Les espaces de coworking ont tourné au ralenti pendant le confinement et doivent aujourd’hui relancer leur activité avec de nouveaux enjeux.
Un modèle économique impacté par la crise
Alors que la crise sanitaire a été l’occasion pour de nombreuses entreprises de revoir leur organisation interne, il est un endroit qui a subi lui aussi de profonds bouleversements : l’espace de coworking. Très populaire auprès des indépendants ou des salariés qui travaillent loin des locaux de l’entreprise, cet espace collaboratif permet de rester au contact d’autres professionnels et de ne pas se retrouver en situation d’isolement comme on pourrait l’être en télétravail.
Certains coworkings connaissent des difficultés financières, à l’image de l’entreprise américaine WeWork. Pourtant ces espaces se multiplient pour permettre aux professionnels de disposer d’espaces de travail aux tarifs abordables alors que les loyers sont toujours plus coûteux et que la demande de lieux de travail flexibles ne cesse d’augmenter.
Si le concept du coworking semble promis à un bel avenir, le coronavirus a malgré tout fragilisé un modèle économique qui n’était pas encore parfaitement établi. Certains ont ainsi fermé tandis que d’autres sont encore aujourd’hui à moitié vides afin de respecter les distances de sécurité ou tout simplement parce que les travailleurs préfèrent rester chez eux.
Comme tant d’autres activités, la survie des espaces de coworking dépendra des revenus générés et donc du nombre d’adhérents. Il y a fort à parier que les gens vont éviter ces lieux dans les semaines qui vont suivre le déconfinement, d’autant plus que la distanciation sociale risque de rester en place pendant un long moment. Certains espaces ont pris les devants et placé des collaborateurs à l’entrée pour s’assurer que les quelques personnes présentes respectent les règles : distance, port du masque, regroupements limités.
Réinventer les espaces de coworking
Les espaces de coworking peuvent-ils se redresser dans le contexte actuel ? C’est fort probable car la crise a mis en évidence que le travail à distance, tout du moins hors des locaux de l’entreprise, était loin d’être incompatible avec la notion de productivité. De nombreux employés vont désormais être plus réticents à effectuer de longs trajets tous les jours mais ne voudront pas non plus travailler exclusivement à domicile. En effet, le télétravail a ses limites : isolement, espace de travail non optimisé, sources de distraction… autant d’inconvénients qu’on ne retrouve pas dans les lieux de coworking.
Aujourd’hui, l’espace de coworking se présente donc comme une véritable alternative au travail à la maison pour les salariés et plus seulement pour les indépendants ou les startups, en offrant tous les équipements nécessaires (bureaux, salles de réunion, connexion internet) mais aussi en favorisant les rencontres professionnelles. David Leclabart, directeur de l’agence de publicité Australie, a bien compris les avantages du coworking pour ses salariés : « en leur faisant économiser deux heures de transport par jour, le télétravail a changé positivement la vie des salariés. Mais les conditions de travail à domicile sont très inéquitables ». La solution trouvée est de proposer à chaque personne de l’entreprise trois lieux pour travailler : son domicile, un espace de coworking à proximité de chez elle et enfin les locaux de l’entreprise.
Le coworking pourrait ainsi être un des éléments du maillage territorial des bureaux partagés avec des entreprises louant des places dans les espaces à quelques dizaines de kilomètres des grandes villes et donc de leur siège social.
Toutefois, il restera à prendre en compte le fait que les open spaces ne pourront fonctionner comme avant et que le nombre de personnes sera limité pour des raisons sanitaires mais aussi de confort au travail. Un paramètre que les lieux de coworking doivent prendre en compte, entre la nécessité de rentabiliser l’espace dont ils disposent tout en augmentant le nombre de mètres carrés par personne.
Clément KOLODZIEJCZAK