreprise à un fournisseur extérieur et indépendant de son client qui, sur une durée pluriannuelle, en est responsable, opère et gère le fonctionnement, la performance et l’évolution des fonctions ou processus sélectionnés, en s’engageant sur un objectif de résultats mesurables et prédéfinis afin d’en optimiser les bénéfices pour le client ».
Parmi les fonctions RH les plus « outsourcées », autrement dit externalisées, par les entreprises, la gestion de la paie arrive en tête (50 %) suivie par la gestion du recrutement. La gestion de la formation n’arrive qu’à la troisième position et concerne un peu moins d’un quart des entreprises. « Généralement les entreprises qui externalisent la formation ont déjà externalisé la paie », confirme Bénédicte Bailleul.
Mais quels sont les autres facteurs déclencheurs de l’externalisation ? Selon les résultats de l’enquête publiée par Demos, les variations d’effectifs et les fluctuations de l’activité RH (35 %) sont la première cause en faveur de l’externalisation. Vient ensuite, la maturité des offres proposées sur le marché (30 %). A noter qu’en 2010, les deux facteurs ayant déclenché l’externalisation étaient à plus de 40 % liés à une décision de la DG désireuse d’optimiser le modèle économique mais aussi à plus de 30 % inhérents à des changements organisationnels dans l’entreprise. Seules 6,5 % des entreprises imputait cela à la crise.
Pour ou contre l’externalisation ?
Pour plus de deux tiers des entreprises interrogées, externaliser la fonction RH présenterait l’avantage non-négligeable de se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée en confiant celles de back-office. Plus de la moitié des entreprises considère également que cela permet de réduire les coûts tout en augmentant la productivité.
Enfin, 40 % des entreprises voit en l’externalisation la possibilité de bénéficier de conseils d’experts. Mais attention, une certaine crainte perdure quant aux difficultés à piloter le prestataire (35 %). Certains entreprises appréhendent le lien de dépendance (33 %) quand d’autres vont jusqu’à avouer une appréhension face aux coûts cachés (34 %).
« C’est un des paradoxes : les entreprises déclarent vouloir externaliser pour diminuer les coûts et ressentent en même temps une appréhension face à ces derniers. C’est typiquement dans ce cas de figure que les fonctions achats ont un rôle à jouer, car ce sont à elles de calculer le ROI », précise la Directrice de Demos Outsourcing. A noter qu’il y a peu de freins liés aux problèmes techniques et informatiques.
Externaliser quelles parties de la formation ?
En matière de formation, les entreprises françaises sont plutôt enclines à externaliser la gestion administrative mais aussi la gestion du DIF. A l’inverse, les entreprises UK semblent être favorables à l’externalisation de la construction pédagogique et du pilotage et suivi des formations. Une tendance que confirme Bénédicte Bailleul « En France les process sont beaucoup plus lourds.
C’est donc normal que les entreprises françaises cherchent à se débarrasser de l’administratif ». Mais alors sur quels critères se basent les entreprises pour choisir leur prestataire ? Dans près de la moitié des cas, le choix s’effectue au regard de l’expertise globale du prestataire sur la formation.
La compétence des équipes (42 %) ainsi que la qualité des relations (40 %) sont aussi des enjeux forts. Mais au-delà de ces critères qui varient d’une organisation à une autre, une chose est sûre : plus d’un tiers des entreprises s’accordent sur le fait qu’il est nécessaire de conserver en interne les compétences nécessaires au pilotage. En toute logique, elles sont également plus d’un tiers à être favorables à la mise en place d’instances permettant de piloter le prestataire. Externaliser ne se fait donc pas sans filet de sécurité…
Emilie Vidaud
* Réalisée sur un panel d’entreprises de plus de 250 salariés, cette enquête menée par l’EOA* France et Demos Outsourcing porte sur l’externalisation de la formation